, Inutile, inquiétant, insuffisant… Les critiques pleuvent aux auditions publiques d'une commission parlementaire québécoise chargée de l'examen d'un projet de loi interdisant le port du voile intégral dans les services publics, pour les fonctionnaires et les usagers. Le Premier ministre québécois, Jean Charest, pensait-il clore le lancinant débat sur les «accommodements raisonnables»» à accorder ou non en fonction de pratiques religieuses ? Il en relance plutôt un sur la laïcité… La sortie du projet de loi survient deux ans, presque jour pour jour, après celle d'un volumineux rapport sur les accommodements raisonnables, en mai 2008. Ce rapport faisait suite à une consultation populaire à grande échelle menée par le sociologue Gérard Bouchard et le philosophe Charles Taylor, qui avait parfois pris des allures de défoulement collectif. «Voilà la seule réponse que M. Charest donne aux recommandations du rapport», se désole Djemila Benhabib, Algérienne d'origine et auteure de Ma vie à contre-Coran. A la tête d'un mouvement préconisant l'adoption d'une charte de la laïcité et l'interdiction du port de tout signe religieux dans les services publics, elle organise à Montréal, jusqu'au 22 mai, un colloque international sur l'égalité et la laïcité. «La population québécoise attend depuis trois ans, soutient-elle, un vrai débat sur la laïcité et non un projet de loi qui est dangereux et pernicieux», ouvrant grand la porte, sous couvert d'interdire le voile intégral dans les services publics, au port d'autres signes religieux. Elle aurait nettement préféré une solution à la française et s'insurge contre la «laïcité ouverte» chère au Premier ministre québécois.