Quatre mois après sa nomination a la tête du ministère de l'Intérieur, M. Daho Ould Kablia va procéder, et ce, suite aux directives du président de la République à un vaste remaniement de l'ensemble des walis (préfets), et dont la date demeure jalousement gardée, pour des raisons purement comptables. Prévu déjà depuis plus d'une année, par son prédécesseur, M. Zerhouni, qui a concerné 30 walis sur les 48 que compte le pays, le mouvement, en fin de compte, aura été bloqué par le président de la République, et ce, pour permettre aux différents walis de parachever le plan quinquennal 2005-2010 dans des conditions adéquates. M. Daho Ould Kablia, qui était en compagnie du ministre de la Justice et garde des Sceaux, a déclaré au cours d'une conférence de presse, il y a de cela deux semaines, que le choix des nouveaux walis et leur affectation ont été déterminés par des critères de compétence intellectuelle, de sens de la communication, de discipline et de qualités professionnelles. Le ministre a beaucoup insisté sur la nécessité de réformer les méthodes de gestion actuelles et d'être plus proche du citoyen et à l'écoute de ses doléances, de ses préoccupations et problèmes. L'orateur a souligné également que le nouveaux corps des walis devra donner des résultats positifs dans les six à huit mois prochains via des cahiers des charges et des contrats de performances qui lieront l'Etat aux commis chargés de la gestion des affaires des administrés. «Nous n'admettrons plus les erreurs, et encore moins les défaillances», a précisé le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Une circulaire détaillant les grands axes de travail et d'intervention des walis leur sera remise incessamment. En d'autres termes, la feuille de route en question se propose de mettre fin une bonne fois pour toutes à la gestion approximative et surtout politique de la carrière des walis et à les sécuriser dans l'exercice de leurs fonctions quels que puissent être les circonstances et les aléas de la politique de bazar pratiqué dans des wilayas. Il faut convenir que depuis plus d'une décennie, des «walis intègres» en viennent à s'interroger sur leur avenir à chaque changement d'exécutif, voire des ministres. Faute d'une communication institutionnelle, à tel point que la rumeur elle-même, toujours intéressée et souvent orientée vers la déstabilisation par la démobilisation, suffit à placer le wali dans l'embarras et l'angoisse, à l'exemple de ce qui se passe actuellement comme clabaudage et des faux sondages d'une certaine presse à sensation qui place et mute des commis de l'Etat à travers le territoire national. Changement dans la continuité ou la pérennité de l'Etat ? Pour des observateurs avertis, l'objectif du président de la République, que des cercles occultes veulent à tout prix escamoter, demeure d'assurer dès à présent la cohésion de l'Etat et la constance de l'action publique des institutions constitutionnelles, qu'il faut soustraire aux enjeux et rivalités mettant actuellement en compétition personnes physiques et services techniques, enjeux et rivalités que risquent d'accentuer des institutions partisanes aux préoccupations électorales et obéissant à la «logique» de la politique politicienne, à l'exemple de ce qui se passe dans les wilayas de Boumerdès, Mascara, Saïda… Des exemples scandaleux ! L'application sur le terrain des programmes de mise à niveau des walis et leurs compétences territoriales, initiés par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, vise à instituer un cadre de travail valorisant pour ces hauts fonctionnaires et susceptible d'être étendu à l'ensemble de l'appareil de l'Etat par la création de grands corps de l'administration, seuls garants de la constance du service public et réservés par rapport à la succession des classes politiques et aux joutes électorales potentielles. En d'autres termes, le wali et, par extension dans l'avenir, les commis de l'Etat à tous les niveaux devront être soustraits aux pressions de corps élus au titre de l'alternance des majorités gouvernementales. Pour le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, la neutralité de l'administration est une priorité, la stabilité et la sécurité de ses agents sont des moyens les plus adaptés, car le temps presse. Changement dans la continuité ou pérennité de l'Etat, nous laissons ceux qui sont autour de la table de tirer les conséquences des additions et autres soustractions d'un mouvement des walis. L'interprétation malhonnête d'une certaine presse, spécialement arabophone à la fausse objectivité et à l'impartialité hypocrite a conduit cette dernière à mélanger, parfois sans complexe, information et opinion, faits vérifiés et rumeurs, analyses documentées et impressions fantaisistes des salons feutrés. La principale raison est la recherche du profit maximal à court terme, pour plaire aux actionnaires et de manière à s'attirer des lecteurs qui puissent prendre plaisir à être excités par leur suspense.