Comme dans une musique mal composée, l'élection présidentielle de cette année manquera de quelques notes : plusieurs habitués des scrutins, depuis une vingtaine d'années, manqueront au scrutin d'avril 2009. En effet, ni Saïd Sadi, ni Abdallah Djaballah, ni d'autres personnalités, un temps annoncées comme probables sparring-partners, n'ont voulu présenter leur candidature à l'élection présidentielle. Il est sûr que les raisons des uns et des autres ne sont pas les mêmes, mais la finalité l'est : ces figures ne seront pas mentionnées sur le bulletin à glisser dans l'urne. Le bal des boycotteurs a été inauguré, le 15 janvier, par Saïd Sadi. Au cours d'une session extraordinaire du Conseil national de son parti, le président du RCD a annoncé sa décision de ne pas se lancer dans la course à l'élection présidentielle, en même temps que le gel des activités publiques de son parti. La raison ? Sadi dit ne pas vouloir cautionner ce qu'il qualifie de «lamentable cirque». «Dénoncer l'asservissement de l'État et sa confiscation d'une présidence à vie, qui est une insulte à l'encontre des sacrifices et des légitimes espérances du peuple algérien», a écrit le RCD dans le document ayant sanctionné les travaux du Conseil national. «La participation à une telle compétition dans les conditions actuelles serait synonyme de compromission dans une opération d'humiliation nationale. Refuser de s'y impliquer est à la fois un devoir civique et une exigence de respect pour notre histoire», a de son côté précisé le docteur Saïd Sadi dans son discours inaugural. Une position qu'il ira expliquer dans certains médias, nationaux comme internationaux. De son côté, l'une des figures emblématiques de l'islamisme algérien, Abdallah Djaballah, arrivé en troisième position lors de la présidentielle précédente, a fini par renoncer à ses ambitions. Lui qui cherchait un compromis autour de son ancien parti, El Islah, a donc fini par jeter l'éponge. Comme Saïd Sadi, celui qui veut rassembler le courant islamiste justifie sa position : «Je ne suis pas candidat à l'élection présidentielle du mois d'avril, car je considère que les conditions minimum d'un scrutin régulier et transparent ne sont pas réunies». C'était il y une dizaine de jours lors d'une conférence de presse. Ceci alors qu'une semaine auparavant, Djaballah laissait entrevoir une possible candidature avec un soutien de plusieurs partis islamistes, notamment Ennahda, son ancienne formation. Mais à côté de ces deux anciens candidats malheureux, d'autres personnalités ont annoncé leur «absence» du scrutin qui se prépare. Il s'agit notamment de l'ancien président de la République, Liamine Zeroual. Même s'il n'a jamais affiché une quelconque intention de se porter candidat, le général à la retraite a été sollicité «par des personnalités» pour se représenter. L'ancien chef de l'Etat, qui a quitté le pouvoir de «manière volontaire» en 1999, ne s'est jamais prononcé. Mais la campagne médiatique alimentée autour de son éventuel retour a fini par le pousser à publier une lettre dans la presse dans laquelle il rappelle qu'il s'est retiré de la scène politique. «En décidant en toute liberté de renoncer définitivement à ma carrière politique, j'ai estimé qu'il était temps que l'alternance se concrétise afin d'assurer un saut qualitatif à nos moeurs politiques», avait-il écrit le 14 janvier. D'autres personnalités, telles Mouloud Hamrouche et Ahmed Benbitour, deux anciens chefs de gouvernement, ne se sont même pas prononcés.