C'est en les qualifiant de «bandes de malfaiteurs» que le wali a désigné le secrétaire-général de la wilaya, le directeur des domaines, le directeur de l'administration générale ainsi que d'autres personnalités comme le directeur de cabinet et des secrétaires du wali , tous relevés de leurs fonctions pour «abus de confiance». C'est un wali ulcéré et révolté par «le coup de couteau dans le dos», selon ses propres expressions, que lui ont asséné ses plus proches collaborateurs, censés être des commis de l'Etat à son service et non pas au service de bas intérêts. Le wali a également pris des mesures conservatoires à l'encontre de certains responsables. Il a transmis un volumineux dossier rouge à la justice, à sa tutelle ( ministère de l'Intérieur) et à l'IGF. L'affaire concerne la cession d'une terre agricole de 30 ha dans la commune d'Ouled Moussa, déjà de mauvaise réputation par les démêlés de son P/APC avec la justice pour de sombres ventes de terrains et de locaux commerciaux. L'acheteur concerné n'est autre que le patron de l'entreprise de produits alimentaires «La Belle», M. Dahmani dans le cadre d'un investissement afin de créer un marché de gros des produits alimentaires. Il se trouve que ledit terrain est à vocation agricole. C'est pourquoi, les mis en cause ont attendu le départ en congé du wali, Merad Brahim, pour effectuer une opération illicite : signer des documents accordant l'autorisation de la wilaya. C'est ainsi qu'«ils ont confectionné un arrêté le 15 mars qui a été enregistré en un temps record (sic!) le 18 mars et publié le 22 mars dernier. Alors qu'il avait été signifié auparavant ( le 8 mars) à M. Dahmani le préalable de compléter son dossier par un arrêté de la commission interministérielle pour d'abord obtenir un arrêté d'expropriation puis un autre de distraction, conditions sine qua non pour l'aval de ce genre de transactions qui dépasse de loin le gré à gré puisqu'il s'agit de la bagatelle de plus d'un milliard de centimes. Donc même les procédures de passation de marché n'ont pas été respectées. Le plus grave est que le secrétaire-général a signé un document relevant des seules prérogatives du wali en l'absence de ce dernier. Aujourd'hui, le seul moyen de procéder à l'annulation est de recourir à la justice. C'est chose faite par le wali. Les têtes qui viennent de tomber ne seraient pas les seules et d'autres révélations, voire d'autres affaires risquent d'éclater dans un proche avenir. Des personnes au fait du degré de pourrissement auquel est parvenue la wilaya de Boumerdès et à leur tête le cabinet du wali ainsi que certaines directions de l'exécutif, notamment dans les marchés de gré à gré, promettent de graves découvertes dans ce qu'on qualifie de véritable «panier à crabes». D'ailleurs, les campagnes de destabilisation du wali qui a eu le courage de dénoncer de gros responsables au sein de son propre cabinet, son secrétariat et son exécutif, ont déjà commencé. On fait circuler la rumeur de son départ dans le prochain mouvement des walis annoncé par M. Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, alors que M. Merad Brahim n'a été nommé que depuis une année et demie à la tête de la wilaya. Nous avions écrit à ce moment-là dans “La Nouvelle République” que sa réussite dépendrait de l'indispensable assainissement qu'il entendait apporter en haut de la pyramide et au niveau des staffs. La preuve est faite qu'il fallait passer par là. Le wali voulait passer par cet assainissement mais il n'a pas eu les coudées franches. Sinon comment expliquer que c'est là où il a pu placer un de ses hommes de confiance que le pot aux roses a été découvert. En effet, c'est le chef de daïra de Khemis El Khechna dont dépend la commune d'Ould Moussa, et qui est un proche de M. Merad pour avoir déjà travaillé avec lui à Tiaret qui a donné l'alerte en remarquant des travaux sur un terrain agricole. Alors partira, partira pas ? Ce qui est sûr, c'est que le wali de Boumerdès a levé un véritable lièvre de ce qui semble bien être la face visible de l'iceberg. Boumerdès retient son souffle.