On annonce des détournements dans les banques avec des montants qui donnent le vertige ; on annonce des descentes des forces combinées de la police et de la gendarmerie dans toutes les régions d'Algérie ; on annonce également de multiples émeutes qui se terminent par des affrontements entre les forces de sécurité et les jeunes émeutiers. Sont-ce ainsi les nouvelles préoccupations qui vont rythmer notre futur avec de nouveaux concepts ? Dans les préoccupations journalières centrées plus particulièrement sur les difficultés à joindre les deux bouts, dans les discours officiels des autorités publiques, il n'y a plus d'indices visibles et audibles qui viennent nous rappeler qu'hier encore, l'actualité était rythmée par les annonces des massacres. Les quelques embuscades et assassinats rapportés par la presse privée peuvent peut-être réintroduire le doute et altérer les certitudes, mais l'impression existe selon laquelle la violence ne connaîtra plus une montée en puissance pour réatteindre les pics des années 1990. Tous les concepts utilisés en liaison avec la tragédie sont de plus en plus abandonnés. Serait-ce un début d'amnésie que nombre d'observateurs considèrent comme naturel dans un contexte où les problèmes de la quotidienneté prennent le pas sur les difficultés vécues, ou alors le début de la décantation consécutive à la démarche de la réconciliation nationale ? Peut-être sommes-nous en train de sortir d'une insécurité terroriste pour entrer dans les insécurités sociales, avec la seule différence que les auteurs de cette dernière ne cherchent pas à se saisir du pouvoir, mais à devenir des pouvoirs parallèles dans les zones de non-droit qu'ils s'efforcent de dessiner. S. I.