Réalité n La dégradation du système de santé est de plus en plus ressentie et subie par le malade. Il doit affronter une situation insoutenable. En plus du stress de la maladie et des soins, il est contraint de subir toutes les péripéties de son hospitalisation. Partout, des associations déplorent, des pétitions circulent, initiées aussi bien des professionnels que des malades détenant des témoignages probants. Ce qui a, semble-t-il, fait prendre conscience aux autorités sur la gravité de la situation. Les déclarations de Saïd Barkat, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, fraîchement installé, sont, en tout cas, plus que significatives. Il a reconnu d'énormes retards dans la réhabilitation de certains services, en dépit de la disponibilité des moyens. Mais aussi de «mauvais agissements dont le mauvais accueil réservé aux citoyens et les absences». Un laxisme qui est loin de se limiter au non-respect de l'emploi du temps. En effet, dans nos hôpitaux, les malades sont presque exclusivement examinés par les résidents. Les assistants et les chefs de services sont, le plus souvent, portés aux abonnés absents. Ils n'hésitent, cependant, pas à faire quelques apparitions en affichant beaucoup de dévouement envers certains privilégiés. Dans un milieu hospitalier, le personnel soignant est là pour aider, informer et rassurer le malade. Or, les interminables files de patients qui garnissent toutes les matinées les entrées des services, donnent le sentiment d'un abandon qui domine. Certains vont même plus loin en avançant que si les données sur les erreurs médicales restent rares, ce n'est que pour occulter ce dysfonctionnement. «C'est un point très sensible. Il existe une solidarité remarquable dans la corporation. C'est la raison pour laquelle on entend rarement parler d'erreur médicale», affirme Abdelmajid Si Bachir, président de la commission nationale de la santé et des droits des malades. Ces erreurs, dont on ne parle jamais, sont une épreuve très contraignante pour le patient et sa famille. Ce dernier, faute de moyens, de temps et d'expertise, finit par se montrer fataliste pour se rabattre sur la foi et se résigner à son sort. Beaucoup de faits ne plaident pas en faveur de notre système de santé qui a besoin d'être repensé, réorganisé et modernisé. Du point de vue du budget, il faut dire que les autorités ne lésinent pas sur les moyens, puisque pas moins de 125 milliards de dinars ont été alloués au secteur dans le cadre du programme quinquennal 2005/2009. Une enveloppe qui peut, dans une certaine mesure, combler une partie des lacunes constatées.