1) Quel est l'origine des ressources bancaires ? Les exportations pour 97,6 % en 2009 sont représentées par les hydrocarbures libellées en dollars, d'où l'importance d'être attentif aux fluctuations des taux de change au niveau international, les importations en euros avoisinant en moyenne 55/60 %. Les hydrocarbures représentent l'essentiel des exportations et la persistance des déficits publics a produit un système d'éviction sur l'investissement productif et une dette publique intérieure et extérieure épongée artificiellement par la rente des hydrocarbures. Devant être attentif pour toute analyse objective à la balance des paiements et non uniquement à la balance commerciale, le niveau de la dette extérieure à moyen et long terme est estimé à 3,92 milliards de dollars au 31/12/2009 (principal et service de la dette) et le montant poste assistance technique étrangère de 4 milliards de dollars en 2004 à 11 milliards de dollars entre 2008 et 2009. Le montant des réserves de changes, signe monétaire du à des facteurs exogènes et non signe du développement, composé des réserves de changes à hauteur de 46 % en dollars et à 42 % en euros, le reste étant constitué d'autres monnaies étrangères à l'image de la livre sterling et du yen japonais, dont 80 % environ placées à l'étranger, notamment en bons de Trésor américains et européens, ont été estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 et 138,35 milliards en 2008. Pour 2009, il existe une bataille des chiffres entre le gouverneur de la Banque d'Algérie et le ministre des Finances. Si, officiellement, le premier avance un taux de 148,9 milliards de dollars à la fin de décembre 2009, le second en revanche l'estime à 147,2 milliards pour la même période et le ministère de la Prospective annonce 150 milliards au 1er septembre 2010. Entre le chiffre du gouverneur de la Banque d'Algérie et celui du ministre des Finances il existe une différence de 1,7 milliard de dollars. Le déficit en matière de communication autour de ces réserves de changes inquiète les opérateurs économiques nationaux et internationaux. 2) Quel sont la structuration du système bancaire et le montant des surliquidités ? Les banques algériennes n'arrivent pas à concurrencer sérieusement leurs consoeurs marocaines et égyptiennes. Selon l'African Business de septembre 2010, dans son dossier «Africa's Top 100 Banks 2010», le nombre des établissements financiers algériens figurant dans le Top 25 ayant augmenté de 3 à 5 au cours de 2009, mais la répartition géographique des 40 banques nord-africaines retenues dans le classement comprend beaucoup plus les banques égyptiennes, marocaines et tunisiennes. Pour preuve, l'Egypte compte 12 établissements, la Tunisie 9, le Maroc 8, l'Algérie 7 et la Libye 4. Les banques algériennes sont donc largement distancées s'expliquant selon ce rapport par la qualité des services et le faible niveau de leurs investissements qui n'ont pas permis de gagner en croissance. Le système financier algérien est dans l'incapacité d'autonomiser la sphère financière de la sphère publique, cette dernière étant totalement articulée à la sphère publique dont l'Etat est actionnaire à 100 %, le privé local ou international étant marginal, et les dernières mesures contenues dans la loi de finances 2010 devraient encore le restreindre. Après plus de dix années d'ouverture, le marché bancaire algérien, selon le rapport de la Banque d'Algérie de 2009, se compose de six banques publiques et de quatorze banques privées, mais ne devant pas confondre l'importance du nombre de banques privées actives en Algérie, puisque 90 % du financement de l'économie algérienne, dont 100% secteur public et plus de 77 % secteur privé, se fait par les banques publiques avec une concentration au niveau des actifs de plus de 39 % au niveau d'une seule banque, la BEA, communément appelé la banque de la Sonatrach. Seulement 10 % du financement de l'économie est pris en charge par les banques privées (moins de 6.000 personnes sur un total d'emplois de plus de 35.000) avec une concentration de plus de 52 % toujours pour les actifs pour trois banques. Paradoxe, les disponibilités financières dans les banques algériennes sont actuellement évaluées à 1.000 milliards de dinars, selon le rapport de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF) en date du 15 septembre 2010, soit près de 95 milliards d'euros ou 133 milliards de dollars au cours de 2010. Mais du fait de la rigidité de la gestion, ce n'est pas parce qu'il y a des ressources que le financement est plus facile pour les entreprises souvent non bancables, les banques privilégiant l'importation. Ce qui suppose d'autres modes de financement sans, bien entendu, renier les instruments classiques, afin de dynamiser les projets facteurs de croissance dont le retour du capital est lent et dont la rentabilité n'est qu'à moyen terme. De ce fait, le passage du Remdoc au crédit documentaire Crédoc, introduit par les lois de finances 2009 et 2010 comme seul mode de financement, outre qu'il ne garantit pas la traçabilité existante déjà au niveau du Remdoc, procédure normale sous d'autres cieux, peut devenir d'une efficacité limitée pénalisant bon nombre de PME/PMI majoritaires en Algérie qui n'ont pas de couvertures financières suffisantes et obligeant bon nombre de grandes entreprises publiques, faute de management stratégique, à des surstocks coûteux. La raison fondamentale est que le système financier algérien bureaucratisé (guichets administratifs) est déconnecté des réseaux internationaux expliquant d'ailleurs le peu d'impact de la crise financière mondiale sur l'Algérie, encore ne faudrait-il s'en réjouir, démontrant une économie sous perfusion de la rente des hydrocarbures, les banques prenant peu de risques dans l'accompagnement des investisseurs potentiels. C'est ainsi que la Deutsche Bank, à partir de critères dont la stabilité macroéconomique et sociopolitique, la diversité et la solidité du secteur bancaire et financier, le climat des affaires, l'ouverture économique, le cadrage juridique des investissements étrangers qui, après avoir estimé dans son rapport de 2007 que l'Algérie est en passe de devenir une puissance émergente au sein de la région du Maghreb, revoit sa position dans son rapport de 2010 et déclassera l'Algérie, qui occupe dorénavant le dernier rang du classement des pays de l'Afrique du Nord, juste devant la Libye 3) Ne peut-on pas imaginer d'autres modes de financement pour dynamiser les PMI/PME ? En effet, se pose surtout l'urgence d'autres modes de financement qui répondent à la nouvelle logique d'un développement fiable. Le crédit-bail, qui est en fait une sous-traitance dans l'achat de biens et la gestion de prêts, peut être considéré comme un substitut de l'endettement tant des entreprises que des particuliers écartées des formes traditionnelles d'emprunt en raison de leur risque. Les petites et moyennes entreprises jouant un rôle vital dans le développement économique par l'accroissement de la concurrence, la promotion de l'innovation et la création d'emplois, sont souvent confrontées à plusieurs défis en matière de croissance, qui varient des environnements macroéconomiques peu favorables aux barrières administratives et à la bureaucratie. Toutefois, le plus grand obstacle demeure peut-être leurs capacités limitées à avoir accès aux services financiers. Les financements bancaires à long terme habituels sont généralement inaccessibles pour les PME, faute de garanties, ce qui rend les actifs mobiliers peu sûrs pour l'accès au crédit. Cette situation, ajoutée au niveau élevé des coûts de transaction liés à l'obligation de vigilance, amène les banques commerciales à continuer de privilégier les prêts aux marges, les entreprises bien établies. (A suivre) Abderrahmane Mebtoul,