Ainsi, l'opérateur privé de téléphonie mobile Djezzy a réalisé un chiffre d'affaires de 1,86 milliard de dollars en 2009, soit une baisse de 8,5% par rapport à 2008 (2,04 milliards) selon son bilan financier annuel publié officiellement sur son site. Toujours selon son bilan officiel, les bénéfices se sont élevés à 580 millions de dollars en 2008. L'Ebitda (revenus avant intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations) a enregistré une baisse de 17,3 % passant à 1,06 milliard de dollars en 2009. La marge d'Ebitda est évaluée à 57,1 % en 2009 contre 63,2 % en 2008. Cette baisse s'explique essentiellement, selon OTA, par la hausse des investissements de l'opérateur privé Djezzy en 2009. Les investissements de Djezzy auraient augmenté, selon la même source, de 56 %. Selon toujours son site, Djezzy aurait 14,8 millions d'abonnés et 59 % du marché algérien à la fin de l'année 2009. Etait-il nécessaire, pour évaluer Djezzy, de vouloir dépenser la somme faramineuse de 70 milliards de centimes (7 millions d'euros) attribué de surcroît de gré à gré, pratiques que les autorités dénoncent depuis des mois, pour évaluer simplement le goodwil (c'est-à-dire la part de marché) alors qu'il fallait uniquement et simplement analyser l'évolution de la cotation, boursière, fluctuante d'ailleurs selon les aléas du marché tant local qu'international, le montant de cette évaluation, selon mes estimations, ne devant pas dépasser 500 millions de centimes au plus 1 milliard de centimes. Et qu'en a était-il également de l'évaluation du dossier de Lacom : quel mode de passation des marchés, quel est le montant, expertise totalement algérienne ou sous-traitance avec des bureaux d'études étrangers avec transfert de devises ? Je rappelle que dans tous les cas de figure, sont posées la technique d'évaluation qui, quelles que soient la technique, l'approche patrimoniale, le goodwill - les approches prospectives donnent des résultats différents d'où la nécessité de tenir compte des variations imputables tant à la situation politique et économique interne qu'aux paramètres internationaux. L'enseignement majeur que l'on peut tirer est qu'il n'y a pas de modèle universel. Un exemple concret des fluctuations boursières concernant justement le géant russe Gazprom. En 2006, Gazprom est la troisième capitalisation boursière mondiale après Exxon Mobil et Général Electric avec une valeur boursière estimée à 300 milliards de dollars selon le rapport du professeur Christophe Defeuilley publié à sciences Po le 5 avril 2009. En 2008, juste avant la crise, sa capitalisation était évaluée à 8,12 trillions de roubles (environ 340 milliards de dollars), devant China Mobile, évaluée à 337,2 milliards de dollars, selon les données de l'agence Bloomberg, dépassant l'américain General Electric, leader historique des Bourses mondiales, dont la capitalisation boursière avait atteint 325 milliards de dollars. Après la crise d'octobre 2008, confronté à une baisse de la demande de gaz sans précédent en Europe selon la société d'analyse américaine PFC Energy50 après que la capitalisation s'est établie à environ 75/80 milliards de dollars, la cotation a rebondi au 31 décembre 2009 à 144,2 milliards de dollars, Gazprom étant largement dépassé par la société chinoise PetroChina (353,1 milliards de dollars) qui a détrôné l'américain Exxon Mobil Corp. (323,7 milliards de dollars), l'australien BHP Billiton (201,1 milliards de dollars) arrivant à la 3e place. Evolution du feuilleton Djezzy de 2007 à octobre 2010 C'est dans ce cadre mouvementé qu'il est utile de rappeler que plusieurs rumeurs couraient, bien avant le match Algérie-Egypte, concernant la vente d'Algérie Djezzy filiale d'Orascom Telecom Holding (OTH). Cela a concerné d'abord Videndi SA en partenariat avec Cevital, le partenaire français ayant démenti l'information, la presse financière s'étant fait également l'écho de cession à Sonatrach. Le p-dg d'Orascom, Naguib Sawaris, a déclaré le 6 mars 2010 au journal émirati, The National, qu'il envisageait de céder une partie de son capital ou la possibilité d'une fusion avec l'émirati Itasal et fin mars 2010, rapporté par le Financial Times, avec l'opérateur sud-africain MTN, qui disposerait de 116 millions de clients, mais étant présent surtout en Afrique du Sud, au Nigeria et en Iran. Dans un flash répercuté par bon nombre d'agences de presse internationales le 2 juin 2010, la direction d'Orascom estimait que la firme sud-africaine MTN lui a offert 7,8 milliards de dollars pour racheter Djezzy contre une estimation de la Deutsche Bank le 9 août 2010 de 3,6 milliards de dollars. Selon certaines sources, le gouvernement algérien, l'estimant entre 2 et 3 milliards de dollars et au maximum 4 milliards de dollars, a installé un comité au niveau du ministère des Finances pour étudier la question de l'évaluation du rachat en relation avec le gouvernement, et selon la déclaration du ministre en charge de ce secteur début septembre 2010, cette évaluation a été confiée à un bureau d'études algérien après avoir annulé en août 2010, un appel d'offres international pour la sélection d'un bureau international d'audit chargé d'évaluer Djezzy pour le compte du gouvernement algérien. Rebondissement, plusieurs médias arabes rapportaient dimanche 3 octobre 2010 que «le processus d'évaluation de la valeur de Djezzy, confié au cabinet algérien aurait a été suspendu». En même temps, l'agence Reuters, citant des traders, rapportait que la maison-mère de Djezzy, Orascom Telecom Holding, était proche d'un accord prévoyant la fusion de ses actifs avec le russe «Vimpelcom en vue du rachat de Wind», le troisième opérateur mobile italien et d'une participation de 51% dans Orascom Telecom, des transactions qui représenteraient au total 6,5 milliards de dollars (4,7 milliards d'euros). Ces différentes déclarations ont fait réagir le gouvernement algérien qui entend faire prévaloir le droit de préemption qui donne au gouvernement algérien la possibilité de racheter 51% au moins ou la totalité des parts détenues par OTH, soit près de 97%, les 3% du capital restant est détenu par le groupe privé Cevital. Ainsi le 5 octobre 2010, selon les responsables algériens, cités par l'APS les discussions amorcées entre Orascom Telecom (ORTE. CA) et Vimpelcom (VIP. N) ne modifient pas le projet de rachat par l'Algérie de Djezzy, la filiale locale d'Orascom. Pour le ministre algérien de la Promotion de l'investissement, ce sont deux opérations distinctes. La première concerne une transaction entre deux holdings internationaux et la seconde concerne une procédure de cession de droits d'une société de droit algérien officiellement engagée entre les deux parties suite à la décision de l'Etat algérien d'exercer son droit de préemption prévu par la législation nationale sur les cessions d'actions de la société OTA envisagée par la société mère. (A suivre) (*) Expert international