Législateur et poète grec, Solon était issu d'une grande famille aristocratique athénienne mais peu fortunée. Mais, lui, avait réussi à s'enrichir dans le commerce des huiles et séjourna longtemps en Ionie (Asie Mineure). La conquête de Salamine De retour dans la province de l'Attique, Solon, devenu riche, acquiert une réputation d'honnêteté. Les Athéniens, ayant échoué plusieurs fois dans leur tentative pour enlever Salamine à leurs ennemis les Mégariens, avaient édicté la peine de mort pour tout citoyen qui proposerait une nouvelle expédition. Solon, se faisant passer pour fou, vint lire sur la place publique devant ses concitoyens un poème appelant les Athéniens au combat : «Allons à Salamine combattre pour l'île aimable et repousser l'intolérable honte.» Il obtint, plus tard, le commandement de l'armée athénienne et reprit Salamine aux habitants de Mégare. L'homme public Solon, né aux environs de 640 avant l'ère chrétienne, est, surtout, célèbre pour les réformes politiques et sociales qu'il entreprit pour résoudre la grave crise qui secouait sa patrie, Athènes, depuis de longues années. Les eupatrides, gros propriétaires nobles, avaient réussi à accaparer presque toutes les terres et faisaient peser sur le peuple endetté la menace permanente de l'esclavage. De plus, une nouvelle classe de marchands et d'industriels, prenant conscience de sa force, réclamait un rôle politique dans la cité, rôle que les eupatrides leur refusaient de façon résolue. Solon fut choisi, alors, comme arbitre entre les différentes parties et élu archonte en 594-593 avant J.-C., investi de pouvoirs exceptionnels. Désormais, c'est à lui qu'incombait la tâche de réformer les institutions politiques et sociales inadaptées à la situation réelle d'Athènes, la plus brillante cité de l'Antiquité dans la partie orientale du Bassin méditerranéen. Les réformes de Solon Ce célèbre gomme d'Etat et réformateur avait déclaré : «J'ai rédigé des lois égales pour le pauvre et pour le riche, fixant à l'égard de chacun une justice droite.» Par la réforme dite de la «remise du fardeau», Solon supprima, ainsi, la contrainte par corps pour dettes dont avaient été victimes beaucoup de petites gens de sa grande patrie. C'était la première fois dans le monde grec qu'était prise une mesure aussi hardie, faisant passer l'intérêt de l'Etat avant celui des grands propriétaires qui voulaient s'accaparer tous les pouvoirs pour augmenter leur influence au sein de la société. Solon favorisa aussi les paysans par des mesures quoique de moindre importance : il institua, ainsi, des primes pour la capture des loups, aida au développement des cultures arbustives (vigne, olivier, figuier etc.) Ainsi, sa politique en faveur des paysans institua un nouvel équilibre social fondé sur l'importance d'une classe de petits et de moyens propriétaires. Il facilita, parallèlement l'activité commerciale et l'industrie, en fixant les mesures de capacité et en frappant des pièces d'argent pour l'usage courant. Le grand réformateur athénien eut la clairvoyance de supprimer le droit de vie et de mort du chef de la famille (le père) sur ses enfants, droit qui était en usage dans le pays depuis la nuit des temps. Il supprima aussi l'esclavage pour dettes contractées par les pauvres. Solon stimula l'activité économique (agriculture, commerce, métiers) et cette gestion saine contribua à la prospérité de la grande cité grecque et de sa civilisation rayonnante dans toute la région orientale des terres du pourtour de la mer Méditerranée. Les classes censitaires à l'origine de la démocratie Solon ne se contenta pas de cela, mais œuvra, par ailleurs, à transformer surtout les institutions politiques. Il utilisa, ainsi, une division antérieure en quatre classes selon les revenus de la terre : les les plus riches, dont le revenu est de plus de 500 mesures, les chevaliers (ceux qui possèdent une paire de bœufs), les valets, ouvriers (soit la classe la plus basse de la société athénienne qui lui servit à répartir honneurs et charges selon la fortune foncière). Mais si les archontes ne sont pris que dans la première classe, les magistrats dans les trois premières, tous les citoyens (même les ouvriers et les valets) participent également aux assemblées politiques pour débattre des questions qui intéressent leur patrie. Enfin, le général Solon créa un nouveau conseil comprenant 400 membres, appelé la boulê, chargée de préparer les séances de l'ecclésia. D'autre part, il institua un tribunal vraiment populaire dont les membres étaient choisis dans les quatre classes, appelé l'héliée, qui deviendra peu à peu la seule instance judiciaire à côté des tribunaux de sang. Lorsque Solon eut donné dans un sens démocratique cette Constitution nouvelle à ses compatriotes, il fit jurer aux neuf archontes et à tous les citoyens de se conformer aux lois nouvelles. A travers ces profondes réformes, qui feront l'originalité d'Athènes au Ve siècle avant l'ère chrétienne, se dessinent pour la première fois les linéaments d'une véritable démocratie, «inventée» (si l(on peut dire) par cet éminent homme d'Etat qu'était Solon. D'ailleurs, ce dernier devait dire : «Au peuple, j'ai donné autant de puissance qu'il suffit sans rien retrancher ni ajouter à ses droits. Pour ceux qui avaient la force et en imposaient par leurs richesses, pour ceux-là aussi je me suis appliqué à ce qu'ils ne subissent rien d'indigne.» Solon fait partie, par ailleurs et à juste titre, des Sept Sages de la Grèce antique qui en comptait, pourtant beaucoup et dont la brillante civilisation se répandit, de façon incontestable sur le monde ancien.