En Algérie, l'Achoura revêt une signification spirituelle mais aussi sociale. C'est aussi un jour de partage et de charité. Achoura, dérivé de «achara», qui signifie dix, correspond au dixième jour du mois de Mouharam, premier mois de l'année hégirienne. La genèse de cette tradition religieuse remonte à l'époque où le Prophète Mohamed, que le salut et la paix soient sur lui, dû fuir l'hostilité des Arabes de La Mecque pour se réfugier à Médine. Il y trouva une communauté juive qui observait un jour de jeûne. Curieux de la pratique des autres croyants, le Prophète leur en demanda la signification (selon la version la plus répandue du hadith), ils répondirent qu'ils commémoraient ainsi la sortie d'Egypte des juifs sous la conduite du prophète Moussa, expliquant que Dieu lui a inscrit un jour de jeûne pour célébrer le triomphe sur leur ennemi (Pharaon d'Egypte). Le prophète Mohamed affirma être plus en droit que les juifs de jeûner ce jour là. «Nous avons plus le droit et nous sommes plus proches de Moussa que vous», telle fut la réponse du Messager d'Allah (QSSSL). A compter de ce jour-là, le Prophète observa ce jeûne prescrit aux juifs et conseille à ses compagnons de jeûner : «Dieu pardonne les péchés d'une année passée à quiconque jeûne le jour de Achoura», dit le hadith. Sous le règne du Calife Omar, lorsque le calendrier musulman fut instauré, ce jour de jeûne coïncida avec le dixième jour (Achoura) du mois du premier mois (Mouharam) de l'année hégirienne. A la fin de sa vie, le Prophète décida de ne plus le jeûner seul, mais d'y ajouter un jour, afin de faire le contraire des Gens du Livre dans leur jeûne. Un hadith rapporté par Mouslim mentionne une déclaration d'intention du Prophète à propos du mois de Mouharam : «Si je vis jusqu'à l'année prochaine, j'observerai aussi un jeûne le neuvième jour», pour éviter que soient confondues les traditions musulmane et juive. Le Prophète n'aura pas l'occasion de traduire son intention en pratique puisqu'il décéda. Mais, sa déclaration fait du neuvième jour de Mouharam un jour de jeûne pour les musulmans. Le jeûne du Mouharram a lieu donc le neuvième jour (Tasou'ah) et le dixième jour (Achoura) du premier mois du calendrier hégirien. Certains commentateurs interprètent la décision du Prophète comme une volonté de laisser un culte pur et authentique. En effet, c'est un jeûne largement observé par les musulmans car vivement recommandé. Néanmoins, il reste un jeûne surérogatoire à la différence du jeûne du Ramadan qui est obligatoire. Ce dernier est directement institué dans le Coran comme un acte de piété déjà prescrit aux croyants qui ont précédé l'enseignement du Prophète de l'Islam. En Algérie, l'Achoura revêt une signification spirituelle mais aussi sociale. C'est aussi un jour de partage et de charité. Elle rappelle l'obligation de faire l'aumône, de s'acquitter d'une contribution matérielle, la zakat, destinée à assister les pauvres. En effet, la plupart des Mouzakine préfèrent s'acquitter de ce devoir religieux le jour de l'Achoura mais cela reste une simple tradition puisque la zakat est recommandée une fois que le nissab est atteint et qu'une année se soit écoulée, depuis.