XIe siècle : seconde moitié 1356. Le calife de Baghdâd attribue l'Inde à Firûz Shâh Tughluq (m. 1388). 1362. Sous le règne du sultân Murâd I (m. 1389), les Turcs ottomans conquièrent Andrinople. C'est le début de la première grande expansion de l'Empire ottoman. 1365. Début des conquêtes d'Amîr Timur (Tamerlan). 1371. Les Ottomans battent l'armée serbe à Chirmen. 1389. Le sultân Murâd I mène les Ottomans vers une écrasante victoire sur les Serbes au Kosovo. Il est tué lors de la bataille. 1391. Pendant le règne du sultân Bayazîd Yaldram (m. 1402), les Ottomans s'emparent de tous les territoires de l'Empire byzantin en Asie Mineure (Anatolie). 1396. Victoire brillante des Ottomans à Nicopolis contre une coalition des armées hongroises et françaises soutenues par les Anglais, les Allemands et les Italiens. 1397. Les Ottomans atteignent Athènes. 1399. Amîr Timur (m. 1405) ravage l'Inde et prend Delhi. Les acteurs Théologie et jurisprudence - Le célèbre historien, traditionniste et exégète Hâfiz Imâduddîn Abû Al-Fidda Ismâ'îl Ibn Umar Ibn Kathîr (m. 1373). Son exégèse du Coran en quatre volumes est toujours très estimée et populaire pour sa fiabilité et sa précision. Son autre œuvre remarquable est Al-Bidaya wa an-Nihâya (Le début et la fin), qui retrace l'histoire de l'Islam en quatorze tomes. Il fut disciple d'Adh-Dhahabî. - Le soufi perse Sayyid ‘Alî Hamadânî (m. 1385) qui s'est installé au Cachemire où sa poésie mystique est toujours très populaire. - Le mystique et poète turc Seyid Imadeddin Nesimi qui appartenait à la secte Hurufi et fut exécuté en tant qu'hérétique entre 1404 et 1418. Science et technologie - L'ingénieux mathématicien Tâjuddîn Alî Ibn Ad-Durayhim (m. 1361) de Mossoul, auteur de Miftâh al-Kunûz fî Idâh al-Marmûz (Clefs pour l'éclaircissement des écriture secrètes) – premier exposé de cryptologie, sur la base mathématique de substitution et transposition. - Le mathématicien et astronome syrien Ibn Ash-Shatîr (m. 1375), connu pour la construction de son astrolabe très précis. - Le mathématicien et astronome syrien Shamsuddîn Abû Abd Allâh Muhammad Al-Khalîlî (m. 1380) qui a dressé des tables astronomiques importante pour le temps solaire et pour les horaires de prières. Ces tables furent utilisées pendant plusieurs siècles à Damas, au Caire et à Istanbul. - Le médecin andalous Ibn Khatîma (m. 1369) et Ibn Al-Khatib (m. 1374) soulignent pour la première fois les dangers de la contagion ; ils affirment notamment que la peste est contagieuse au contact des pestiférés. C'est en outre la première mention des microbes dans l'histoire de la médecine. Lisânuddîn Ibn Al-Khatîb de Grenade est également un fameux historien. - L'agronome Abbâs Ibn Alî (m. 1374), sixième dirigeant de la dynastie rasulide du Yémen. Il est l'auteur de Bughyât al-Falâhîn (La passion des agriculteurs). - Le médecin Mâlik Al-Afdam (m. 1376), qui était également le septième souverain de la dynastie rasulide. Dans son Kitâb al-Lûma, il reprend tout ce qui était connu à son époque sur la médecine en expliquant les fonctions de chaque organe, en énumérant les maladies se rapportant à chacun d'eux, leurs causes et les remèdes à apporter. - Le zoologiste égyptien Muhammad Ibn Mûsâ Ad-Damîrî (m. 1405) dont le fameux travail est Hayât al-Hayawân (La vie des animaux). Lettres et culture - L'historien As-Safadî (m. 1363), auteur d'une œuvre monumentale en 26 tomes, Al-Wâfî bi al-Wafayât (Recueil de biographies). - Le grand savant Abû Zayd Abd Ar-Rahmân Ibn Muhammad Ibn Khaldûn (m. 1406). Natif de Tunisie, il est considéré comme l'un des plus grands penseurs du monde musulman. Il est l'auteur de sept traités sur les mathématiques, la logique et les sciences ésotériques. Cependant, son chef-d'œuvre reste le volumineux Kitâb al-Ibâr wa Diwân al-Mubtida wa al-Khabâr fî Ayyâm al-Arab wa al-Ajam wa al-Barbar (l'Histoire universelle). Cet ouvrage comprend trois parties, chacune étant subdivisée en plusieurs tomes. La première partie connue dans le monde entier est Al-Muqaddima (Le Prologue) ; la seconde traite de l'histoire arabe et islamique et la troisième concerne l'histoire des Berbères d'Afrique du Nord. Avant Ibn Khaldûn, l'histoire n'était qu'un enregistrement d'événements ; il est le premier savant à avoir analysé l'histoire du monde et se trouve être considéré comme le père de la philosophie de l'histoire. Dans la Muqaddima, il souligne l'importance des causes économiques qui conduisent la formation d'une tribu ou d'une société et il explique également les raisons de l'avènement et du déclin des cités, des empires et des dynasties régnantes. Enfin, il a formulé des règles pertinentes concernant tous ces aspects, ce qui en fait également le père de la sociologie. Jusqu'à récemment, on considérait en Occident que la sociologie avait été fondée par le philosophe français Auguste Comte au XIXe siècle, mais depuis les trente dernières années, on s'accorde sur le fait que cette science a débuté avec Ibn Khaldûn. Sa profonde perspicacité peut être évaluée par cette remarque formulée dans Al-Muqaddima : «Le règne animal (âlam al-hayawân ) se développe alors, ses espèces augmentent et, dans le progrès graduel de la création (tadarruj at-takwîn), il se termine par l'homme – doué de pensée et de réflexion. Le plan humain est atteint à partir du monde des singes (qirada), où se rencontre sagacité (kays) et perception (idrâk), mais qui n'est pas encore arrivé au stade de la réflexion (rawiyya) et de la pensée. A ce point de vue, le premier niveau humain vient après le monde des singes : notre observation s'arrête là». ! En Occident, cela fut démontré cinq cent ans plus tard, en 1859, par Charles Darwin. D'autre part, l'historien britannique du XXe siècle, Arnold Toynbee lui a rendu hommage par ces parole : «Ibn Khaldûn a conçu et formulé une philosophie de l'histoire qui est sans aucun doute le plus grand travail de ce genre réalisé par l'esprit humain, de tout temps et en tout lieu.» Abd Allâh Ibn Yûsuf Ibn Hisham (m. 1360), grammairien réputé de la langue arabe. - Le grand poète persan Hâfiz Shîrazî dont le nom réel est Shamsuddîn Muhammad (m. 1389/90). Il a exercé une grande influence sur l'écrivain allemand Johann Wolfgang von Goethe. Il est considéré comme le maître incontestable du genre ghazal (poésie d'amour) mystique. La collection de ses œuvres poétiques Diwân Hâfiz est un classique de la littérature persane. Divers - Durant cette moitié de siècle, des missionnaires islamiques atteignent Kano, au Nigeria ; en Asie, l'Islam pénètre dans l'archipel des Philippines. Vers la fin du siècle, Mombassa en Afrique Oriental devient un centre culturel avancé du savoir. - Sikandar Shâh construit la mosquée Adina à Pandoue, près de Gaur au Bengale, célèbre pour ses dimensions exceptionnelle, équivalentes à celles de la mosquée Omeyyade à Damas. - Au Caire, les sultâns Mamelouks construisent deux mosquées combinées (mosquée, mausolée et madrasa) : la mosquée du sultân Hasan achevée en 1359 et celle du sultân Barquq en 1386. XVe siècle : première moitié 1400-1401. L'Iraq et la Syrie sont conquises et ravagées par Amîr Timur. 1402. Triomphe d'Amîr Timur sur le sultân Bayazîd Yaldram près d'Ankara ; cela met en échec la première expansion ottomane. 1405. Sous le règne du sultân d'Ifat, Sa'duddîn (m. 1405), apogée de la dynastie Walasma qui régnait depuis à peu près 1250 sur le nord-est de l'Afrique, dans la région située à l'est de l'actuel Addis Abeba. La dynastie Walasma a complètement disparu de la scène politique aux alentours de 1570. 1421-1451. Deuxième grande expansion de l'Empire ottoman sous le sultân Murâd II (m. 1451). 1422. Les Ottomans assiègent Constantinople (Istanbul). 1444. Les Ottomans battent les armées hongroise et polonaise à Varna, aujourd'hui port bulgare sur la mer Noire. 1447. Fin de l'Empire timuride et indépendance de la perse. Les territoires indiens et afghans s'affranchissent des dirigeants timurides. Les acteurs Théologie et jurisprudence - Au Caire, le grand qâdî Ibn Hajâr Al-‘Asqalânî (m. 1449), célèbre spécialiste du Hadith et grand biographe. Science et technologie - Le mathématicien algérien Ibn Qunfudh (m. 1407). - Le mathématicien et astronome turc Çalâhuddîn Mûsâ Pasha, connu sous le nom de Qâdî Zada (m. 1436). Il est l'auteur de plusieurs traités importants en arithmétique, algèbre et trigonométrie. Il a instruit le prince Ulugh Beyg, avec lequel il a établi à Samarkand le Gand Madrasa (Université) et l'observatoire. Son œuvre originale est la computation de sinus 1e avec une grande précision – méthode différente de celle d'Al-Kâshî. Ces trois grands astronomes, Ulugh Beyg, Al-Kâshî et Qâdî Zada, ont collaboré pour publier le Zîj Sultânî (Catalogue des étoiles). (A suivre) Mustayeen Ahmed Khan