Elle a, notamment, appelé à la liberté d'expression sur laquelle est fondée la démocratie. «Je crois en les droits de l'homme et en la règle», a-t-elle déclaré. Mais une question demeure : est- ce que Aung San Suu Kyi est réellement libre de ses faits et gestes ? Selon un cadre du régime birman, Aung San Suu Kyi a été libérée sans condition. Elle serait, donc, totalement libre. Ses avocats avaient assuré qu'elle ne signerait jamais de lettre l'engageant à renoncer à toute vie politique. Donc légalement, du moins, elle devrait pouvoir s'exprimer comme elle le souhaite mais cela ne dit pas si la junte va la laisser organiser des meetings, si elle va pouvoir reformer son parti qui a été dissous, ou si elle va pouvoir circuler dans le pays comme elle le souhaite. Lors de sa précédente libération, ce n'était pas le cas. Aung San Suu Kyi ne sera donc pas totalement libre, elle sera toujours extrêmement surveillée. Avec le risque de se voir enfermée à nouveau si l'une de ses initiatives déplaît au régime militaire. On se demande comment la junte va réagir, par exemple, si l'opposante condamne les élections, ce processus de transition controversé et enclenché dimanche dernier par le régime. Ces 20 dernières années, la junte a toujours trouvé de nouvelles excuses pour la faire taire. Une popularité intacte Malgré toutes ces années et coupée du monde, Aung San Suu Kyi est restée l'icône de la démocratie. Son combat, ses sacrifices pour son pays lui attirent un immense respect et une grande admiration de la part des Birmans. Sa libération les a, d'ailleurs, bien plus passionnés que le scrutin de dimanche dernier. Mais il ne faut pas oublier qu'Aung San Suu Kyi a été totalement isolée pendant 15 des 21 dernières années, isolée des nouvelles problématiques de son pays. «Nous devons travailler ensemble, à l'unissons», a déclaré Aung San Suu Kyi. Elle va, donc, devoir reconquérir la jeunesse birmane qui la connaît à peine. Mais aussi se réconcilier avec une frange de l'opposition, celle qui a choisi de se présenter aux élections de dimanche dernier. Et qui est, parfois, en désaccord avec ses idées. Le principal parti de l'opposition s'est dit, d'ailleurs, prêt à travailler avec elle et même à l'accueillir à bras ouverts comme leader si elle le souhaite. «Tout dépend d'elle», a confié son porte-parole.