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Grande affluence pour Achoura: Entre mendiants et... professionnels
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 01 - 2009

On les retrouve partout : aux feux de signalisation, à l'entrée des mosquées, des écoles, des restaurants et des arrêts de bus. Certains vont même jusqu'à faire du porte-à-porte...Ces mains qui se tendent pour demander l'aumône.
Signe extérieur de pauvreté ou un phénomène social qui tend à devenir une activité bien organisée, la mendicité prend des proportions jamais égalées, ces dernières années. Quant aux citoyens, ils sont quotidiennement « agressés » par des scènes dramatiques de familles entières dans les rues s'adonnant à la mendicité, aux mamans avec enfants abandonnés sur les trottoirs.
Des femmes très jeunes, avec des enfants, souvent avec des bébés de quelques mois, voire d'à peine une semaine, ainsi que des adolescents, envahissent chaque matin les artères de la ville d'Oran à l'instar des grandes villes d'autres wilayas. La majorité sont venus d'autres villes, voire de wilayas lointaines. Adossés aux murs ou couchés à même le sol, ces quémandeurs mettent à terre tout le paquetage : bébés, couches, biberons, boîtes de lait, ordonnances, boîtes de médicaments... avant d'entamer leur litanie. Ultime échappatoire, pour certains citoyens excédés par la misère de la vie quotidienne, le chômage et la précarité, moyen de doubler ses gains pour d'autres, peu importe la définition, la mendicité demeure, pour ces passants, le reflet de la misère sociale qui s'est emparée de certains couches sociales. A Oran, ils sont des dizaines à squatter régulièrement les trottoirs. Des personnes âgées, handicapées, des femmes et enfants en bas âge. Chacun à sa manière aborde les passants et arrivent parfois même à les agresser, jusqu'à ce que la personne cède. A la veille de Achoura, nombreux sont les mendiants qui ont déserté leurs endroits habituels. Ce n'est pas une simple coïncidence. Durant cette période, ils changent carrément de zone. Alors, c'est vers les banques, devant les grands magasins, les usines et certains quartiers huppés qu'ils se dirigent. Sans aucun état d'âme, ils frappent aux portes des gens aisés pour « exiger » la Achoura. Jadis limitée aux personnes âgées et aux invalides, cette « profession » s'est élargie aujourd'hui pour recueillir toutes sortes de catégories. Les jeunes ne se gênent plus, malgré leurs bonnes conditions physiques à aborder les gens en plein rue ou à frapper carrément aux portes.
Des vieux, des jeunes, des enfants, des femmes... chaque catégorie possédant ses propres méthodes pour influencer les âmes charitables, des prières et des souhaits à volonté qui varient selon l'éventuel donneur. Ils s'assoient à même le trottoir, récitant d'une voix rauque des litanies à faire fondre les coeurs les plus « noirs ». Ce qui est étonnant est que ces mendiants refusent parfois de prendre ce que les gens veulent leurs donner comme nourriture ou vêtement et disent que c'est juste d'argent dont il ont besoin. À l'instar des autres professions libérales, le «métier de la main tendue» a également été clochardisé, à tel point qu'il n'est plus possible de discerner celui qui y a recours par besoin et indigence réelle de celui qui en fait un apport financier d'appoint ou tout simplement une profession rentière sans mobilisation préalable du moindre capital ! Un métier «libéral», sans impôts ni horaires fixes, particulièrement lucratif. Qui croire et qui mérite vraiment la charité ?
Un «métier» de femmes, avec les enfants
Les femmes qui activent dans ce « domaine » sont plus nombreuses que les hommes. Elles se disputent les places stratégiques. A longueur de journée, ces jeunes femmes mendiantes, habillées en loque, traînant des enfants aux mines crasseuses et aux habits écorchés parcourent les places publiques, les cafés et les restaurants pour demander l'aumône. En effet, il existe trois niveaux de mendicité : la mendicité professionnelle, la mendicité exploitant autrui (enfants, personnes âgées) ou un handicap et la mendicité de nécessité. La pauvreté est citée en premier dans les causes qui poussent à la mendicité. Pour le reste, c'est plus l'handicap, la maladie ou le manque d'opportunités d'emploi qui sont évoqués.
Les femmes font de leur statut un atout pour toucher la sensibilité des gens. Certaines utilisent leurs enfants pour avoir plus de chance de convaincre les gens de leurs besoins. D'autres louent carrément des enfants pour mendier. Les enfants handicapés sont les plus sollicités. Ce genre de pratiques bien que interdit par la loi prend de l'ampleur et les mendiants professionnels s'organisent de plus en plus dans des réseaux. Des réseaux qui emploient surtout les femmes et les enfants. A leur tour, les enfants ont leur part dans ce genre de pratiques. Même s'ils ne sont pas responsables de leurs actes, il n'en reste pas moins qu'ils savent très bien jouer de leur innocence. D'autres encore, sans pudeur, en donnant le sein publiquement au bébé, qui ne dépasse pas les 20 jours, dans certains cas, supplient les passants, grouillants et indifférents, dans des scènes écoeurantes. L'utilisation des enfants par les mendiants et plus particulièrement les femmes est un phénomène qui prend de l'ampleur dans la ville d'Oran, selon les enquêtes diligentées par la section chargée de la protection de l'enfance de la Sûreté de wilaya. En effet, rappelle-t-on, les caméras de surveillance installées dernièrement par la Sûreté de wilaya au niveau de plusieurs quartiers de la ville d'Oran seront désormais exploitées par le dispositif de lutte contre l'utilisation des enfants par les mendiants dans la capitale de l'ouest. Dans ce cadre, une mendiante de 34 ans utilisant ses deux enfants âgés respectivement de 7 ans et de 10 mois a été interpellée le mois dernier. Ce qui a motivé le recours aux données fournies par ces outils technologiques de surveillance. La mise en cause, chez qui une somme de 7.250 dinars représentant les gains engrangés durant sa «journée de travail», a été écrouée sous les chefs d'inculpation d'exploitation d'enfants en bas âge à des fins de mendicité. La jeune femme, habitant la ville d'Arzew, fait quotidiennement des navettes jusqu'au quartier populaire d'El-Hamri. Au mois d'août dernier, une mendiante de 18 ans, qui activait au niveau de la gare routière du quartier des «Castors» utilisait quant à elle, ses deux frères et le fils de l'une de ses voisines. L'observation de ses mouvements révélés par les caméras de surveillance a mis à nu le stratagème qu'elle adoptait. Avant d'entamer sa journée, la jeune femme prenait le soin de s'habiller ainsi que les trois enfants d'accoutrements misérables pour attirer sur son sort l'attention des bienfaiteurs potentiels. Une fois sa journée bouclée, elle remet ses habits avant de revenir le lendemain au même endroit et avec les mêmes accoutrements, selon des sources de la Sûreté de wilaya qui compte intensifier les actions de lutte contre ce phénomène et endiguer sa prolifération, notamment que la mendicité n'est pas sans conséquences pour ces enfants.
Quel avenir pour ces gosses ? Ils n'ont aucun métier et ne savent ni lire, ni écrire. Vont-ils à leur tour tendre leur main pour gagner leur vie ? Ils n'auront certainement plus de place.
Une enquête sur les mendiants
D'autre part et dans le cadre de la volonté des autorités locales à endiguer le phénomène de la mendicité, plusieurs opérations de ramassage de mendiants, initiées conjointement par le Croissant-Rouge algérien d'Oran, les services de la direction de l'Action sociale et ceux de la police, ont été effectuées en 2007 dans les principales artères de la ville d'Oran, principalement ses rues «vitrines», Khémisti, Arzew, Front de mer, Mostaganem, où pullulent ces professionnels de la manche. Une centaine de mendiants ont été répertoriés dans le cadre de cette action qui n'a pas connu de suite en 2008, selon une source du Croissant-Rouge algérien d'Oran. La nouveauté dans ces opérations est à chercher du côté des mesures légales prises, puisqu'une dizaine de mendiants ont été arrêtés et poursuivis par la justice. D'autres, notamment les SDF (sans domicile fixe) ont été placés dans Diar Er-Rahma. Qui ne se rappelle pas de la fameuse mendiante qui opérait aux alentours de la maison d'arrêt d'Oran et qui avait en sa possession, le jour de son interpellation, une somme de plus de 26 millions de centimes ? Cette dernière a été placée à Diar Er-Rahma. Si les premières opérations se sont soldées par l'arrestation de plusieurs mendiants, ces derniers ont en quelque sorte déserté leurs endroits, et la propagation de l'information a fait penser à l'existence de véritables réseaux de la mendicité. Une «mendiante» s'est même fait prendre un téléphone portable sur elle, ce qui conforte l'hypothèse d'une réelle organisation de la mendicité à Oran, doublée de l'exploitation d'enfants en bas âge. Ses sorties ont révélé que certains mendiants organisés en réseau font des dizaines de kilomètres quotidiennement pour arriver à Oran pour mendier, à l'instar d'une femme et de sa fille qui viennent quotidiennement de la wilaya de Chlef pour demander l'aumône à Oran, chacune dans un quartier, avant de se rejoindre en fin de journée pour rentrer à Chlef. Un autre fait a été dévoilé, il s'agit de personnes qui ne sont pas dans le besoin mais qui activent dans ce domaine. C'est le cas d'une vieille femme d'une famille aisée dont un fils occupe un poste en vue, mais qui fait la manche au niveau de Dar El-Hayat. « Son fils a été stupéfié lorsque il a été mis au courant », nous dit un membre du Croissant-Rouge. Le nombre des mendiants ne cesse d'augmenter, traduisant de nouvelles donnes sociales. Il n'existe pas de chiffres exacts sur le nombre de mendiants. Si les opérations de ramassage effectués en 2007 à Oran se sont soldées par le recensement d'une centaine de mendiants et si on se permet de dire que la majorité des SDF sont des mendiants, Oran compte au moins 350 mendiants, puisque entre 150 et 250 repas sont distribués quotidiennement aux SDF par le Croissant-Rouge durant la saison hivernal. En outre, pour mieux étudier le phénomène et identifier les causes de son expansion, le ministère de la Solidarité nationale, de la famille et de la communauté nationale à l'étranger compte lancer cette année une enquête nationale sur le phénomène. L'Etat a affecté une enveloppe financière de 20 millions de DA à un projet de réalisation, à partir de 2009, d'une enquête nationale sur le phénomène des réseaux de mendicité en Algérie. Cette enquête, qui portera sur l'ensemble du territoire national, va mobiliser des moyens matériels et humains importants en associant notamment des psychologues, des sociologues et des médecins relevant du secteur. L'enquête sera menée avec le concours des secteurs concernés, tentera de déterminer les catégories sociales des mendiants, de rechercher les causes et les effets de la mendicité et d'identifier les responsables de l'expansion du phénomène. Un défi que doit relever le ministère de la Solidarité, critiqué pour le retard accusé dans l'application des mesures promises par le ministère au profit de certaines catégories précaires de la société. Rappelons que des programmes ont été adoptés par l'Etat en l'an 2000 pour lutter contre la pauvreté et la marginalisation, et la mise en place d'un projet de cartographie nationale de la pauvreté et la prise en charge des catégories précaires et fragiles de la société, notamment les enfants.


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