Après la visite, la semaine dernière, des agents de la Direction du commerce de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, à quelques professeurs qui donnent des cours de soutien informels, et leur mise en demeure, plusieurs enseignants ont tout simplement décidé d'arrêter ces cours. «Ce sont les élèves les perdants», dira un enseignant de physique. «Pour l'enseignant, il pourra se contenter de donner des cours particuliers à domicile pour une catégorie bien déterminée d'élèves. Il aura la tranquillité, plus du gain et moins de fatigue», explique notre interlocuteur. En effet, pour ce professeur de lettres arabes, les cours en groupe coûtent moins cher aux parents que les cours particuliers. «C'est 400 à 500 DA par mois au lieu de 5 000 à 6 000 DA pour le même volume horaire», explique-t-il. «En plus, ces cours en groupe de 10 à 20 élèves reviennent plus cher aux enseignants qui sont obligés de louer des locaux, s'assurer de la sécurité et surtout veiller à la discipline», essaye de nous convaincre ce professeur de physique. «Les cours de soutien ne datent pas d'hier. J'utilise mon savoir pour leur être utile et je suis heureux quand le résultat est là», ajoute le professeur avec un large sourire. Les cours particuliers à domicile permettent la disponibilité totale d'un enseignant pour un groupe déterminé d'élèves. Le travail est adapté à leurs besoins», tient à indiquer un enseignant qui exerce ce métier chez lui depuis plus de 20 ans. Quant aux parents, ils ne semblent pas préoccupés par l'idée que leurs enfants puissent passer du temps en cours particuliers, ou de payer un plus, tant qu'ils renforcent leurs connaissances et les aident à réussir aux examens. Ali, un fonctionnaire dont le fils va passer le bac, est convaincu que ces cours auront l'effet escompté. «L'argent ou l'endroit où sont donnés ces cours ne m'inquiètent pas autant que la réussite de mon fils», dit-il. Pour de nombreux élèves, prendre des cours particuliers est la seule manière de rattraper le manque de concentration en classe à cause de l'encombrement et de la surcharge des programmes. Mourad suit des cours de soutien. Il déclare qu'il était très faible en mathématiques et a pu rattraper le retard en cette matière grâce aux cours de soutien. «Je suivais des cours chez mon professeur. Mis en dépit de cela, je n'arrivais pas à comprendre car le professeur se contentait de nous entraîner sur les examens que nous allions faire en classe. Maintenant après deux ans de cours de soutien, je peux passer en toute quiétude l'épreuve des maths au bac», s'exclame-t-il. Certes, cette activité n'est autre qu'un travail au noir alors que d'autres pensent qu'il s'agit d'un dispositif pratique et simple à utiliser pour sauver un élève «assiégé» par plus d'une dizaine de matières. Le soutien scolaire existe, a toujours existé de par le monde, note-t-on, et a toute pertinence à exister en complément de l'école. «L'interdire en cette période sans offrir en parallèle d'autres solutions est une agression et provocations», dira une élève de la terminale. Un élu et parent d'élève en 4eAM, a indiqué à ce sujet que le soutien scolaire a existé et existe exclusivement dans un cadre illégal, informel et que pour mettre fin à ce travail clandestin qui se fait à domicile ou dans des garages et des lieux inadéquats, il est primordial de proposer un service de qualité aux familles qui font appel à des enseignants. De plus, pour lutter contre ce travail non déclaré, les organismes doivent aussi être compétitifs. A cet effet, le soutien scolaire légal doit se professionnaliser pour gagner en qualité, tout en devenant accessible au plus grand nombre d'élèves et en fournissant du travail à de nombreux universitaires au chômage.