La Banque centrale européenne a maintenu ses taux d'intérêt à un point bas record jeudi et prolongé ses mesures de soutien à la liquidité dans un contexte de fragilité de la reprise économique en général et de certaines banques en particulier. La reprise, a déclaré le président de la BCE Jean-Claude Trichet lors de la conférence de presse qui a suivi la décision du statu quo monétaire, se fera à un "rythme modéré" et pour l'instant, c'est encore l'incertitude qui prévaut. "Nous devons rester prudents. Nous ne crions pas victoire", a déclaré le président de la BCE tout en soulignant que la BCE n'avait pas prévu un scénario de rechute en récession. Ses services ont d'ailleurs relevé à la hausse la fourchette de leurs prévisions de croissance pour 2010 et 2011. Le BCE a ainsi confirmé son engagement de fournir des financements illimités à une semaine et à un mois au moins jusqu'au 18 janvier, maintenant ainsi l'offre de liquidité jusqu'à la période de fin d'année qui est généralement tendue, ce qui devrait maintenir les taux d'intérêt du marché à un niveau bas. La banque centrale des 16 pays de la zone euro offrira aussi des fonds illimités lors de ses appels d'offres à trois mois au moins jusqu'à la fin de l'année. Le coût ne sera pas à taux fixe mais indexé sur le taux de la BCE. Jean-Claude Trichet a démenti que cela soit le signal d'un changement imminent du niveau des taux directeurs. "Il n'y a absolument aucun signal de politique monétaire dans cette décision technique. Je suis absolument clair: le conseil des gouverneurs n'a pas l'intention de signaler le moindre changement dans le niveau des taux d'intérêt actuel." En général, les économistes n'attendent pas de relèvement du coût du crédit avant le quatrième trimestre 2011. Notons qu'un responsable de la BCE a estimé hier qu'il existe un risque de "dépendance durable" de certaines banques de la zone euro au dispositif exceptionnel de soutien de la Banque centrale européenne (. "Il existe un danger à ce que le soutien fourni au système financier en période critique se transforme en une dépendance durable des banques" aux opérations de prêts de la BCE, a estimé José Manuel Gonzalez-Paramo, l'un des membres de son directoire, selon le texte d'un discours prononcé à Chypre. Jeudi, le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de prolonger au moins jusqu'en janvier ses mesures exceptionnelles anti-crise, comme des prêts de liquidités aux banques à taux fixe et à volume illimité. Cela pourrait "émousser les incitations à un changement structurel dans le secteur financier" et "accroître les risques financiers et de bilan" de la BCE elle-même, a ajouté M. Gonzalez-Paramo. Les banques qui empruntent à la BCE déposent en effet des actifs auprès d'elle en garantie, appelés "collatéraux". Depuis la crise financière la BCE s'est montrée moins regardante sur la qualité de ces actifs, afin de ne pas bloquer l'accès à ses opérations aux banques dans le besoin.