Les résultats des travaux de Lilienthal seront analysés par les frères Wilbur et Orville Wright qui, aux Etats-Unis, réunissent, avec l'aide de l'ingénieur français Octave Chanute, une solide documentation. Le vol des frères Wright L'étude de celle-ci conduit les frères Wright à aborder, par l'apprentissage du pilotage, la relation complexe qui existe entre stabilité et man?uvrabilité du vol. A partir de 1900, ils mènent à bien plusieurs milliers de vols sur différents planeurs avant de construire, à la fin de 1902, un moteur à essence dont ils équipent l'appareil synthétisant leurs recherches, le Flyer. Le 17 décembre 1903, sur la plage de Kitty Hawk, près de Norfolk en Caroline du Nord, ils réalisent devant quelques témoins quatre vols d'une durée comprise entre 12 et 59 secondes et, le 15 septembre 1904, réussissent le premier virage ; c'est le début du pilotage. Une course aux records Dès lors une véritable compétition s'engage : le capitaine Ferdinand Ferber effectue en 1905 le premier vol piloté dans le ciel européen ; le 12 novembre 1906, à Bagatelle, Alberto Santos-Dumont parcourt 220 m et reçoit de l'Aéro-Club de France le prix du premier vol de plus de 100 m officiellement contrôlé. En 1909, un véritable exploit est réalisé par Louis Blériot qui traverse, le 25 juillet, la Manche en 32 min sur son Blériot XI, gagnant ainsi le prix de 1 000 livres offert par le Daily Mail. En 1910, son collaborateur Alfred Leblanc vole à plus de 100 km/h. Le 23 septembre 1913, Roland Garros traverse la Méditerranée sur un monoplan Morane-Saulnier et, le 29 septembre suivant, Maurice Prévost dépasse les 200 km/h sur un monoplan Deperdussin. La même année, Adolphe Pégoud réalise le premier looping : à l'approche de la Première Guerre mondiale, les nouveaux appareils sont suffisamment robustes pour permettre l'acrobatie aérienne. La naissance d'une industrie En France, l'industrie aéronautique prend naissance à partir de 1907 avec les ateliers des frères Voisin. À cette époque, il n'est guère possible de différencier pilotes, constructeurs de moteurs et constructeurs d'avions ; inventeurs et constructeurs sont aussi leurs propres pilotes d'essais. En 1914 cette industrie est représentée par une vingtaine de constructeurs, parmi lesquels Blériot, Henri et Maurice Farman, les frères Gaston et René Caudron, Louis Breguet, Léon Morane. La Première Guerre mondiale dope l'industrie aéronautique La Première Guerre mondiale met en évidence l'efficacité des avions et les performances des pilotes. Elle révèle aussi le potentiel de production des constructeurs et contribue au développement de l'industrie aéronautique. En France, celle-ci, qui n'emploie que 2 000 ouvriers en août 1914, voit ses effectifs portés à 168 000 en novembre 1918. Les cadences de production passent de 62 avions construits en septembre 1914 à 629 produits par mois en 1918. Durant ces quatre années de guerre, plusieurs dizaines de milliers d'avions militaires sortent des usines françaises (près de 200 000 dans l'ensemble des pays belligérants). L'industrie aéronautique est née. En France, pays qui détient alors le premier rang mondial, constructeurs, ouvriers, mais aussi pilotes, vont concentrer leurs efforts pour éviter sa disparition, une fois la guerre finie. Le ralentissement des années 1930 Au début des années 1920, un peu plus de 5 000 ouvriers et techniciens travaillent dans l'aéronautique. Ils sont 20 000 en 1930 et 34 000 environ en 1936. Les conflits sociaux qui accompagnent la victoire du Front populaire en 1936, l'absence de volonté politique dans la préparation générale de la guerre, mais aussi, d'un point de vue technique, une politique trop systématique de prototypes, portent des coups à l'industrie aéronautique française. En 1940, la France se trouve en situation d'infériorité aérienne alors qu'elle a été le berceau de l'industrie aéronautique. De nombreux avions, parmi les plus modernes, ne seront livrés qu'après la défaite de 1940, et qui plus est aux vainqueurs! L'exploitation commerciale de l'avion Les constructeurs sont également à l'origine de la plupart des compagnies aériennes. À partir de 1919, ils s'appliquent à transformer les avions de guerre en appareils civils. C'est ainsi que des bombardiers, tels le De Havilland DH4 et le Vickers Vimy britanniques ou le Breguet XIV français, permettent la création des premières lignes aériennes permanentes. Mais les impératifs économiques de l'aviation commerciale s'accommodent mal de ces appareils, et les constructeurs se penchent sur le nouveau marché des avions de transport. À l'amélioration des performances mécaniques et aérodynamiques s'ajoute désormais la nécessité de construire des avions plus fiables, plus confortables et surtout plus grands. Les premières compagnies aériennes Elles sont créées à partir de 1919 : Deutsche Luft Reederei et Lufthansa en Allemagne, BAT en Grande-Bretagne, KLM aux Pays-Bas, Sabena en Belgique, Pan American Airways aux Etats-Unis, Messageries aériennes, Franco-Roumaine et Lignes Latécoère en France. Les premières lignes régionales françaises, Biarritz-Bordeaux, Nîmes-Nice, sont ouvertes en 1919. La première ligne internationale de transport de passagers, Paris-Londres, est inaugurée la même année sur un biplan Farman. C'est de ce service que naît, en 1933, la compagnie Air France. Constituée par la fusion de cinq grandes compagnies, celle-ci disposait d'une flotte de 260 appareils de 28 types différents sillonnant un réseau de 38'000 km. En 1924, la KLM inaugure la ligne la plus longue, Amsterdam-Batavia (Indes orientales), soit 13 740 km, desservie en douze jours par un Fokker trimoteur. À partir de 1930 commence l'exploitation des lignes transocéaniques : d'abord pour l'acheminement du courrier sur l'Atlantique Sud, puis sur l'Atlantique Nord et le Pacifique. L'avion est désormais capable de remplacer le dirigeable pour le transport des passagers, et l'accident du dirigeable allemand Hindenburg, survenu en 1937, ne fait que précipiter la fin du «plus léger que l'air». Le 28 juin 1939 a lieu le premier vol transatlantique avec passagers : un hydravion quadrimoteur Boeing 314 relie Port Washington à Marseille. La quasi-totalité du réseau aérien mondial est tissé, franchissant tous les océans, reliant entre eux les cinq continents et les deux pôles. (A suivre)