La presse nationale internationale s'est fait l'écho récemment d'un changement soit de gouvernement soit d'un remaniement ministériel. La crise grecque, sans compter l'Europe des 27 qui a une dette totale de plus de 7000 milliards d'euros, soit plus de 9000 milliards de dollars US ,la dette des USA étant encore plus importante, la réunion de Bruxelles du 11 mai ayant déloqué un plan de sauvetage d'environ 10% de cette somme) car que représente cette somme modique de 150 milliards de dollars de réserves de change en Algérie dues aux hydrocarbures et un produit intérieur brut (PIB) de 160 milliards de dollars inclus la rente, face à une dette extérieure grecque de 300 milliards d'euros, mais inclus la dette interne des industries et des institutions publiques envers les banques privées de l´ordre de 200 milliards euro, celle des ménages de 400 milliards euro, nous aurons 900 milliards d'euros soit plus de 1100 milliards de dollars au cours du 12 mai 2010 alors que le produit intérieur brut n'est que de 290 milliards de dollars, crise qui devrait faire réfléchir les autorités algériennes, si l'on veut éviter des tensions sociales explosives horizon 2020 posant la question de la sécurité nationale, car tout est tiré en Algérie par la dépense publique qui a montré ses limites sous d'autres cieux. L'objet de cette modeste contribution est de situer les vrais problèmes qui dépassent largement un changement de femmes et d'hommes qui pourrait s'assimiler à une autre redistribution de la rente, car la crise multidimensionnelle que traverse l'Algérie est en la gouvernance et je n'ai pas attendu, les critiques souvent acerbes et souvent amplifiées tant du Medef français, The Heritage Foundation(USA) , de EFG Hermès et la dernière contribution d'un pessimisme débordant et inquiétante du Financial Times du 11 mai 2010 sur le devenir de l'économie algérienne sans issue selon ce porte parole des places financières internationales, sous le titre « By Algiers' defensive mindset risks a future of isolation » , pour alerter les autorités du pays . 1.- En effet, la nouvelle orientation économique depuis 2009 du retour au tout Etat., ce qui ne saurait signifier la fin de l'Etat régulateur stratégique en économie de marché, l'Etat propriétaire gestionnaire étant le principal investisseur par la dépense publique via les hydrocarbures, avec une corruption généralisée inégalée depuis l'indépendance politique accentuant le divorce Etat/citoyens le fondement du fonctionnement de l'économie algérienne étant la logique rentière, des liens entre bureaucratisation et extension de la sphère informelle avec des institutions et une intermédiation informelle existant des liens dialectiques entre les tenants de la rente avec des recompositions sociales à la fois contradictoires et solidaires et cette sphère tous deux mus par l'accumulation du capital argent à ne pas confondre avec l'accumulation du capital fondé sur l'investissement productif , une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère, n'existant pas une véritable politique salariale, un dépérissement tant de l'entreprise privée que publique, l'assainissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1991/2010 sans résultats probants, les infrastructures n'étant qu'un moyen, montrant une allocation financière non optimale et donc un gaspillage des ressources, se pose cette question stratégique vitale, un changement de ministres résoudra –il ces problèmes stratégiques et continuer dans la gouvernance actuelle est –elle la solution au vu de l'expérience de la crise mondiale de l'endettement par la dépense publique et surtout de l'expérience négative qui a misé sur les infrastructures si l'on veut éviter des tensions sociales explosives horizon 2020 posant la question de la sécurité nationale, car tout est tiré en Algérie par la dépense publique qui a montré ses limites sous d'autres cieux.
2.- L'endettement extérieur( restant 4 milliards de dollars pour le principal fin en avril 2010 avec un service de la dette inférieur à 1 milliard de dollars) et la dette publique intérieure (moins de 1 milliard de dollars) ont été épongés artificiellement par les recettes des hydrocarbures et non par le travail, et nous avons assisté à des taux de croissance en hausse et des taux de chômage en baisse également artificiels . Pour preuve n'existe pas de corrélation entre les dépenses publiques 200 milliards de dollars entre 2004/2009, malgré la dévaluation du dinar moins de 3% d'exportation hors hydrocarbures, montrant que le blocage est d'ordre systémique, et le taux de croissance inférieur à 3% pour cette période montrant un gaspillage des ressources rares car ces dépenses auraient du occasionner un taux de croissance supérieur à 9% comparé à des pays similaires, s'agissant d'éviter de vendre des illusions de 5/6% de taux de croissance hors hydrocarbures car plus de 80% de ces segments sont irrigués par la dépense publique via la rente des hydrocarbures ( secteur privé et public) ne restant moins de 20% d'entreprises véritables créatrices de richesses. Qu'en sera t-il des dépenses monétaires de 280 milliards de dollars, alors qu'ils étaient prévues 150 milliards entre 2010/2013 sans vision stratégique et mécanismes de régulation où la corruption risque d'être multiplié par deux ? L'avenir dépend donc d'une vision dynamique à moyen et long terme, comme non de cette vision statique suicidaire pour le pays, nous avons les recettes des hydrocarbures, on n'a besoin de personne, et en 2015/2020 on verra.
3.- En fait si la moralité et l'efficacité des femmes et hommes chargés de diriger la Cité sont importants, rien ne sert de les changer si l'on ne change pas fondamentalement le fonctionnement du système, les mêmes maux provoquant les mêmes problèmes qui avec le temps s'amplifient car le défi des gouvernants du XXIème siècle est la maitrise du temps. Fondamentalement le blocage se situe dans la gouvernance , l'Etat devant éviter de pondre chaque fois des lois que contredisent les pratiques quotidiennes, posant la problématique à la fois du rôle de l'Etat et de sa refonte sur des bases démocratiques tenant compte de son anthropologie culturelle au sein d ‘une économie de plus en plus globalisée, et de l'Etat de droit , atténuer le terrorisme bureaucratique , réformer le système financier sclérosé,( lieu de distribution de la rente des hydrocarbures), un système socio- éducatif mieux adapté aux bouleversements mondiaux et résoudre l'épineux problème du foncier . Tous ces facteurs non résolus constituent un frein essentiel à l'épanouissement de l'entreprise privée nationale, internationale et publique, devant évoluer dans un environnement concurrentiel, l'espace socio- économique de l'Algérie étant l'espace euro- méditerranéen d'où d'ailleurs l'intégration maghrébine (cette non intégration faisant perdre plusieurs points de croissance au Maghreb) et arabo-africain, l'Algérie étant liée à un Accord avec l'Europe pour une zone de libre échange et aspirant adhérer à l'OMC, ce qui avec l'actuelle politique, est une utopie.
4.- En conclusion, il s'agit d'éviter de se réfugier dans le court terme comme cette analyse statique d'être braqué sure le cours du pétrole et du gaz, du dollar et de l'euro ou de changement de ministres sans objectifs stratégiques. Il s'agit d'avoir une vision dynamique, donc d'entrevoir l'après hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux comme le font les pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Russie), du fait de l'épuisement inévitable des ressources d'hydrocarbures, qui selon la majorité des experts est de 16 ans pour le pétrole et de 25/30 ans pour le gaz( peut être moins si le gaz non conventionnel prend des parts de marché plus importants avec un prix de cession de 5/7 dollars le MBTU, étant depuis janvier 2010 à 4 dollars, l'Algérie devant vendre entre 9/13 dollars entre le GN et le GNL pour couvrir ses couts ) et tenant compte de la forte consommation intérieure. D'où l'urgence, d'un débat national, le dialogue politique, économique et social indispensable pour une bonne gouvernance, sur ce secteur propriété de toute la collectivité, dont la gestion doit être démocratisée, sur la gestion des réserves de change, autant qu'un débat national sans exclusive sur le devenir de l'économie algérienne.
*Professeur d'Université en management stratégique Expert International