Loin des clivages partisans classiques, le souci de maintenir un certain équilibre dans le choix des membres de la nouvelle équipe est ce qui semble caractériser le plus la démarche du Président. La promotion accordée à Noureddine Yazid Zerhouni au poste nouvellement créé de vice-Premier ministre, peut être interprétée comme une façon d'imprimer à l'Exécutif une orientation sécuritaire, vu l'importance accrue de cet aspect dans la vie de la nation dans la conjoncture actuelle. Zerhouni semble bien capable d'assumer cette nouvelle tâche, tout en continuant sans doute aussi à avoir une certaine autorité sur le département qu'il va léguer à son bras droit, Dahou Ould Kablia. Poste honorifique ou poste-clé ? Cette nomination pourrait aider le Premier ministre dans son action, comme cela peut devenir encombrant, si les prérogatives du vice-Premier ne sont pas déterminées dès le départ, et risquent de rendre illisible toute l'action gouvernementale. D'autant qu'il s'agit de la première cohabitation du genre. Si certains commentateurs voient la désignation de Zerhouni à ce poste plutôt comme une «voie de garage», après plus de onze ans de service à la tête de l'Intérieur, marqués par des périodes de turbulence et des regains de violence, il faut attendre les prochains mois pour mieux voir les choses. Autre remaniement conséquent : la mise à l'écart du ministre de l'Energie et des mines, qui était attendu après tout le tintamarre qui a suivi le scandale de la Sonatrach, et les réactions jugées «maladroites» de Chakib Khelil, lequel aurait mal géré cette affaire, notamment au plan médiatique. D'où sans doute la désignation d'un diplomate à sa place : Youcef Youcefi. Ancien bras droit de Ali Benflis et ancien chef de cabinet du président Zeroual, le nouveau ministre de l'Energie ne peut être soupçonné d'appartenance au «clan présidentiel». Le MSP veille sur ses chasses gardées Autre changement louable : le départ de Hachemi Djaaboub est la conséquence de son échec dans la gestion de l'instabilité chronique qui caractérise le commerce à tous les niveaux ; instabilité ayant contraint le gouvernement à adopter tout récemment des mesures drastiques pour lutter notamment contre la spéculation. Mais, pour souci d'équilibre ici également, le MSP garde ce portefeuille sensible. Même cas pour le ministère de la Pêche et de l'artisanat qui reste l'apanage des islamistes, et aussi du département des Travaux publics, malgré le scandale de l'autoroute Est-Ouest… Pour le reste des portefeuilles, le maintien d'Abdelhamid Temmar (avec son nouveau poste de ministre de la Prospection et de la statistique), de Karim Djoudi aux Finances, reflète le souci du Chef de l'Etat de maintenir la dynamique d'application du programme économique, à l'orée du deuxième quinquennat. S'il y a un départ regrettable dans ce remaniement, c'est bien celui de Azeddine Mihoubi, ministre délégué à la Communication. L'homme est pourtant apprécié pour ses interventions innovantes et audacieuses, défendant crânement la liberté d'expression. Son remplacement par le directeur de l'Agence Algérie presse service dénote sans doute de cette volonté d'accorder la priorité aux médias officiels, où les défaillances sont nombreuses, que ce soit au niveau de la Télévision ou les stations de radio nationales. Sans compter les problèmes dont souffre le secteur de la presse écrite. S'agissant des remaniements partiels opérés, le jeu des chaises musicales a encore prévalu : entre notamment Ould Abbès et Barkat. On notera aussi le maintien de Mme Toumi à son poste, alors qu'elle était donnée comme partante depuis longtemps, après surtout la polémique qui a accompagné l'ouverture des festivités de «Alger capitale de la culture arabe» en 2007. Enfin, le maintien de l'inamovible Boubekeur Benbouzid à la tête de l'Education n'était une surprise pour personne ; vu surtout qu'on est à la veille des examens de fin d'année, et après une année de bras de fer avec les syndicats des enseignants.