Le dossier ArcelorMittal El-Hadjar n'en finit pas de rebondir. Le débat qui agite ces derniers jours le monde du syndicalisme à Annaba serait intéressant à suivre si partisans et détracteurs ne s'y affrontaient sur le mode de l'invective. Le nouveau feuilleton ArcelorMittal survient en pleine confusion. Profitant de l'arrivée d'une grosse pointure du groupe franco-indien ArcelorMittal, Smaïn Kouadria, le secrétaire général du conseil syndical, ravive, tel un feu mal éteint, les revendications des 5 700 salariés émises en janvier 2010 et réitérées le 10 juin. Ce qui n'est pas de l'avis de Menadi Aïssa, son prédécesseur, qui sombre dans de dangereux amalgames. D'autant qu'on en est arrivés jusqu'à se poser la question si un jour ou l'autre, Aïssa Menadi, député, et Sidi-Saïd Abdelmadjid, patron de la centrale syndicale UGTA, seraient convoqués par la justice. Directement ou indirectement, ils sont impliqués dans les dossiers noirs que se préparent à livrer à l'opinion publique Smaïn Kouadria. Il en a déjà parlé. Selon lui, un de ces dossiers portent sur le détournement de plus de 40 millions de dollars et des centaines de millions de dinars depuis l'avènement de la société franco-indienne. Apparemment, le combat que mènent les syndicalistes d'ArcelorMittal El-Hadjar pour la défense des droits des travailleurs gène beaucoup de monde, y compris les gens du pouvoir.. Tapis dans les coulisses, les animateurs de la mafia multiplient les actions de déstabilisation à l'encontre du syndicat de l'entreprise. Ils ont des alliés assez puissants pour ordonner à Sidi-Saïd Abdelmadjid d'imposer par écrit, le 24 juin dernier, l'arrêt de la grève générale illimitée des sidérurgistes et d'interdire tout mouvement de revendication. Leur deuxième action consiste à salir l'intégrité morale des représentants des travailleurs. Smaïn Kouadria en est la première victime. Des graffitis portant atteinte à sa dignité de père de famille et à son nationalisme sont apparus ces derniers quarante-huit heures sur les murs des principales artères du chef-lieu de wilaya. L'intéressé a déposé plainte contre X. Les auteurs sont à chercher dans le milieu local de la mafia des déchets ferreux, des syndicalistes véreux anciens et nouveaux, et parmi les opposants à l'application de la convention de branches. Ces graffitis interviennent à un moment très important de la lutte que mènent les syndicalistes d'El-Hadjar. Il y a d'abord cette grève générale illimitée que les travailleurs ont décidé de poursuivre sous une autre forme et sans l'avis de leurs représentants. Une grève perlée en quelque sorte qui permet aux salariés d'être présents à leur poste sans être productifs. Depuis le 24 juin, date de la reprise du travail, les machines de production de l'acier dont le poussif HF N°2 tournent à plein régime certes, mais presque dans le vide. Plus de 5 000 employés et cadres de maîtrise affirment ne plus avoir le cœur à l'ouvrage tant que le secrétaire général du syndicat démissionnaire ne reviendrait pas à son poste et que leurs revendications restent insatisfaites. Il y a ensuite ces dossiers noirs que se prépare à révéler Smaïn Kouadria. Ils impliquent bon nombre de décideurs du haut lieu comme du local. Aïssa Menadi serait en tête de liste. Celui-là même qui, oubliant les grèves qu'il avait déclenchées début 2000 (cf. différents titres de presse) pour s'opposer à l'arrivée de l'indien Ispat devenu Arcelor, affirme aujourd'hui le contraire. En fait, cet ancien syndicaliste déchu, député, président d'un groupe d'entreprises familiales activant au complexe sidérurgique, également président du club sportif l'USM Annaba, est très perturbé par les dossiers noirs détenus par son ancien collaborateur syndical, à l'exemple de ceux liés à la mafia de déchets ferreux, les faux marchés à l'importation, vrais fournisseurs et fausses factures, abus de biens sociaux, prébendes, fraudes fiscales, blanchiment… Un imbroglio qu'il sera difficile à De la Rubiéra Anoro José Enrique, président du Holding Long Carbone, d'éviter. D'autant que la visite de travail que ce responsable effectuera durant 3 jours à compter du 7 juillet prochain au complexe El-Hadjar aura deux objectifs. Le premier : faire le point de la situation à la lumière des derniers événements vécus à ArcelorMittal El-Hadjar. Le second : présenter et faire signer aux deux partenaires, la direction générale et le conseil syndical, la nouvelle feuille de route. Pour l'envoyé spécial du Luxembourg, il s'agirait de présenter une approche plus claire du big boss du groupe franco indien leader mondial de la sidérurgie. Selon M. Kouadria, le syndicat sera sollicité pour une démarche socioéconomique prenant en considération la nécessaire amélioration de la situation socioprofessionnelle des travailleurs.