Nul n'est prophète en son pays, dit-on. Cela s'applique parfaitement à Saâdane dont les compétences sont avérées et reconnues de tous. Sorti par la petite porte, il rentre par la grande au Yémen où il est adulé. Abhorré en Algérie malgré un palmarès étoffé, il est vénéré dans ce pays où il a laissé de très bonnes impressions après un premier passage à la tête de la sélection yéménite. Evoluant sur un terrain miné en Algérie, il a fini par «sauter» mais il fut vite récupéré par le Yémen qui a saisi l'occasion au vol. Loin de son pays, Saâdane peut s'exprimer aisément et étaler son savoir-faire pour donner le plus à la sélection yéménite. Il n'est pas le seul à avoir pris le bâton de pèlerin pour partir exercer ailleurs. Plusieurs entraîneurs algériens, dépités par les conditions de travail dans leur pays, émigrent sous des cieux cléments et laissent éclater leur compétence. L'actuel entraîneur de l'équipe nationale, Abdelhak Benchikha a vécu cette expérience et même réussi à remporter le championnat de Tunisie avec le club africain. Belhout, Aït Djoudi et Bira, pour ne citer que ceux-là, ont aussi connu les mêmes mésaventures en Algérie. Ils ont même failli quitter le milieu n'était-ce leur amour pour le football et leur ténacité malgré les conditions exécrables dans lesquelles ils exerçaient. Il faut dire que nos entraîneurs sont bien cotés à l'étranger et leur valeur intrinsèque bien reconnue de tous sauf dans leur pays où le résultat immédiat prime sur les compétences. A se demander pourquoi ils acceptent de travailler en Algérie, dans les conditions que tout le monde connaît, alors que dans d'autres pays, ils sont non seulement bien rémunérés mais jouissent aussi d'une grande estime. Saâdane, comme tous les autres entraîneurs, a bien compris qu'il ne sera jamais prophète dans son pays malgré une réussite que personne ne pourra jamais lui contester.