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L'intellectuel, l'Etat et la société
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 10 - 2010

Pour preuve de cette mésentente entre les économistes, sur le plan opératoire, des propositions contradictoires en l'espace de deux années des gouvernants des pays les plus riches du monde 2009 où a été mis en relief l'importance de la théorie keynésienne par les interventions des Etats, à travers les déficits budgétaires et depuis le début de 2010 le retour à l'orthodoxie monétaire pour lutter contre les endettements publics excessifs. Dès lors se pose cette question : la science de référence principale est-elle la théorie économique, qui explique le fonctionnement du système d'économie de marché sans émettre de jugements de valeur ? ou au contraire n'y a-t-il pas lieu d'introduire l'éthique économique en vue d'un processus de modernisation et de rationalisation de la culture et de la société et ce afin d'éviter le «désenchantement du monde» (Max Weber) ?
L'intellectuel dans la société
L'intellectuel ne saurait vivre en vase clos. Sa méthodologie pour produire est simple : pour paraphraser le grand philosophe allemand Hegel, méthodologie reprise par Karl Marx dans le Capital, il observe d'abord le concret réel ; ensuite il fait des abstractions, les scientifiques diront des hypothèses. Il aboutit à un concret abstrait c'est-à-dire son œuvre. Si le résultat final permet de comprendre le fonctionnement du concret réel à partir du canevas théorique élaboré, les abstractions sont bonnes. C'est aussi la méthodologie utilisée en sciences politiques pour déterminer le niveau de gouvernance dites des 80/20%. En effet, 20% d'actions bien ciblées ont un impact sur 80% de la société ; mais 80% d'actions désordonnées que l'on voile par de l'activisme ministériel ont un impact que sur 20%. Aussi l'intellectuel se pose entre la réalité et le devenir de l'humain devant tenir compte de la complexité de la société toujours en mouvement d'où l'importance de la multi pluridisciplinarité et donc du mouvement de l'histoire. L'intellectuel produit ainsi de la culture qui n'est pas figée, mais évolutive fortement marqués par l'ouverture de la société sur l'environnement englobant l'ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes partagés par la majorité du corps social et est un constituant essentiel de la culture d'une manière générale, de la culture de d'entreprise, du transfert technologique d'une manière particulière et tenant compte du rôle d'Internet et des nouvelles technologies, où le monde est devenu une maison de verre, en vue de l'adaptation de la diffusion des connaissances. Les expériences réussies du Japon, des pays émergents comme la Chine et l'Inde montrent que l'on peut assimiler la technologie sans renier sa culture. D'ailleurs le transfert technologique est favorisé lorsqu' existe une meilleure compréhension des valeurs convergentes et divergentes qui s'établissent entre deux groupes et vouloir imposer ses propres valeurs, c'est établir une relation de domination qui limite le transfert.
Aussi, la culture d'entreprise est un sous-produit de la culture nationale et par conséquent un ensemble de valeurs, de mythes, de rites, de tabous et de signes partagés par la majorité des salariés et un élément essentiel pour expliquer les choix stratégiques en renforçant les valeurs communes, exemple : les règlements de conduite, les descriptifs des postes, ainsi que par le système de récompense et de sanctions adopté afin que les salariés soient mobilisés, pour qu'ils s'identifient à leur entreprise et s'approprient son histoire. Tout cela facilite le transfert de technologie qui ne doit pas se limiter à l'aspect technique, mais également managériale, organisationnel, commercial et culturel. Comme le note avec pertinence le sociologue Ian Vásquez, je cite « cela s'inscrit dans le cadre de la dynamique historique du capitalisme où les savoirs sociaux sapent les bases technologiques, organisationnelles et institutionnelles du capitalisme industriel en opérant de l'intérieur une ouverture radicale de la propriété à des formes sociales d'organisation et de gestion de la production plus ouvertes, plus libres et plus épanouissantes.
Cette ouverture traduit la nécessaire rupture avec les formes de gouvernance centralisées, disciplinaires et mutilantes héritées de l'ère fordienne». Aussi, le capital se socialise dans différents dispositifs techno-organisationnels influant dans le rapport des individus au travail. Cependant les enquêtes montrent clairement que cette extension des savoirs sociaux s'accompagne de nouvelles formes de segmentation (qualifiés/non qualifiés ; mobiles/immobiles ; jeunes/vieux; homme/femme et d'un partage des activités et services qui deviennent de plus en plus marchands (délocalisation avec l'informatique en Inde l'électronique au Japon, Corée du Sud, etc). C'est la résultante de la nouvelle configuration de la division internationale du travail, produit de l'évolution du développement du capitalisme que l'on nomme aujourd'hui mondialisation, les Anglo-Saxons parlant plutôt de globalisation. Cette approche socio- culturelle qui rend compte de la complexité de nos sociétés doit beaucoup aux importants travaux sous l'angle de l'approche de l'anthropologie économique de l'économiste indien prix Nobel Amartya Sen où, d'ailleurs selon cet auteur, il ne peut y avoir de développement durable sans l'instauration d'un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de l'anthropologie culturelle de chaque société, qui permet à la fois la tolérance, la confrontation des idées contradictoires utiles et donc l'épanouissement des énergies créatrices. Cela renvoie au concept de rationalité (voir les importants travaux du grand philosophe allemand Kant) qui est relative et historiquement datée comme l'ont montré les importants travaux de Malinovski sur les tribus d'Australie. Car, il s'agit de ne pas plaquer des schémas importés sur certaines structures sociales figées où il y a risque d'avoir un rejet (comme une greffe sur un corps humain) du fait que l'enseignement universel que l'on peut retirer de l'Occident - est qu'il n'existe pas de modèle universel. Lisons attentivement l'œuvre du grand sociologue maghrébin Ibn Khaldoun. Toutefois, la seule façon de se maintenir au temps d'une économie qui change continuellement, et donc d'une action positive de l'intellectuel c'est d'avoir une relation avec l'environnement national et international, c'est-à-dire mettre en place progressivement les mécanismes véritablement démocratiques qui ont un impact sur l'accumulation des connaissances internes.
L'intellectuel s'assimile-t-il aux diplômes ?
L'intellectuel n'est pas nécessairement un philosophe ou un écrivain et encore moins un professeur d'université. Et c'est cela qui fait que les journalistes peuvent parfois jouer le rôle des intellectuels autrefois réservés aux scientifiques surtout dans une société hyper médiatisée. En fait, il s'agit de toute personne (femme ou homme) qui, du fait de sa position sociale, dispose d'une forme d'autorité et la met à profit pour persuader, proposer, débattre, permettre à l'esprit critique de s'émanciper des représentations sociales. Aussi, l'intellectuel ne saurait s'assimiler aux diplômes n'ayant pas forcément de lien avec le niveau scolaire, mais avec son niveau cultuel. Rappelons que Einstein postulant une théorie non-conformiste par la suite qui a révolutionné le monde, a au début été rejeté par ses pairs de l'université car qui se limitaient à une évaluation bureaucratique - administrative.
L'intellectuel doute constamment, se remettant toujours en question. Selon la devise que le plus grand ignorant est celui qui prétend tout savoir. L'histoire du cycle des civilisations, prospérité ou déclin, est intimement liée à la considération du savoir au sens large du terme et qu'une société sans intellectuels est comme un corps sans âme.
Le déclin de l'Espagne après l'épuisement de l'or venant d'Amérique et certainement le déclin des sociétés actuelles qui reposent essentiellement sur la rente, vivant d'illusion à partir d'une richesse monétaire fictive ne provenant pas de l'intelligence et du travail. Aussi, attention pour l'Algérie du fait de la dévalorisation du savoir, richesse bien plus importante que toutes les réserves d'hydrocarbures. Et comment ne pas s'inquiéter des résultats de l'enquête récente de la sérieuse revue américaine Foreign Policy de juillet 2010 qui a classé l'Algérie parmi les plus vulnérables au monde avec une note de 8,6 sur 10 pour la disparition et la dispersion de l'élite, s'agissant d'une des notes les plus mauvaises du monde, hypothèquent l'avenir de l'Algérie qui risque de se retrouver sans son intelligentsia pour construire son avenir.
(A suivre)
A. M.
Professeur d'université
Biographie
Raymond Aron, L'Opium des intellectuels, Calmann-Lévy, 1955. Julien Benda, La Trahison des Clercs, Grasset, 1927. Albert Camus, Discours de Suède, Gallimard, 1958. Christophe Charle, Naissance des « intellectuels » (1880-1900), Éditions de Minuit, 1990 (réédition en 2001). Christophe Charle, Les Intellectuels en Europe au XIXe siècle : essai d'histoire comparée, Seuil, 1996. Serge Halimi, Les Nouveaux Chiens de garde, Liber, 1997 (réédition en 2005). Paul Nizan, Les Chiens de garde, Rieder, 1932 (réédition en 1998). Pascal Ory et Jean-François Sirinelli, Les Intellectuels en France de l'affaire Dreyfus à nos jours, Paris, Armand Colin, 1986 ; 3e éd. 2002. Michel Winock, Le Siècle des intellectuels, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points », 1999. Éric Conan. Régis Debray. The Terminal Intellectual, New Perspectives Quarterly, vol. 18, no 2, printemps 2001 Thomas J. Scheff. Academic Gangs, Crime, Law, and Social Change, no 23, 1995, p. 157-162) (Department of Sociology, University of California, Santa Barbara) -Thomas Molnar. The Decline of the Intellectual. Meridian Books, 1962. Réédité avec une nouvelle introduction de l'auteur, Transaction Publishers, 1994. -François Dosse. La marche des idées. Histoire des intellectuels, histoire intellectuelle.
Paris, La Découverte, 2003- Joseph M. Kyalangilwa dans Horizons et débats, numéro 26, juin 2004, le rôle de l'intellectuel dans la société -. Ibrahim Chérif « L'intellectuel guinéen face aux défis du développement de la Guinée » Montréal-www.aminata.com - Tristan Waleckx document interne sur le site Université Montpellier 3 – « Naissance médiatique de l'intellectuel musulman en France (1989-2005) ». Antonio Gramsci, (Quaderni del carcere, édition établie par Valentino Gerratana, Turin, Einaudi, 1975). Quatre tomes des cahiers de prison ont paru en français, à Paris, chez Gallimard, avec avant-propos, notices et notes de Robert Paris: 2. Cahiers n° 6 à 9, 1983, 770 p.Max Weber, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Paris, Flammarion, 2008 (première publication en allemand: 1904). -Ibn Khaldoun (trad. William Mac Guckin de Slane), Les Prolégomènes, Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1863 - Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, vol. I, Imprimerie du Gouvernement, Alger, 1852–, vol. II, Alger, 1854- vol. III, Alger, 1856.


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