Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a annoncé avant-hier, par la voix de son président, M. Saïd Saâdi, qu'il ne participera pas à l'élection présidentielle d'avril 2009, estimant qu'une telle démarche «serait synonyme de compromission dans une opération d'humiliation nationale». Le conseil national du RCD a, en outre, décidé à l'issue de ses travaux de geler ses activitÚs officielles jusqu'à avril 2009 «pour dénoncer l'asservissement de l'Etat et sa confiscation en faveur d'une présidence à vie qui est une insulte à l'encontre des sacrifices et des légitimes espérances du peuple algérien», selon les résolutions publiées, hier, sur son site Internet. Le président du RCD, qui intervenait à l'occasion d'une réunion extraordinaire du Conseil national de son parti tenu à Alger, a indiqué que « refuser de s'y impliquer (NDLR ; présidentielles d'avril prochain) est à la fois un devoir civique et une exigence de respect pour notre histoire ». « Refuser de se commettre dans ce pitoyable et dangereux cirque est autant affaire politique que de dignité», a-t-il déclaré dans son allocution publiée sur le site Internet du parti. M. Saâdi, dont le parti avait exigé pour cette élection une surveillance internationale «massive et de qualité», a dénoncé «le détournement et la manipulation» de cette revendication par le pouvoir. «Cette fois, il (le pouvoir) appelle des organisations politiques au lieu des instances professionnalisées dans les missions d'observations», a souligné le président du RCD. Le gouvernement avait, en effet, annoncé début janvier avoir introduit une demande d'envoi d'observateurs internationaux auprès des Nations unies, de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), de la Ligue arabe et de l'Union africaine (UA). Le RCD est le seul parti représenté au Parlement à avoir rejeté, le 12 novembre, un projet de révision de la Constitution qui permettrait au Président Abdelaziz Bouteflika de se porter candidat pour un troisième mandat. Pour le chef de file du RCD, « une nouvelle démarche s'impose. La définir, la faire partager pour une application rigoureuse et efficace est notre nouveau combat. Ce dernier, a-t-il ajouté, « commence par le devoir patriotique de ne pas aggraver la déchéance nationale qui ne manquera pas de se précipiter à l'occasion de la prochaine présidentielle». Néanmoins, les termes de ce rejet restent à étudier, selon Saïd Saâdi. «Un retrait signifiant notre refus et notre indifférence devant un non événement, une condamnation plus active, une position partisane ou couplée à d'autres intervenants s'il s'en présente... Toutes ces options méritent débat», lit-on dans le même document. Pour ce qui est de la ligne de conduite du parti pendant cette période, M. Saïd Saâdi a appelé tout d'abord à améliorer le fonctionnement de la formation qu'il préside et corriger ses insuffisances dans les prochains mois afin, a-t-il dit, de « préparer le parti à toutes éventualités ». « Nous concentrer sur la formation, la réorganisation de nos structures en fonction des nouvelles exigences, accompagner nos élus dans leur mission, récupérer et restaurer notre patrimoine immobilier, prendre le temps de repérer et de se concerter avec les catégories acquises au changement est un travail discret mais vital », a-il estimé en s'adressant à ses militants. Il appelle ces derniers à « faire preuve de vigilance pour ne pas être happés par des conflits claniques qui s'exacerberont et dans lesquels, on ne manquera pas d'essayer de nous entraîner ». Pour lui, il s'agit de faire preuve « de sang-froid, de prendre le temps qu'il faut pour redéfinir les objectifs et les voies et moyens de les atteindre et de ne pas se laisser divertir par des provocations. On entend déjà les appels à la surenchère qui poussera à notre sortie des institutions dès maintenant. Tout peut s'envisager, encore faudrait-il que la décision nous appartienne et qu'elle ne soit dictée ni par la précipitation ni par les vigiles du pouvoir, postés dans la périphérie de notre combat pour y entretenir confusion et polémique ». Le président du RCD estime enfin, qu'il y a « toutes les raisons de considérer que cette stratégie de harcèlement ne changera pas jusqu'au mois d'avril ».