Hadrien souhaite réorganiser l'Empire. Pour cela, il sillonne pendant plus de 10 ans les provinces de l'Empire. Il se comporte en despote éclairé et gouverne de manière autoritaire. Il retire au Sénat le contrôle de l'Italie. Il accélère le processus d'intégration des provinces à l'Empire. Il intègre le statut de municipe romain aux cités. Les habitants des cités accèdent ainsi à la citoyenneté romaine. Un empereur voyageur et constructeur Lors d'un voyage en Gaule, il visite Lyon, vers 121-122. Il y fait construire un nouvel aqueduc et restaure le théâtre et l'amphithéâtre. Il se rend ensuite à Nîmes qui bénéficie de la construction d'une basilique en l'honneur l'impératrice Plotine qui l'avait aidé à accéder au trône. En Egypte, il accorde aux Romains installés dans le pays le droit d'épouser des indigènes et fait venir des colons de Ptolémaïs, une autre cité grecque d'Égypte. Il fait construire une nouvelle route pour traverser le désert de l'Est, d'Antinooupolis à Béréniké. Il entreprend la provincialisation de l'Italie en la divisant en quatre circonscriptions administratives confiées à des consulaires. Il réorganise l'exploitation des mines pour en augmenter les revenus. La réorganisation administrative de l'empire Hadrien réforme l'administration et le droit romain. Lors de ses voyages, il rend la justice sur place, réforme la fiscalité, épure l'administration et confie aux chevaliers les «bureaux», naguère tenus par les affranchis qui sont maintenant cantonnés dans les postes subalternes. Il réorganise aussi le conseil privé qui assistait l'empereur, en le composant surtout de jurisconsultes. En 131, l'Édit perpétuel de Salvius Julianus codifie et met à jour le droit romain pour les fonctionnaires et les juges. Les colons des domaines impériaux sont protégés. Des mesures incitatives sont prise pour favoriser l'exploitation des terres incultes. L'empereur cherche à créer une classe de petits possessores, aux droits et aux devoirs bien définis, qui seraient protégés des abus des procurateurs et des gérants. Le maintien de l'ordre à l'intérieur de l'Empire En tant que garant de l'ordre de l'Empire, il n'hésite pas à réprimer avec la plus grande sévérité les révoltes de ses sujets. La plus célèbre est la révolte de Bar-Kokhba, qui secoue la Judée entre 132 et 135. Celle-ci semble provoquée par la décision d'Hadrien de rebâtir sur l'emplacement du Temple de Jérusalem un temple dédié à Jupiter alors qu'il séjournait dans la région entre 128 et 132. Il commence à bâtir la colonie Ælia Capitolina sur une partie du site de la ville, ce qui provoque la fureur des Juifs. Douze légions participent à la répression. Les pertes romaines sont si effroyables que l'empereur renonce au triomphe après la victoire. Jérusalem est rasée et interdite aux juifs. Les juifs sont dispersés dans tout l'Empire et la Judée est rebaptisée Syrie-Palestine. Il interdit, dans le même temps, la religion hébraïque. Un empereur amoureux des lettres et des arts De formation intellectuelle romaine, Hadrien est un homme raffiné attiré par les lettres grecques. Amoureux du monde hellénique, il tente de restaurer la religion grecque en restreignant les cultes orientaux. Il offre à Athènes une véritable renaissance grâce à un programme prestigieux de construction comme l'achèvement de l'Olympeion, la construction d'une «ville d'Hadrien» qu'un arc sépare de la «ville de Thésée», nouveaux édifices et de nombreux dons. Il crée le Panhellénion, une ligue qui réunit les cités de la Grèce d'autrefois et qui a son siège à Athènes. En Egypte, l'empereur essaie plus de faire revivre l'héritage hellénistique que les traditions proprement égyptiennes. Hadrien construit une ville nouvelle, Antinooupolis (Antinoë), fondée au bord du Nil, et il lui donne une constitution à l'imitation de celle de Naucratis. Il fréquente la bibliothèque d'Alexandrie, restaure les collections et visite le musée. Ses voyages lui permettent d'observer une grande variété de formes architecturales, surtout en Orient, dont il s'inspire pour ses projets. Il lança de grands travaux, d'abord en collaboration avec le grand architecte Apollodore de Damas, avant de se brouiller avec lui et de l'exiler. Parmi ses réalisations, citons à Rome même, le temple de Vénus et de Rome, débuté en 121, selon un modèle hellénistique, le Panthéon en 125, qu'il fait entièrement reconstruire grande innovation architecturale, le Mausolée, sur le modèle de celui d'Auguste, villa qui porte son nom dont le plan est en partie dû à l'empereur. La vie privée d'Hadrien A la fin de sa vie, son caractère s'aigrit. Souffrant d'une sorte de maladie de la persécution, il se croit entouré de conspirateurs et fait assassiner des sénateurs innocents. Hadrien meurt, finalement, en 138 à 61 ans, après plusieurs années de souffrance causées par l'arthrose. Ses cendres furent placées dans le Mausolée d'Hadrien. Son successeur Antonin le Pieux dut négocier pendant six mois avec le Sénat pour obtenir qu'Hadrien reçoive l'apothéose, tant les rapports entre Hadrien et le Sénat étaient devenus exécrables. Sa succession Marié à Sabine, il n'a pas d'enfant avec elle. Hadrien adopte donc Lucius Aelius Verus. Ce dernier reçoit le surnom de César. C'est un choix curieux. Il a 35 ans et ne semble pas être le plus capable. En effet, sa carrière est uniquement civile et sa santé est délicate. Il est possible qu'Hadrien ait voulu choisir un successeur qui calme le Sénat. Les sénateurs n'apprécient pas les colères de l'empereur en fin de règne. En 136, Hadrien fait assassiner Lucius Iulius Ursus Servianus qu'il soupçonne de vouloir remplacer Lucius par son petit-fils Gnaeus Pedanius Fuscus. En 136, il désigne comme successeur, Ceionius Commodus, esthète comme lui, mais médiocre politique et sans santé qui meurt en 13861. L'adopté final est donc Aurelius Antoninus (plus connu sous le nom d'Antonin le Pieux), qu'Hadrien avait remarqué en 130 pour sa sage administration de la province d'Asie. Il succède à Hadrien à la tête de l'Empire romain. Ce dernier est forcé d'adopter le futur Marc Aurèle et le fils de feu Lucius Aelius Verus : Lucius Verus Commodus. Hadrien prépare donc deux générations d'empereurs. (Suite et fin)