Cet agent intime l'ordre de rebrousser chemin à toutes autre personne qui entend faire hospitaliser un proche dans le besoin de se faire assister dans les plus brefs délais. Ce sont les instructions de la direction. Même si des malades sont sur le point de mourir, il faut patienter dehors jusqu'à l'arrivée d'une ambulance qui se chargera de les évacuer vers les services. Compte tenu de la grande pagaille qui existe à l'intérieur du centre hospitalier de Constantine, la mesure prise est une bonne initiative mais son application ne peut pas être aussi aveugle et surtout aussi humiliante qu'elle ne l'est vis-à-vis de plusieurs citoyens. Encore moins à l'égard de ce haut cadre de la nation, ancien sénateur de la République et directeur de l'établissement, il y a quelques semaines seulement. Un directeur, sénateur qui vient donc de découvrir son nouveau statut, invité à rentrer en groupe dans la basse-cour ouverte pour toux ceux qui se présentent devant la porte de cet établissement. Malades ou accompagnateurs sont tous logés à la même enseigne. Celle qui n'a pas encore le temps de s'y habituer a été plus surprise quand elle a été intimée de quitter le logement dans lequel elle était réfugiée, et ce exactement le jour de l'Aïd. Pourtant, elle préserve toujours son statut de professeur en pédiatrie et son ministre lui a conservé la qualité directoriale en le mutant à la tête d'un grand hôpital à Annaba. Ses anciens collaborateurs n'ont pas bénéficié du même égard. Le secrétaire général de l'hôpital, le directeur de l'administration générale et d'autres ont été relevés de leurs postes, les uns versés à la retraite et les autres sans destination précise. Comme s'il faut s'inscrire dans le cadre d'une nouvelle formule de la triste «Bleuite» devant liquider tous ceux qui ne s'agenouillent pas dès l'apparition du chef. Pour le moment, ils refusent tous de commenter l'affaire. Le professeur Zermane, cet ancien directeur, semble décidé de ne pas rejoindre son nouveau poste à la tête de l'hôpital d'Annaba. On le dit profondément frustré et il est certain qu'il préfère rester en dehors de la basse-cour, qualifiée d'atteinte à la santé publique. Il semblerait qu'une patiente aurait rendu l'âme en attendant l'ambulance devant l'hôpital. Effectivement, la pollution est trop avancée et tout indique que les vaccins sont plus mortels pour toute cette population.