De plus en plus de femmes mendient. Elles sont partout. Devant les mosquées, les portes des marchés, les rues et boulevards. A chacune son histoire. Les temps sont durs. La vie n'est pas facile pour beaucoup de gens. La rue illustre parfaitement cet état de fait et interpelle toutes les consciences. A Béjaïa-ville ou dans d'autres cités urbaines, enfants et femmes tendent la main à chaque coin de rue. Ils n'ont de choix que d'agir de la sorte pour survivre dans un environnement loin d'être adéquat. Des dizaines de femmes sont contraintes à la mendicité. Quémander est leur métier. Certaines sont réellement dans le besoin. On le sent dans leurs manières de quémander. D'autres, en revanche, profitent pour se voiler d'une misère de circonstance pour tromper le citoyen et lui soutirer le sou. Le fléau est une réalité à Béjaïa. Du mendiant sincère à celui qui n'a aucun scrupule, le fléau est en nette progression dans les quatre coins de la ville. Ces quémandeuses «d'aumône», des vieilles femmes pour la plupart, sont visibles partout. Certaines squattent des trottoirs, d'autres n'hésitent pas à envahir les espaces réservés aux hommes. Dans les cafés, elles accostent sans gêne aucune. La pitié aidant, les gens n'ont de choix que de se soumettre à ce «diktat». Depuis quelques années, le phénomène est en vogue. La mendicité n'est plus une honte. C'est devenu même un métier rentable. Certes, la pauvreté a pris des proportions alarmantes au sein de la société au point d'offrir des spectacles hallucinants. C'est à qui fera valoir son handicap, sa misère pour amadouer le citoyen, qui, du reste, est loin d'être dans l'aisance. De plus en plus de femmes mendient. Elles sont partout. Devant les mosquée, les portes des marchés, les rues et boulevards. A chacune son histoire. Le divorce, la disparition du père de famille sont souvent évoqués pour justifier cet état de fait. Même si la mendicité n'est pas un phénomène nouveau, il reste que son ampleur est telle que cela dénote, on ne peut mieux, l'effritement des valeurs sociales de la société kabyle. Jadis, la misère est cachée. L'entraide et la solidarité familiales prenaient en charge les besoins de tous les membres de la famille. Aujourd'hui, les choses ont changé. L'altruisme n'est plus de mise. Une femme a fuit récemment son domicile conjugal à Alger. Ne pouvant plus supporter la violence de son mari, elle a cru trouver refuge chez son frère à Béjaïa. Mal lui en prit. Elle n'est pas la bienvenue. Devant l'insistance de sa femme, son propre frère la chassa.. Elle s'est retrouvée,, du jour au lendemain, dans la rue en compagnie de milliers d'autres. Un autre exemple, une autre histoire. Un coin de rue, une femme. Vêtue de son voile traditionnel, elle y prend place chaque jour. Elle est connue de tout Béjaia. Son mari est décédé à la suite d'un accident. Comme il n'était pas assuré, sa famille s'est retrouvée sans revenu. Elle a en charge cinq enfants scolarisés. «En été et pendant le mois de Ramadhan, mes enfants me donnent un coup de main. Ils vendent ce que je cuisine à la maison, mais lorsqu'ils sont à l'école, je sollicite les gens pour m'aider», raconte-t-elle, en précisant qu'elle mendie en cachette. Ses enfants sont contre. Le grand pense déjà à quitter l'école pour prendre en charge sa famille. Ces mendiantes se déplacent souvent. Elles vont d'un magasin à l'autre, d'un café à l'autre, n'hésitant pas à forcer la main aux donneurs. «Certaines emploient une manière très agressive pour demander de l'argent», soutient ce cafetier de la rue de la Liberté, ajoutant qu'il lui est arrivé de les chasser pour préserver la quiétude de ses clients. Certaines exhibent même leurs enfants pour amadouer les gens. Certaines ne sont pas toutes dans le besoin. C'est devenu même un vice, un moyen de joindre l'utile à l'agréable. Sous un voile, on passe inaperçu. Alors la voie est ouverte à tous les dépassements de par le laxisme des autorités. «L'aumône mon fils!», une rengaine que vous entendrez des dizaines de fois par jour. Plus on voit de riches plus on rencontre des pauvres. Les extrêmes s'allongent. C'est tout le paradoxe de la société algérienne dont la classe moyenne est laminée. Alors pendant que certains exhibent leur richesse, d'autres montrent leur misère. Après tout, il faut bien vivre.