Le mot «barbare», à la connotation péjorative, vient des anciens Grecs et Romains, très peu disposés aux langues étrangères et souvent assimilées à une succession de syllabes mal articulées : bar-bar-bar... Entre Grecs et Romains Pour les habitants de la Grèce, c'était la langue qui marque la véritable frontière entre le monde ou règne, selon eux, la civilisation et la sauvagerie car, elle seule permettait de raisonner et de faire œuvre d'esprit et de discernement. Après la conquête romaine des cités grecques, la langue latine et la frontière des limes deviennent les nouvelles frontières du monde connu alors. Ce monde englobait les territoires du Bassin méditerranéen, les terres situées au-delà, à l'est et à l'ouest, ainsi que nord du Vieux Continent. Cependant, les Romains, qui devinrent, à force de conquêtes ininterrompues par la force de leurs légions et le génie de leurs chefs militaires – sans oublier le rôle du Sénat -- étaient pour ainsi dire plus pragmatiques que les Grecs. En effet, l'intégration d'un nouveau territoire au sein de l'Empire romain offrait à sa population – déjà nombreuse et atteignant, peut-être 80 millions d'habitants -- par le biais de la politique de la «romanisation» (le fameux Mare Nostrum), l'accès au monde civilisé. Le pragmatisme romain Ainsi, cet état de fait poussait toujours les Romains jusqu'à payer les Barbares afin de ne pas envahir l'Empire et même à les embaucher comme mercenaires pour protéger le limes... Ainsi, du Ier au IVe siècles de l'ère chrétienne, la romanisation débordait le limes et atteignait les peuples dits barbares qui s'était, déjà, installés aux frontières des territoires de la puissante cité latine. Des Barbares qui, grâce à leur talent militaire immense et à leur bravoure, étaient intégrés à l'Empire romain et devinrent, par la suite, des «Barbares impériaux». Lesquels étaient particulièrement appréciés par les empereurs romains successifs, car ne risquant pas de les détrôner, n'étant pas citoyens romains... A la fin de l'Empire romain (vers 476 après J.-C., la situation était vraiment paradoxale. Le haut commandement militaire était, alors, aux mains de généraux barbares qui avaient participé de façon active à l'avancée des légions dans les différentes terres et participé aux conquêtes de nouveaux territoires ou, tout au moins, à leur défense, contre de nouveaux envahisseurs. Les invasions barbares, entre migrations et stratégie romaine C'est à partir du IIIe siècle de l'ère chrétienne que le fameux limes avait subi les assauts répétés de nombreux peuples qui vivaient à l'extérieur de l'Empire romain, dans ce qu'on appelait, alors, le «Barbaricum» et venus piller les riches provinces romaines. Ainsi, ces premières incursions avaient fait naître un sentiment d'insécurité dans tout l'Empire, des remparts se hérissaient autour des villes, et des régions étaient quasiment désertées. Les peuples barbares étaient alors recrutés pour repeupler et cultiver les terres abandonnées ou ravagées par la guerre et les épidémies. La politique des Romains vis-à-vis des Barbares, malgré tout, n'était pas tranchée, alors, comme en témoignent les différents statuts que crée pour eux l'Empire romain : déditices (Barbares vaincus) et lètes (Barbares immigrés pour repeupler). Ces installations encourageaient, donc, un phénomène d'acculturation réciproque, plus complexe que la romanisation elle-même. A la fin du IVe siècle, par un jeu de dominos dont l'origine reste encore obscure, les peuples vivants aux marges de l'Empire romain, en Asie Mineure, se déplaçaient peu à peu vers l'ouest, poussés par d'autres peuplades migratoires comme les Huns venus de l'est. Cependant, le flot de migrants était, à cette époque-là, considérable et se comptait en milliers d'individus au minimum. Mais accueillir coûtait moins cher à l'Empire que de repousser indéfiniment ces groupements humains et les nouveaux arrivés... Un est, alors, créé pour l'occasion, accordant plus de liberté aux Barbares qui conservaient ainsi leur roi et leur aristocratie sur un territoire octroyé par l'empereur romain, devenant, ainsi, des Barbares fédérés. Ces Barbares fédérés servaient dans l'armée romaine vivaient aux crochets de l'Empire qui, lorsqu'il cessait de les nourrir, s'exposait à de violentes représailles de leur part. Ce fut le cas, par exemple, en 410, lorsqu'Alaric, roi des Wisigoths parvint facilement à s'emparer de la capitale, la grande Rome. Entre écrits romains et archéologie Selon l'archéologie et les écrits romains, les Barbares étaient en moyenne de grande taille et cela était dû à leur régime alimentaire plus riche en produits laitiers. Leur pilosité n'était pas une norme et ils pouvaient se raser comme s'enduire la chevelure d'une lotion à base de beurre... Ils se sont, également, fait les promoteurs du pantalon, les braies, adoptées à la fin de l'Empire par les Romains car plus pratique pour combattre. En matière d'armement, les Barbares n'arboraient pas une grande hache à deux lames, mais plutôt une francisque, hache courte à simple lame utilisée en arme de jet comme en témoignent les sépultures. L'épée à longue lame forgée dans un alliage souple et solide surclassait largement le glaive court des légionnaires romains et constituait, en outre, un objet précieux et socialement distinctif tout comme le cheval peu utilisé en combat. Enfin, l'utilisation de fibules raffinées et ornées de grenat permettait de nuancer grandement l'image de guerriers sanguinaires, capables de commercer avec les lointaines terres afin de faire venir ces pierres précieuses. (A suivre)