Durant ces dernières années, le gouvernement marocain a défendu l'idée de l'autonomie comme une solution de son différend territorial avec le pro-indépendantiste sur le Sahara occidental. Rabat se dit prêt à examiner un gouvernement autonome localement élu au Sahara occidental, qui aurait des pouvoirs indépendants du gouvernement central, dans le cadre de la souveraineté marocaine. Le mouvement pour l'avènement d'un Etat au Sahara occidental a, en revanche, rejeté l'autonomie. Il continue à revendiquer le droit à l'autodétermination que doit exercer la population autochtone, les Sahraouis, à travers un référendum afin de déterminer le statut final du territoire. Il y a un large consensus international, aussi bien politique que juridique, soutenant le droit à l'autodétermination dans les ex-colonies européennes. Ce consensus a été mis en œuvre, très récemment, au Timor-Est. Le Sahara occidental, tout comme le Timor-Est, était une colonie européenne jusqu'au milieu des années 1970. Par son célèbre arrêt rendu en 1975, la Cour internationale de justice a rejeté les revendications historiques marocaines sur le Sahara occidental et soutenu, au demeurant, le droit des Sahraouis à l'autodétermination. Le Consil de sécurité et le secrétaire général des Nations unies ont, tous deux réitéré leur appui pour une solution assurant l'autodétermination, qui nécessiterait un vote qui ne se limitant pas à l'option de l'indépendance, mais l'incluant. De 1988 à 1999, le Conseil de sécurité a tenté d'organiser un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Puis, en 2000, les discours ont commencé à s'écarter de l'autodétermination pour mettre en avant “une troisième voie” qui n'est ni l'indépendance ni l'intégration au Maroc. La solution de l'autonomie est devenue cette “troisième voie” et elle semblait être le meilleur compromis sur le papier. Mais quand elle s'est heurtée aux réalités du conflit, l'autonomie s'est avérée une recette pour un désastre aussi bien au niveau de la négociation que sur le terrain au Sahara occidental. Bien que les administrations Ford, Carter et Reagan aient soutenu matériellement l'invasion marocaine et l'occupation du Sahara occidental de 1975 à 1991, les administrations de Bush père et de Clinton ont maintenu la politique de main levée à l'égard du premier processus référendaire onusien (1992-1996). L'implication américaine de haut niveau a commencé en 1997 à travers l'ex-secrétaire d'Etat américain James Baker. Néanmoins, les sept années d'engagement de Baker ont été annihilées, du côté américain, par de larges considérations géopolitiques : le rôle du Maroc en tant qu'allié dans la guerre contre le terrorisme, après mai 2003. Depuis, la position du gouvernement américain vis-à-vis du conflit était de laisser les parties faire leurs propres propositions pendant qu'il encourait discrètement l'autonomie. L'impasse L'impasse au Sahara occidental trouve son origine dans la guerre qui, pendant 16 ans, a opposé le Maroc soutenu par l'Occident contre les combattants sahraouis du Front Polisario appuyés par l'Algérie. Le conflit armé a pris fin en 1991 lorsque le Conseil de sécurité a approuvé un accord sur l'organisation d'un référendum sur l'indépendance, mais uniquement avec le consentement des deux parties, particulièrement le Maroc. Plusieurs centaines d'agents de maintien de la paix des Nations unies commencèrent à contrôler le cessez-le feu, en 1991. Cinq années après, et loin d'organiser un vote, les Nations unies ont sérieusement examiné leur retrait. Puis, en 1997, I'ex-secrétaire d'Etat américain James Baker accepta le rôle de médiateur dans ce conflit. Durant ses sept années d'exercice en qualité d'envoyé personnel du SG de l'ONU au Sahara occidental, Baker était le centre de gravité du processus de paix. Il était à I'origine d'une série d'accords ayant redynamisé le processus référendaire en 1997. Toutefois, lorsqu'il était temps de tenir un référendum en 2000, le Conseil de sécurité décida que le référendum n'était plus réaliste. En coulisses, l'administration Clinton s'est également démarquée du référendum et a soutenu le nouveau régime au Maroc sous Mohammed Vl. Pour épargner le roi d'un périlleux référendum que le Conseil de sécurité a rafistolé à Timor-Est, Baker a commencé à chercher une alternative à un référendum prévoyant l'indépendance ou l'intégration. Néanmoins, en 2002, le Conseil de sécurité a déclaré qu'il examinera toute proposition tant qu'elle assurera l'autodétermination (c-a-d un référendum d'indépendance). En 2003, Baker a présenté sa proposition finale. Cette idée accordait une période transitoire d'autonomie de 4 ans avant l'organisation du référendum. Les options seraient l'autonomie, I'intégration au Maroc ou l'indépendance totale. Pour rendre cette proposition acceptable pour le Maroc, Baker a proposé que les colons et les habitants marocains pourraient participer au référendum. Avec les colons marocains plus nombreux que la population sahraouie originelle plus de 2 pour 1, il était choquant que le Maroc ait rejeté la proposition dès qu'elle fut acceptée par le Polisario. Baker a travaillé avec le Maroc pendant une année encore, mais toutes les contre-propositions marocaines ont prouvé que l'on n'était profondément pas disposé à compromettre la question la plus fondamentale : le droit à l'autodétermination. Pour George W. Bush, le rôle du Maroc dans la guerre contre le terrorisme était plus important que soutenir Baker sur le Sahara occidental. Dans le même mois, Baker démissionne. Le Maroc a obtenu le statut d'allié majeur ne faisant pas partie de l'OTAN et signé un accord de libre-échange avec Washington. Elliot Abrams, chargé des affaires du Moyen-Orient au sein du Conseil national de sécurité, est le fervent partisan à la Maison-Blanche de l'autonomie au Sahara occidental. En effet, les attentes marocaines consistant à voir les Etats-Unis soutenir une mise en œuvre unilatérale d'une autonomie s'appuient sur l'appui américain à l'urilatéralisme israélien dans les territoires palestiniens occupés. Pas mûr pour le compromis Sur le papier, I'autonomie apparaît comme une solution idéale. Toutefois, le problème est juste celui-ci : elle est idéale, non réelle. L'autonomie pourrait être viable dans une situation correspondant au dilemme du prisonnier, où la coopération mutuelle produit une somme de résultats positifs plutôt que rien à cause de la compétition. Une évaluation honnête de la situation au Sahara occidental révèle que l'esprit des deux parties demeure belliqueux, ni le Maroc ni le Polisario ne croient que la victoire totale est impossible. Au moment où il y a des aspects “nuisibles”, de l'impasse des deux côtés, la “souffrance” n'est pas suffisante pour affecter un quelconque objectif fondamental. Le contrôle marocain sur le territoire est incomplet et souffre d'une absence de légitimité internationale, mais son contrôle est suffisant pour que l'administration soit routinière et que la perspective d'un débusquement militaire apparaisse très faible. Alors que l'offre marocaine d'autonomie pourrait ressembler à un compromis, cette autonomie soumise au courant de ce mois est très en deçà de l'offre faite par James Baker en 2001 et 2003. Malgré des déclarations enflammées de soutien, certains officiels américains, français et onusiens, expriment, en aparté, leur déception face aux limites de la perception marocaine du concept des concessions. Actuellement l'appui de Rabat à l'autonomie est essentiellement rhétorique et une concession tactique pour rehausser le moral après le rejet du Plan Baker — et Baker — en 2004. Le Front Polisario, aussi, est en train d'agir comme si le temps lui était favorable et ce malgré les problèmes auxquels il est confronté. Le Polisario existe en exil, son armement se détériore, de plus des tensions sont en train d'émerger. Récemment un sondage effectué parmi des jeunes des camps de réfugiés dans le sud-ouest algérien — base populaire d'appui du Polisario — suggère une frustration croissante chez ces jeunes provoquée par les limites des camps de vie. De plus, le Polisario doit faire face à une demande croissante et constante de retour aux armes contre le Maroc. Ces tensions peuvent très bien marquer le prochain congrès tri-annuel. Pendant ce temps, le nationalisme s'est plutôt amplifié dans le Sahara occidental ces dernières années. S'étant accru à travers un militantisme, le mouvement indépendantiste du Sahara occidental a donné naissance à sa propre Intifadha, un mouvement décentralisé de protestation antimarocaine conduit par des jeunes dans la région occupée. Les Héros sahraouis de cette lutte sont des anciens prisonniers politiques qui sont devenus des nationalistes effrontés. Plusieurs Sahraouis vivant sous le règne de l'administration marocaine n'ont plus peur d'exprimer leur opinion quant à l'occupation marocaine, à cause de laquelle ils ont été régulièrement battus et emprisonnés. Le drapeau sahraoui, invisible autrefois, est actuellement un symbole de la résistance sahraouie. En outre, I'appui du gouvernement algérien à l'indépendance du Sahara occidental se situe presque à des niveaux sans précédent. Etant dans une situation de post-conflit, I'Algérie est en train de gagner en stature internationale et en termes de pouvoir régional, alimentée en cela par ses ventes en croissance d'hydrocarbures. Le Polisario est de plus en plus confiant qu'il est appuyé par une puissance hégémonique émergente en Afrique du Nord. De plus, le Polisario a interprété l'offre d'autonomie faite par le Maroc, non pas comme un signe de paix mais plutôt comme une gesticulation désespérée d'un occupant qui perd progressivement son emprise. Le défi des négociations Le Sahara occidental est en train de faire face à une longue guerre d'usure diplomatique. En fait, le processus de paix s'est détérioré de manière significative durant les deux dernières années. Des négociations où même l'admission de l'existence d'une initiative de premier ordre constituerait à ce stade une percée. Aucune partie n'a envie de discuter, même dans une situation de secret et qui ne suppose aucun engagement. Les attitudes fondamentales des parties reflètent the “Foucault's inversion of Clausewitz” : Les deux voient la politique comme une guerre utilisant d'autres moyens. L'impasse actuelle des négociations implique une réticence à perdre la face en vue de gagner à travers le compromis. Le Polisario veut que le Maroc accepte les principes du Plan Baker de 2003 — incluant un référendum sur l'indépendance — avant le commencement des négociations. Le Maroc réclame une entrée en négociations sans conditions préalables, étant entendu que Rabat ne discutera ni du référendum ni de l'indépendance. Donc, du point de vue du Polisario, les négociations avec le Maroc sans conditions préalables comportent implicitement une condition préalable : le Polisario doit enlever de la table de négociations le référendum. Selon l'histoire et les réalités du terrain et selon la disponibilité de chacun de faire des concessions — le simple fait de commencer est nul. Ce qui sous-tend la réflexion actuelle aux Nations unies sur le Sahara occidental c'est de pousser le Polisario à abandonner le vote sur l'indépendance. Ceci est techniquement impossible dans le cadre du Droit international, puisque c'est uniquement les Sahraouis (Western Saharans) qui, à travers le référendum, doivent abandonner leur droit à l'autodétermination. Cependant l'ex-secrétaire des Nations unies général Koffi Annan a toujours eu de l'audace pour considérer que le droit à l'autodétermination est une prérogative du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans son dernier rapport sur le Sahara occidental en octobre 2006, il a averti que “le Polisario pourrait être conseillé d'entrer en négociation maintenant, pendant qu'il existe encore un consensus au sein du Conseil de sécurité qu'une solution politique négociée assurant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”. Mais le Polisario n'est pas d'humeur ni n'a la volonté de faire d'autres concessions. Le mouvement indépendantiste du Sahara occidental a déjà donné son accord au référendum sous le Plan Baker 2003 qui sera dominé par les colonisateurs marocains. En réalité, le Polisario a fait toutes les concessions majeures dans le cadre du processus de paix : des critères d'inscription des votants au titre du référendum à l'acceptation de vivre sous le règne de l'autonomie marocaine pendant quatre ans avant le référendum. Les responsables du mouvement indépendantiste tiennent raisonnablement |'argument selon lequel ils ne sont plus en mesure de faire d'autres concessions. Tout ce qui reste pour le compromis c'est le pilier fondamental du Polisario : le droit à un vote pour l'indépendance. Abandonner l'autodétermination enlèvera toute légitimité au Polisario aux yeux de ses constituants et de son soutien international. Si le compromis n'est pas voulu par le Maroc et le Polisario, l'option de l'autonomie ne peut pas former une base. La négociation de l'autonomie requiert également des pourparlers secrets afin que personne ne perde la face. En outre, le problème est que le leadership du Polisario n'est ni désireux ni en mesure d'entrer dans de telles négociations. Tout arrangement en coulisses en faveur de l'autonomie ne recevra pas le soutien des nationalistes du Sahara occidental, spécialement ceux des camps. La plupart des nationalistes sahraouis continuent de penser que le plan Baker de 2003 était un dangereux compromis, dont ils ont réchappé suite à la marche arrière du Maroc. Toutefois, de nombreux nationalistes jurent que le plan Baker était le dernier et l'ultime compromis. S'il constitue les limites des concessions du Polisario, cela signifie qu'il y a peu d'espoir pour I'autonomie. La mise en œuvre Les défis posés par l'autonomie, ce n'est pas tant d'aller aux négociations. Les deux parties ont également quelques raisons de se préoccuper à propos de la mise en œuvre, qui devrait s'ensuivre. Les forces militaires et les organes de sécurité marocains ainsi que le nombre de colons marocains doivent être réduits afin de créer un environnement sécurisé qui permette le retour des réfugiés sahraouis. Pour que l'option de l'autonomie fonctionne, il faut que le Sahara occidental cesse d'être marocain et redevienne sahraoui, à la fois en termes de majorité de ses citoyens que des éléments visibles de la sécurité régionale. Cependant, dans n'importe quel schéma d'autonomie, Rabat aura constamment peur que les séparatistes bougent, ce qui nécessite une présence militaire importante pour garantir son “intégrité territoriale”. Il sera difficile sinon impossible de trouver un équilibre, tant que cette question n'est pas résolue. Toutefois, la vraie question, est de savoir si oui ou non la communauté internationale, singulièrement le Conseil de sécurité, est prête à investir dans ce genre de projet d'instauration d'une paix multinationale tel que l'accord sur l'autonomie voudrait le garantir. Personne n'est en train d'évoquer la manière de faire travailler ensemble le Maroc et le Polisario après 30 ans de méfiance mutuelle. En conséquence, il y a des aspects coercitifs pour la mise en œuvre de l'autonomie : une force internationale devra être déployée pour le maintien de la paix au cas où les séparatistes sahraouis organiseraient une insurrection et que les colons marocains forment des pelotons de la mort. Ainsi, la mise en œuvre de l'autonomie comporte encore beaucoup d'éléments de négociation non définitifs ou exigera une réelle menace — si cela n'était pas encore retenu — de recours à la force par la communauté internationale. Pour que l'autonomie fonctionne au Sahara occidental, il doit y avoir la conjonction d'une triple bonne volonté qui a été historiquement absente : la bonne volonté du Maroc, celle du Polisario et celle du Conseil de sécurité. En 2003, Baker avait demandé au Conseil de sécurité d'endosser sa proposition pour qu'il puisse faire tourner quelques armes et faire usage de la force. Mais, il eut de faibles appuis après que le Maroc s'en fut protester directement auprès de la France et des Etats-Unis. Le Conseil de sécurité pourra-t-il soudainement recourir à l'usage de la coercition pour soutenir l'autonomie au Sahara occidental ? Si oui, une question nous taraudera : pourquoi rejeter l'autodétermination au motif qu'elle requiert une force quand l'autonomie exigera de même ? Après tout, I'autonomie est la solution lointaine et la plus compliquée à mettre en œuvre que celle de l'indépendance du Sahara occidental. Les options de Washington Le problème du Sahara occidental n'est pas tant son annexion par le Maroc, mais un fait accompli, qui est une des hypothèses dominantes suscitant les appels à l'autonomie. Au contraire, la réalité déterminante est que le nationalisme au Sahara occidental est croissant, non décroissant. Trente années d'exil (pour les réfugiés saharouis à Tindouf) et la marginalisation socioéconomique (pour les Sahraouis sous administration marocaine) ont renforcé leur détermination, ils ne l'ont pas attenuée. Dans les rues du Sahara occidental, une dialectique ascendante de violence est visible jour après jour. La protestation rencontre la répression qui, à son tour, rencontre une contre-protestation qui, à son tour, rencontre les représailles de la police dans un cycle interminable. Pour combien de temps encore les dirigeants du Polisario pourront justifier à leur population, sans perdre toute crédibilité, le maintien d'un cessez-le-feu qui est considéré maintenant inutile par de nombreux nationalistes ? Tôt ou tard, la communauté internationale aura à faire face à ce fait, sinon elle sera forcée à le faire. Nous pouvons soit intervenir d'une manière réaliste, soit nous feignons d'ignorer et laisser d'autres obscurs conflits africains dégénérer devant nos yeux. Les politiques de la moins mauvaise option au Sahara occidental ne fonctionnent plus. Le temps est venu pour une nouvelle approche. Le Conseil de sécurité doit confronter l'occupation marocaine du Sahara occidental et la ramener à une issue légale et pratique en usant des armes non violentes à sa disposition. Il existe un seul espoir pour une résolution pacifique et juste du conflit du Sahara occidental. Les Etats déterminants, comme le gouvernement américain doivent renforcer leur soutien rhétorique de l'autodétermination par une action significative. La pression internationale doit s'accentuer sur le Maroc pour permettre et respecter une expression internationalement organisée de l'autodétermination pour les populations natives du Sahara occidental. Comme le Maroc est très sensible à son image internationale, la seule arme requise est l'arme de la honte. Quoique, au même moment, la stabilité intérieure et la réforme du Maroc devraient être effectivement soutenues. Par conséquent, le gouvernement américain devrait adopter une approche à deux variantes dans ses relations avec le Maroc : d'une part, soutenir l'autodétermination du Sahara occidental et, d'autre part, soutenir la stabilité et la réforme du Maroc. En d'autres termes, Washington devrait réaffirmer son soutien aux initiatives américaines tendant à soutenir la stabilité marocaine et le processus de démocratisation intérieure. Mais le Congrès devrait simultanément pousser la Maison-Blanche à soutenir l'autodétermination au Sahara occidental. Cependant, rien de cela ne sera possible sans volonté politique. Les organisations internationales de base, les organisations religieuses et communautaires, devront créer une plus grande prise de conscience de ce problème aux Etats-Unis. Une telle pression a aidé à atteindre une fin pacifique à l'apartheid en Afrique du Sud et a été décisive pour mettre fin à l'occupation du Timor de l'Est par l'lndonésie. Jacob Mundy (*) Fondateur de l'organisation Friends of Western Sahara (Les Amis du Sahara occidental)