Cela se passe au cours d'un mois sacré, le dernier de l'année hégirienne et au cours duquel les plus fervents pratiquants, tous âges et sexes confondus, ont tenu à y aller comme pour payer une dette vis-à-vis de Dieu. Ceux que nous connaissons ou dont nous avons entendu parler ont pris soit la route, soit l'avion ou la mer pour s'y rendre. Les plus anciens qui n'avaient pas les moyens de se payer des billets, s'y sont rendus à pied. Cela leur a demandé des années de marche mais ils sont revenus chez eux en bonne santé et heureux d'avoir accompli un devoir sacré. On dit, d'ailleurs, que l'essentiel est d'avoir la foi et d'y aller pour dire qu'ils appartiennent à la catégorie des plus convaincus en Islam. A côté de ceux qui s'y rendent uniquement pour ces raisons de convictions religieuses, il y a ceux qui partent avec l'intention de s'enrichir en emportant dissimulées dans les vêtements ou les bagages des sommes faramineuses pour l'acquisition de bijoux or ou d'autres objets de valeur à revendre au retour, pour un enrichissement personnel. Que de pèlerins se sont fait arnaquer quand ils n'ont pas été eux-mêmes des arnaqueurs ! C'est, là, une catégorie de pèlerins comparables à ceux qui font le voyage pour seulement avoir le titre de hadj ou de hadja. Aujourd'hui, la mentalité veut que le hadj ou la hadja soit celui ou celle qui a les cheveux blancs. Parmi eux, il y a ceux qui obtiennent un voyage de pèlerins gratuitement grâce à l'organisme qui les a employés jusqu'à la retraite. C'est un cadeau de retraite. Le pèlerinage, une obligation et un événement importants Il l'est davantage pour celui qui s'y rend pour la première fois et avec ses propres moyens. Les plus anciens parmi nous qui ont accompli le pèlerinage gardent encore de vifs souvenirs du voyage et de tous les rites accomplis en cette heureuse occasion. Lorsque la discussion est orientée vers ce domaine de prédilection, ils vous parlent de recommandations incessantes qui leur avaient été données par leurs proches qui en avaient déjà une expérience. Cela consistait en des règles de sécurité pour l'hébergement, les déplacements, la pratique des rites sacrés, les bagages, les prières, l'habillement, les relations avec l'entourage. Il est important de suivre à la lettre les conseils donnés pour qu'on en reste marqué à vie en n'en gardant que de bons souvenirs. Quand on en revient, on est une autre personne devant mériter tous les égards. On se fait appeler hadj, et ce titre honorifique se greffe à son prénom, même au-delà de la mort. Le retour du pèlerinage est suivi d'une grande cérémonie au cours de laquelle tous ceux qui viennent dire : «Mabrouk el hedj», prennent part à un repas des grands jours. Les plus proches ou les amis intimes offrent au nouveau hadj un cadeau dont la valeur est proportionnelle au degré de parenté ou d'amitié. Ce dont on se souvient le plus Les souvenirs de pèlerinage sont plus ou moins merveilleux. Un témoin rapporte qu'une femme âgée mais très solide, venait chez sa tante alors qu'il était enfant. Comme c'était une hadja, elle avait dans ses affaires quelques souvenirs des lieux saints. Une fois, dit-il, elle nous a montré une bague qu'on avait fini par appeler «bague magique» parce qu'on n'en avait pas vu de pareille. Cette bague portait une pierre transparente au travers de laquelle on pourrait voir La Kaâba. On se la passait plusieurs pour voir cette Kaâba très lointaine pour nous, mais très importante pour un bon musulman à qui on a raconté que c'est à Sidna Adem que (QSSSL) Dieu a révélé La Kaâba considérée comme le centre du monde. Le Tout-Puissant Lui a aussi inspiré l'endroit où doivent se faire les rites pour devenir ensuite «hanif», c'est-à-dire quelqu'un qui est sur le droit chemin. A l'angle de La Kaâba, se trouve une pierre noire qui remonte à l'origine de l'humanité. Elle était blanche lorsqu'elle était arrivée du paradis avec Adam (QSSSL) et elle est devenue noire par les péchés des fidèles. D'après les connaisseurs, il paraît qu'il existe une Kaâba céleste autour de laquelle tournent les anges. Embrasser la pierre est un acte d'allégeance ou de sacralisation au cours des sept tournées autour de La Kaâba. Par cet acte de sacralisation appelé «Ihram», on entre aussi dans la symbolique de la purification marquée par le tawhid au sens de consécration pour un Dieu Unique. Lors du pèlerinage à La Mecque, tous les pèlerins grimpent sur le Mont Arafat ou Djebel Rahma. C'est ce jour-là que Dieu s'est manifesté par Sa miséricorde. Chaque pèlerin fait l'effort d'y arriver pour bénéficier de cette miséricorde en invoquant Dieu, de manière répétitive par la profession de foi : «Il n'y a de Dieu que Dieu, Mohamed (QSSSL) est son prophète». Lors des tours autour de La Kaâba on répète aussi «Labaïk» signifiant «nous sommes auprès de Dieu». Ce qui nous émerveille aussi, c'est l'eau du Bir Zamzam que chaque pèlerin rapporte en quantité variable la baraka est telle que ce puits ne se vide jamais, dans un pays où il ne pleut jamais. Une «ichara» supplémentaire pour ceux qui continuent de douter. Mais d'où vient l'appellation Zamzam ? Ce à quoi un des pèlerins rencontré nous dit qu'il signifie : «Calme toi». Ismaïl a eu soif quand Gabriel envoyé par Dieu, lui indiqua la source d'où a jailli miraculeusement l'eau destinée à étancher la soif d'Ismaïl et des millions de pèlerins qui défilent chaque année devant ce qu'on a appelé «puits de Zamzam».