, La mise à sac de Baghdâd et les ravage des grands centres de connaissances par les Mongols au XIIIe siècle, ainsi que la destruction de la plus grande bibliothèque du monde à Cordoue en Espagne, ont été des pertes inestimables et irréparables. A cela, s'ajoutent les autodafés suivant la conquête espagnole de Grenade au XVe siècle. Le progrès scientifique dans le monde musulman a donc été stoppé au XVIe siècle, puis a commencé à décliner au XVIIe. Une conséquence directe de ce déclin a été la décadence du pouvoir politique musulman au XVIIIe siècle, avec comme corollaire un assujettissement de tous les pays islamiques au XIXe par les nations européennes, dès lors plus avancées. Ces nouveaux «maîtres» avaient peu d'intérêt à éduquer les peuples musulmans qu'ils gouvernaient car l'ignorance de ces peuples était la garantie de leur domination politique. L'éducation générale était parfois même découragée, comme dans le cas de l'Algérie française. Cependant, ce blâme doit être partagé par la masse de la population musulman qui a souvent été réfractaire à ce qu'elle appelait «l'éducation des maîtres étrangers». Les efforts infatigables de certains réformateurs du monde musulman ont entraîné un début d'éclaircissement, dont le résultat fut l'indépendance de la quasi-totalité des pays musulmans au XXe siècle. On peut penser qu'avec l'enseignement généralisé et le progrès de la recherche scientifique dans les pays musulmans, la civilisation islamique va regagner au cours du XXIe siècle son statut perdu et va être de nouveau dans les premier rangs des civilisations mondiales. L'auteur termine en soulignant un fait d'une importance primordiale. Lorsque les musulmans ont commencé leur progrès scientifique, ils n'ont pas ouvert des instituts où la science a été enseignée en grec ou sanscrit. La connaissance accumulée du monde a tout d'abord été traduite et transférée en langue arabe, et c'est ensuite que le progrès a commencé. De la même manière, l'Europe du Moyen-Age n'a pas ouvert d'écoles en langue arabe, la langue scientifique de l'époque. Elle a traduit et ainsi transféré la connaissance accumulée de l'arabe au latin dès le XIIe siècle. Plus tard, lorsque le latin a perdu sa primauté, chaque nation européenne a traduit ces trésors dans sa langue respective. Les Allemands ont continué le progrès en langue allemande, les Français en langue française, et ainsi de suite. Selon Toynbee, l'historien britannique du XXe siècle : «Une société meurt rarement de causes naturelles ; elle meurt de suicide ou de par les ravages d'envahisseurs – presque toujours de suicide». Il conclut que le processus de désintégration commence lorsque les sociétés ne répondent pas de manière adéquate aux nouveaux défis en n'utilisant pas leurs facultés créatives. Elles tombent alors dans la pratique du mimétisme. Cependant, cette image lucide du XXe siècle avait déjà été esquissée par un savant musulman du XIVe siècle, Ibn Khadûn, le premier à écrire sur la philosophie de l'histoire. Dans son célèbre ouvrage Al-Muqaddima, il dit : «Le vaincu cherche toujours à imiter le vainqueur dans ses manères, son habillement, ses occupations et dans toutes ses autres coutumes. L'explication de cela est que l'esprit humain voit toujours la perfection dans la personne qui lui est supérieure et à laquelle il est soumis. Il la considère comme parfaite, soit parce que le respect qu'il a pour elle l'impressionne, soit parce que, à tort, il pense que son propre assujettissement n'est pas dû à la nature de sa défaite mais plutôt à la perfection du vainqueur. S'il s'en tient à cette attitude fausse, cela s'impose à lui comme une croyance solide. Alors, l'esprit adopte les manières du vainqueur et il finit par s'assimiler à lui. Il s'agit donc d'une imitation». Le dernier conseil aux nations en voie de développement est qu'elles doivent apprendre les langues étrangères – la connaissance, après tout, équivaut à la puissance – mais ne doivent pas tomber dans l'illusion qu'elles atteindront le progrès uniquement en adoptant des langues étrangères. A cela, il n'y a pas de précédent historique ! Introduction à l'Islam L'Islam est, parfois, considéré comme une religion compliquée ou contraignante alors qu'il n'en est rien. Le bref exposé qui suit sert à présenter l'essentiel du dogme et de la théologie de l'Islam. 1. Pour devenir musulman il suffit de proclamer la double attestation : «Il n'y a pas de Dieu sauf Dieu, et Mohammad est Son Messager». 2. La foi du musulman se base sur la croyance en (i) Dieu, (ii) Ses anges, (iii) ses livres (Coran, Evangile, Torah…), (iv) Ses messagers (Mohammad, Jésus, Moïse, Joseph, Jacob, Abraham, Noé…), (v) Le Jour du jugement, (vi) le destin – bon mauvais – qui vient de Dieu et (vii) la vie après la mort. 3. Les cinq obligations qui incombent à un musulman, connues comme étant les cinq piliers de l'Islam, sont : (i) la Shahâda, la double attestation de foi (ii) la Çalât, les cinq prières rituelles quotidiennes, (iii) le Çiyâm , le jeûne du mois de Ramadhan, (iv) la zakât, qui est un impôt annuel de 2,5 % sur les richesses accumulées depuis au moins un an, et, enfin (v), le Hajj, le pèlerinage à Makka (La Mecque), une fois dans la vie , si l'on a les moyens financiers et physiques de le faire. 4. Le Coran (Al-Qur'ân) est la parole de Dieu révélée au Prophète Mohammad (QSSSL), que la paix soit sur Lui, par l'archange Jibrîl (Gabriel). Le message essentiel du Coran est l'appel à reconnaître l'unicité de Dieu (at-Tawhîd), notamment par la méditation sur la création ; il contient également de nombreux rappels de l'histoire de l'humanité (peuple et messager passés…), ainsi qu'un ensemble de codes moraux fondateur. Le Coran invite de façon répétée à penser, à réfléchir, à méditer sur le message de Dieu : «Avez-vous traité de mensonge mes signes sans les avoir embrassés de votre savoir ? » (Coran, 27 : 84). 5. La principale division au sein de l'Islam est celle des sunnites et de shiites. Bien que plusieurs différences se soient ajoutées au cours des siècles, la divergence fondamentale entre les deux groupes porte sur le choix de la personne qui devait diriger la communauté après la mort du Prophète que la paix soit sur Lui. Selon les sunnites, la communauté était libre de choisir son dirigeant – ce qu'elle fit en la personne d'Abû Bakr Aç-Çiddîq-, tandis que pour les shiites le commandement allait de droit à Alî Abî Tâlib, le cousin et gendre du Prophète (QSSSL), et par suite aux sunnites, soit environ 89 %. Les shiites constituent environ 10 % de la population musulmane mondiale. 6. La sunna est la tradition du Prophète et le hadîth est sa parole. La sunna et le hadîth du Prophète (QSSSL) ont été soigneusement vérifiés et enregistrés. Les Çihâb Sitta (Les Six recueils authentiques) sont les six compilations de hadiths les plus célèbre des savants Al-Bukhârî, Muslim, At-Tirmidhî, Abû Dâwûd, An-Nasâ'î et Ibn Mâjah. Les œuvres des deux premiers, Al-Bukhârî et Muslim, sont hautement estimées et sont connues sous le nom de Çahîhayn (Les deux recueils authentiques). 7. La Sharî'a est la loi islamique et le code de conduite, tandis que le fiqh est l'étude de la jurisprudence islamique. Les quatre sources de la loi islamique sont par ordre d'importance et de fiabilité : (i) le Coran, (ii) la Sunna, (ii) l'Ijma'a (le consensus des savants) et (iv) le Qiyâs (raisonnement par analogie). Lorsqu'un problème est soulevé, la solution est d'abord recherchée dans le Coran puis dans la Sunna. Si le problème spécifique n'est référencé dans ces deux sources, le consensus, alors la solution est recherchée par analogie aux autres problèmes traités dans le Coran ou la Sunna. 8. L'Islam sunnite a quatre écoles de pensée principales, avec des variations mineures, dans le domaine de la jurisprudence islamique. (i) Les hanafites, qui suivent la pensée de l'Imâm Abû Hanîfa, (ii) les malékites, les disciples de l'Imâm Mâlik, (iii) les shafiites, l'Imâm Ash-Shâfi'î, et (iv) les hanbalites, qui suivent l'imâm Ahmad Ibn Hanbal. Un sunnite peut librement suivre les décrets et décisions d'une ou de plusieurs de ces quatre écoles ou d'autres. Les shiites suivent le fiqh Jafariya, qui est l'interprétation de la jurisprudence islamique faite par l'imâm Ja'fâr Çâdiq. La majorité des musulmans sunnites adhèrent à l'école de pensée hanafite, laquelle est prépondérante au Bangladesh, au Pakistan et en Turquie. (A suivre)