Celle-ci a été qualifiée de grave problème de santé publique et une des principales causes des souffrances humaines. Plus d'une centaine de communications, autant en posters, suivies de riches débats ont animé les deux premiers jours de la 27e édition du Congrès national d'ophtalmologie. Organisé à Annaba du 9 au 11 décembre par la Société algérienne d'ophtalmologie (SAO), il a vu la participation de plus de 500 spécialistes des secteurs public et privé venus des différentes régions du pays. Cette rencontre scientifique a mis en relief la place que cette spécialité médicale occupe dans les mécanismes de la santé nationale. Les termes de l'allocution d'ouverture prononcée par le Dr Aïlem, président de la SAO, ont été révélateurs de l'ampleur de la mutation de l'ophtalmologie en Algérie. Des termes à la mesure de l'événement, à même de permettre aux praticiens de mieux peaufiner leur faculté à s'adapter au changement des modes d'intervention, de soins et des médicaments. «La perte de productivité ainsi que la réadaptation et l'éducation des aveugles constituent un lourd fardeau économique pour la personne touchée, sa famille et la société», souligne le ministère de la Santé, de la Population et de la Reforme hospitalière (MSPRH). Malgré le rituel paroissial caractérisant la manifestation, les praticiens sont rapidement entrés dans le vif du sujet. C'est-à-dire soulever des questions et trouver des réponses aux 3 thèmes retenus pour ce congrès : «Œil et diabète», «Glaucomes» et «Chirurgie de la cataracte». Pour s'inspirer, ils avaient le tableau des pathologies oculaires facteurs de cécité. Etabli par le MSPRH, il précise que la population adulte de 40 ans et plus est atteinte à 13,8% de cataracte, 4,6% de glaucome, 2,4% de rétinopathie, 2,1% de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) et 1,7% de pathologies de la cornée. Le ministère, qui avance le chiffre de 168 547 handicapés visuels recensés en Algérie, souligne que ce nombre est appelé à augmenter pour atteindre 199 486 en 2020 et 212 264 en 2025. Pour les participants au congrès, ces deux derniers chiffres peuvent être évités pour peu que soit mis en œuvre des programmes de soins oculaires nationaux et durables ayant pour base le contrôle de la maladie, le développement des ressources humaines et le développement des infrastructures d'accueil et de soins. De l'impressionnante quantité de sujets débattus, se dégagent des éléments essentiels de travail pour mieux appréhender les pathologies dont celles des baisses brutales de la vision, les cataractes au titre de première cause de cécité dans le monde, le strabisme chez l'enfant, la cécité et sa prévention, la chirurgie réactive, la reconstruction des paupières, l'œil et le diabète, la rétinopathie diabétique… A ce rendez-vous ont également participé, des praticiens tunisiens et français. Les premiers ont défendu leurs approches autour de la reproductibilité de la greffe lamellaire totale non perforante et la greffe de la cornée, les seconds sur les antibiotiques, les particularités de l'azithromycine, le traitement des conjonctivites bactériennes, des blépharites et rosacées, les solutions thérapeutiques à l'œil sec... Au fil des communications, l'on a relevé que certains intervenants laissaient passer des messages stratégiques à destination des décideurs. «La vue, c'est la vie», affirmaient-ils tout en soulignant la nécessité de mettre à la disposition des ophtalmologues algériens les moyens adéquats pour des interventions pointues et pour une meilleure prise en charge des patients. A ce congrès, on a touché à tous les domaines de la vision. Ce qui a permis de forcer plus avant les connaissances et mettre en évidence toute une architecture d'interventions de la prévention jusqu'aux greffes. Les organisateurs de la manifestation, dont le Dr Aïlem, président de la SAO, et les co-présidents, Dr Boukoffa Lahlou, Dr Oudjani et Dr Beddiar Boulaneb, ainsi que les membres de la société savante d'ophtalmologie, ont fait les choses en grand. Rien n'a été négligé pour le succès de ce rendez-vous. Il précède d'une année le 11e congrès méditerranéen d'ophtalmologie qu'abritera du 1 au 3 décembre 2011, l'hôtel El-Aurassi à Alger. Là aussi, les ophtalmologues de plusieurs pays riverains de la Méditerranée uniront leurs forces pour appeler au développement des moyens de lutte contre la cécité. Ils aborderont également la chirurgie réfractive, les cataractes, les glaucomes, la rétine médicale et chirurgicale, les inflammations, orbite et annexes, la neuro-ophtalmologie et les strabismes.