Carl Philip von Clausewitz est issu d'une famille d'origine silésienne de la classe moyenne qui revendique, cependant, des origines nobles. Son père a reçu une commission d'officier pendant la guerre de Sept Ans mais il est démis de ses fonctions à l'issue du conflit, en raison de sa modeste extraction. Cette noblesse n'est reconnue qu'en 1827. La vie et la carrière de Carl von Clausewitz Le futur stratège militaire commence comme cadet et élève officier en 1792 au 34e régiment d'infanterie à Potsdam. Il participe aux campagnes de la première coalition en France durant les guerres révolutionnaires (1792-1794). Il reçoit son baptême du feu au siège de Mayence (1793). En 1795, il rejoint la garnison de Neuruppin où il est promu lieutenant. Il profite de la vie de garnison pour satisfaire sa curiosité intellectuelle et perfectionner ses connaissances dans de nombreux domaines. Il est admis à l'académie militaire de Berlin en octobre 1801. L'établissement est dirigé par Scharnhorst qui devient son mentor et son protecteur. Il sort en 1804 parmi les meilleurs de sa promotion. Il est nommé aide de camp du prince Auguste de Prusse. Il participe aux campagnes de 1806. Il est capturé par les Français à l'issue de la bataille d'Auerstaedt le 14 octobre 1806 et passe deux ans en captivité, en France et en Suisse. Il est libéré en 1808. Il devient l'assistant de Scharnhorst en 1809 en vue de la réorganisation de l'armée prussienne. En 1810, il est promu major, nommé professeur à l'académie militaire et devient responsable de la formation militaire du prince héritier de Prusse, le futur Guillaume Ier. Il se marie avec Marie comtesse von Brühl. En 1812, refusant la collaboration militaire avec les Français, il quitte la Prusse et rejoint l'armée impériale russe. Il laisse au prince héritier un ouvrage Des principes de la guerre. Il participe à la campagne de Russie et parvient à retourner les généraux prussiens notamment le corps d'armée du Général Yorck contre les Français. Il devient alors officier de liaison russe auprès de l'état-major de Blücher puis chef d'état-major de la légion germano-russe. En 1814, il réintègre l'armée prussienne avec le grade de colonel. Il participe à la campagne de Waterloo en tant que chef d'état-major du 3e corps d'armée prussien du général Thielmann. En 1816-1818, il est membre de l'état-major du général Gneisenau à Coblence. En 1818, il est promu major-général et est nommé directeur de l'administration de l'académie militaire de Berlin, poste qu'il occupe jusqu'en 1830. Ecarté de l'enseignement, il met ces années à profit pour se consacrer à l'étude et à la rédaction de son œuvre. En 1830, il est nommé chef d'état-major de l'armée de Gneisenau, levée pour surveiller et contenir la révolution polonaise. Il meurt le 16 novembre 1831 à Wroclaw des suites du choléra contracté sur le champ de bataille. Une référence universelle en matière stratégique Les écrits de Clausewitz sont une base majeure de la théorie stratégique moderne. Ses idées suscitent toujours des interprétations parfois contradictoires et d'ardentes discussions. Première raison, l'œuvre de Clausewitz n'était pas destinée, à l'origine, à être publiée. Son traité majeur De la Guerre (Vom Kriege) est avant tout une compilation d'écrits épars. Toutefois, cette imperfection n'empêche pas son œuvre d'être une des plus réalistes et des plus complètes en matière de stratégie. Deuxième raison, les notions qu'il aborde dépassent largement le simple domaine militaire et influencent un grand nombre de sciences humaines en particulier la science politique ou l'économie. Troisième raison, ses théories sont essentiellement descriptives. Il ne cherche pas à imposer des solutions qu'il aurait découvertes dans toutes ses campagnes, mais il donne au lecteur des instruments conceptuels et dialectiques extrêmement puissants pour saisir toute la complexité de la stratégie et pour gérer l'incertitude. C'est ce qui a permis à son ?uvre de traverser deux siècles et d'être toujours pertinente. Les controverses qui entourent son œuvre résident principalement dans l'interprétation des notions qu'il développe et dans l'importance que chacun des lecteurs a apporté à tel ou tel concept pour soutenir ses propres théories. C'est ce qui explique que tant de personnes aussi diverses que le duc de Wellington, Moltke (l'ancien), Liddell Hart, J. F. C. Fuller, Lenine, Hitler, Mao Tsé Toung, Patton, Dwight Eisenhower, Henry Kissinger, Raymond Aron, Colin Powell, René Girard etc. l'aient considéré comme une référence intellectuelle essentielle. Quelques notions tirées de ses ouvrages Il donne une définition importante de la guerre, qu'il compare à un duel : «La guerre est un acte de violence dont l'objectif est de contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté». La thèse de la guerre en tant que duel étant posée, il analyse son antithèse selon la méthode dialectique, en écrivant «La guerre n'est qu'un prolongement de la politique par d'autres moyens». La guerre totale et les guerres limitées Le centre de gravité Les points décisifs Les lignes d'opération Le brouillard de la guerre. Clausewitz regroupe sous le concept de «friction» tout ce qui s'oppose à l'action de guerre et qui fait que quelque chose de pourtant simple, n'est jamais facile à réaliser. Pour réduire cette friction, il préconise l'entraînement intensif et l'élaboration de procédures. Ses principales œuvres De la guerre, Théorie de la grande guerre De la révolution à la restauration Principes fondamentaux de stratégie militaire Sur la guerre et la conduite de la guerre La Campagne de 1796 en Italie La Campagne de 1812 en Russie Campagne de 1815 en France.