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La virtuelle bombe iranienne et la réelle bombe israélienne (I)
Le deux poids, deux mesures des Etats-Unis
Publié dans La Nouvelle République le 20 - 06 - 2010

Une fois de plus, l'opinion publique arabe et musulmane ainsi que tous les observateurs inquiets des conséquences incalculables de l'escalade diplomatique américaine face à l'Iran sont envahis par des sentiments de déception, d'amertume et de révolte impuissante. Ces sentiments trouvent en partie leur explication dans le fait que la diplomatie américaine semble appliquer une «politique de deux poids, deux mesures» dans le dossier du nucléaire iranien. Comment justifier, en effet, cette intransigeance à l'égard d'un programme qu'on suppose ayant des virtualités militaires dans le futur alors qu'on ferme les yeux sur les capacités nucléaires militaires, bien réelles celles-là, de l'Etat hébreu ?
L'argument ressassé suivant lequel une bombe nucléaire serait plus dangereuse entre les mains d'un régime dictatorial que si elle était en possession d'un régime démocratique ne tient pas la route. Historiquement, il est bien connu que la seule fois où une bombe atomique a été utilisée dans un conflit armé, c'était bien de la part d'une démocratie — en l'occurrence les Etats-Unis contre le Japon à Hiroshima et Nagasaki — et non de la part d'un Etat totalitaire. C'est dire que les critères qui entrent en ligne de compte dans la décision de recourir à l'emploi de la force ultime ne sauraient dépendre d'un seul paramètre, a fortiori idéologique. Par ailleurs, l'intransigeance américaine sur le dossier iranien ne contraste pas seulement avec la complaisance avérée à l'égard d'Israël. Elle contraste également avec la ligne de conduite, plus modérée, suivie dans le dossier nucléaire nord-coréen. Ces éléments amènent logiquement à reconsidérer la question sous un autre angle.
Une lecture attentive du nouveau projet de sanctions proposé par les Etats-Unis contre l'Iran pourrait nous aider à voir plus clair.
Dans ce projet, on peut distinguer deux grands volets. Le premier se rapporte à tout ce qui a trait au commerce de l'uranium et des matières entrant dans sa manipulation et son enrichissement. Le second se rapporte à la vente de huit types d'armement «lourd». Si l'on veut interdire l'enrichissement de l'uranium à des fins militaires comme on le prétend, le premier volet semble logique et approprié. Si la diplomatie américaine s'était contentée de ce volet, elle aurait été sans doute plus persuasive. Mais comment expliquer la présence du second volet de sanctions ? Dans les huit types d'armement «lourd» visés par le projet de sanctions, on retrouve les chars, les véhicules blindés de transport de troupes, les avions de combat, les hélicoptères d'attaque, les pièces d'artillerie, les systèmes de défense aérienne et, bien entendu, les missiles (antichars et antinavires).
A regarder de près la liste des matériels interdits, on ne peut que conclure à la volonté américaine de neutraliser le potentiel de défense conventionnel iranien, et ce au mépris des règles de droit international. En effet, s'il venait à être appliqué, ce système de sanctions constituerait un précédent dangereux dans les relations internationales : un pays se trouve amputé de ses capacités de défense nationale conventionnelles alors qu'il ne s'est pas rendu coupable de violation de la charte des Nations unies en agressant, par exemple, un Etat voisin souverain.
Que veut réellement l'Amérique ?
Ce décalage flagrant entre l'objectif affiché par la diplomatie américaine, à savoir prévenir la fabrication d'une bombe nucléaire iranienne, et l'objectif réel des sanctions planifiées qui est de désarmer pratiquement l'Iran ne pourrait s'expliquer que par la volonté de prévenir définitivement toute «capacité de nuisance» iranienne dans la région. Il faut entendre par cela toute capacité iranienne à intervenir dans la restructuration géopolitique de la région du Moyen Orient. Plus précisément, le désarmement de l'Iran — ou du moins son affaiblissement militaire — permet à l'administration américaine d'atteindre deux objectifs.
A court terme, il s'agit de rassurer l'allié israélien sur le bien-fondé de la politique américaine dans la gestion du dossier iranien.
L'opposition américaine à une éventuelle frappe préventive israélienne contre les sites nucléaires iraniens ne cache aucune complaisance mais traduit seulement une différence d'appréciation quant à la meilleure stratégie à suivre pour assurer le triomphe de la pax americana dans la région. Ce n'est pas un hasard si Washington a choisi la voie de l'escalade diplomatique en ce moment précis. Il s'agit d'envoyer un signal amical fort à son allié israélien pour garantir un maximum de chances au processus de négociations indirectes israélo-palestiniennes qui vient de s'ouvrir sous les auspices de George Mitchell.
A moyen terme, l'escalade diplomatique américaine s'inscrit dans une nouvelle stratégie fondée sur une tentative de prendre en compte plusieurs éléments qui ne sont pas nécessairement convergents :
1) tout en reconnaissant la nécessité d'associer d'autres acteurs internationaux et régionaux à la gestion de la région vitale du Moyen Orient, les Etats-Unis considèrent que la défense de leurs intérêts stratégiques passe par la préservation de leur leadership dans cette région ; or, c'est cette «exigence» que l'Iran défie par sa politique actuelle ;
2) même si des divergences claires sont apparues récemment avec le gouvernement de Netanyahu dont l'intransigeance sur les dossiers palestiniens en suspens risque de torpiller les efforts de Washington en vue d'asseoir une pax americana dans la région, les Etats-Unis ne sont pas prêts à abandonner leur alliance «spéciale» avec Israël contrairement aux lectures hâtives faites par certains observateurs à propos des nouvelles orientations de l'administration Obama.
Cette alliance «spéciale» ne saurait s'accommoder d'un Iran qui pourrait disputer à Israël le leadership militaire dans la région ;
3) paradoxalement, l'escalade diplomatique américaine à l'égard de Téhéran pourrait présager un plus grand volontarisme américain dans le dossier palestinien mais, malheureusement, dans l'état présent des rapports de force dans la région et dans l'état actuel de division des rangs arabes et palestiniens, rien n'indique que la cause palestinienne pourra en sortir renforcée ;
4) tactiquement, l'affaiblissement militaire, au moins momentané, de l'Iran et l'interdiction de son accession au statut de puissance nucléaire permet aux Américains de regagner la confiance, perdue partiellement, de leurs alliés arabes du Golfe qui craignent, à tort ou à raison, la montée en puissance de l'Iran ;
5) stratégiquement, l'affaiblissement militaire de l'Iran a pour objectif inavoué de préparer le terrain à une «meilleure» négociation et à une «meilleure» solution de la question palestinienne — il faut
entendre par là une solution qui bafoue les droits fondamentaux du peuple palestinien et qui assure une division régionale du travail favorable à la domination israélo-américaine — dans la mesure où cet affaiblissement aura nécessairement des répercussions sur les alliés régionaux de l'Iran : la Syrie, le Hezbollah et le Hamas. Pour atteindre leur objectif stratégique, les Américains n'iront pas nécessairement jusqu'au clash définitif avec l'Iran. En durcissant leur politique à son égard, ils espèrent encore le persuader de son intérêt à entrer dans le nouveau système régional proposé par Washington ;
6) en réussissant jusque-là à entraîner dans leur escalade diplomatique non seulement leurs alliés occidentaux mais aussi Moscou et Pékin, les Etats-Unis réalisent en même temps un double résultat : d'une part, ils isolent l'Iran et, d'autre part, ils interdisent aux Russes et aux Chinois la possibilité de jouer contre eux la carte iranienne dans le futur proche. Bien entendu, si les Russes et les Chinois ont laissé tomber cette carte iranienne c'est sans doute dans certaines limites et en contrepartie d'avantages substantiels dans d'autres domaines;
7) en choisissant de ne donner aucune chance à l'accord irano-turco-brésilien, les Etats-Unis ont sans doute asséné un coup au crédit diplomatique de Brasilia et d'Ankara, mais cela ne veut pas dire qu'ils s'interdiront à l'avenir d'utiliser ces deux cartes, surtout la carte turque, en vue de diminuer le rôle de leurs rivaux européen, russe et chinois dans le projet de reconfiguration géopolitique de la région du Moyen-Orient.
(A suivre)


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