Les conditions météorologiques défavorables enregistrées depuis le mois de novembre dernier, ainsi que les vents violents atteignant parfois les 90 km/h, qui s'abattent sur la région de Mostaganem et sur tout l'ouest algérien, ont paralysé à quai toutes les unités de pêche relevant du port de Mostaganem, réduisant de 60 % les sorties, par rapport à la même période de l'année dernière. Des dizaines de marins pêcheurs payés à la part, et face à une activité de pêche presque nulle, ont carrément changé de profession. Les uns ont versé dans l'agriculture, d'autres dans le bâtiment. Selon un pêcheur rencontré : «je suis père de six enfants cela fait presque 7 semaines qu'on a pas embarqué à cause des conditions climatiques, pour subvenir aux besoins de mes enfants, j'étais obligé de chercher un nouveau job. Je suis actuellement gardien de nuit dans un CEM en construction, concernant le métier de la mer, si tu ne pêches pas, tu ne manges pas», enchaîne notre interlocuteur. Un autre pêcheur souligne, quant à lui, que le poisson devient de plus en plus rare. Ces dernières années nous rentrons souvent avec des filets presque vides, la mer est notre principale richesse qui s'amenuise de jour en jour, plusieurs espèces sont en voie de disparition, d'autres ont carrément disparu à l'image du «marteau», de l'anchois, du «maquerot» et la «Milfa», termine-t-il. Un armateur qui active depuis des dizaines d'années déclare que «face à la rareté des ressources et la disparition d'autres espèces, nous rentrons au port avec seulement 15 casiers, nous ne pouvons même pas couvrir les frais d'une sortie qui s'élève à 8.000 DA. La seule solution qui me reste et je ne suis pas le seul c'est de vendre le navire. La pêche n'est plus rentable maintenant, plusieurs armateurs ne peuvent même pas s'acquitter des prix du gasoil, ce n'est pas normal», insiste-t-il. Par ailleurs, 35 armateurs pêcheurs attachés au port de Sidi Lakhdar et celui de Mostaganem, et dans une lettre qui nous a été transmise, ces derniers, ayant bénéficié des crédits bancaires pour l'achat de bateaux de pêche dans le cadre de l'emploi des jeunes et aussi de la relance économique, demandent aux pouvoirs publics une révision du délai de remboursement de 5 ans actuellement, à 15 ans. Ces derniers précisent que vu les conditions météorologiques de ces dernières semaines et la rareté de la ressource, nous ne pourrons jamais honorer nos engagements envers les banques, d'autant plus qu'on nous demande de payer 36 millions de centimes par trimestre, ajouter à cela d'autres charges telle le plan d'eau et le rôle de pêche 29 millions de centimes par an, l'assurance du navire 17 millions de centimes par an et aussi le permis de pêche, le VHF et aussi l'entretien du navire. «Pourquoi les agriculteurs sont protégés en cas d'incapacité de remboursement et non pas les pêcheurs ?», demandent les armateurs rencontrés. Ces derniers interpellent les plus hautes autorités à intervenir pour trouver une solution et d'éviter la ruine pour les armateurs, les pêcheurs et leurs familles.