La situation d'asphyxie vécue par le Centre hospitalo-universitaire de Constantine (CHUC) a conduit le conseil scientifique de l'établissement à prendre des mesures à même de lui permettre de se consacrer à sa vraie vocation, a annoncé jeudi son directeur. Les consultations médicales relatives à neuf spécialités s'effectueront ainsi, désormais, à l'extérieur du CHUC, a annoncé le Dr Salim Zermane au cours d'une conférence de presse. Cette mesure, jugée «salvatrice» pour la continuité du fonctionnement de l'établissement, «procède d'une action de réflexion et de concertation menée par le conseil scientifique de l'hôpital, dont les membres se sont accordés à tirer la sonnette d'alarme quant à la situation d'asphyxie que vit cet établissement dont la vocation est de prodiguer des soins de haut niveau». Selon ce responsable, «afin de désengorger le CHU, de déterminer les responsabilités et de mettre fin aux lenteurs, les consultations de gynécologie, de médecine interne, de pédiatrie, d'ophtalmologie et de chirurgie relèveront, à partir de la première semaine d'octobre, de l'établissement public de santé de proximité (EPSP) de la cité de Boumerzoug, inaugurée en 2008». L'EPSP de la cité des Muriers prendra en charge, de son côté, les consultations de neurologie, de dermatologie et d'orthopédie, tandis que celui de la cité Sissaoui assurera, entre autres, les consultations de neurochirurgie. La nécessité de fluidifier la circulation à l'intérieur du CHUC, notamment pour les ambulances, l'état d'encombrement des lieux, l'architecture devenue inadaptée et l'exiguïté des structures comme les salles de soins, le hall d'accueil, l'absence de salles d'attente, sont autant de paramètres ayant prévalu dans la prise de décision. «L'hôpital, en l'état actuel des choses, n'est plus adapté de par sa configuration aux besoins du citoyen», a souligné ce responsable. Relevant l'importance d'aspirer à «une médecine moderne, en adéquation avec la promotion de la carte de santé qui a nécessité des investissements colossaux», au titre de la stratégie consistant à promouvoir la médecine de proximité, le Dr Zermane a insisté sur l'obligation d'«exploiter et de rentabiliser ces structures de base» (les EPSP), afin, a-t-il insisté, «d'aérer et d'alléger au mieux le CHUC». Une action de mise à niveau qui tend également à valoriser ces établissements en assurant aux patients qui s'y rendent une prise en charge «spécialisée et rapprochée», caractérisée par une présence sur place des médecins spécialistes et par l'accessibilité des moyens d'investigation (centres de prélèvement, différents examens, radiologie, échographie et autres) qui, au demeurant, ne sont pas de la vocation du CHU. «Les structures de base qui travailleront 24 heures sur 24 réunissent toutes les conditions de réussite de l'acte médical, au contraire d'un CHU qui croule sous la vétusté du bâti et du matériel», a souligné le Dr Zermane. Il a également indiqué que les mesures arrêtées constituent une «première étape» dès lors que cette opération de délocalisation touchera prochainement d'autres spécialités. Les EPSP-pilotes de la cité Boumerzoug et des Muriers devant être suivis de l'ouverture d'établissements similaires dans les cités Aïn El Bey, Daksi, Emir Abdelkader et El Kantara, «dès l'achèvement des opérations de réhabilitation qui y sont engagées». De son côté, le Dr Azouz Segni, représentant de la «commission d'urgence» en charge du dossier de cette nouvelle réforme interne, a fait part de l'élaboration d'une convention de prestations de service qui sera signée entre le CHUC et les différents EPSP engagés dans cette mission. Une réorganisation qui propose une nouvelle stratégie de «décloisonnement de la santé», à savoir «aller vers le malade» dans le cadre de promotion d'une pratique de santé qui met en avant la notion de «médecin de famille» et propose une formation pratique continue aux généralistes.