C'était à l'initiative de quelques camarades du lycée Lotfi, autour d'un verre au café Martinez (café qui n'existe plus aujourd'hui) que fut créée, il y une quarantaine d'années, l'association Nassim El Andalous. Cette association a pour ambition d'initier à la musique andalouse des élèves de toutes les tranches d'âge, essentiellement des jeunes. Elle recrute environs 120 élèves par an pour apprendre, dans un premier temps, la chorale et le solfège et ensuite la maîtrise des instruments de musique. Elle se targue d'avoir formé, depuis sa création à nos jours, quelque 6.000 élèves. Rien que ça ! Lors d'un point de presse donné, jeudi dernier, dans leur local (sis rue Cheick Mebarak El Mili), le directeur M Dali Youcef Amine, des enseignants actuels, ainsi que quelques membres fondateurs se sont longuement penchés sur les souvenirs de l'association, ne tarissant pas d'anecdotes, parfois loufoques, qui ont parsemé leur parcours. C'est dans une ambiance conviviale, autour d'une table agrémentée de petit gâteaux et de jus de fruits, que le point de presse avait eu lieu. Avant toute chose, les orateurs ont persisté et signé en disant que la musique andalouse n'est pas, comme le prétendent certains, une musique de gros bourgeois ; elle se veut une musique de pauvres, de «populo» ; et c'est en partant de cette certitude qu'ils se battent depuis bien des années «pour la vulgarisation de cette musique». Ensuite, ils affirment que leur association se veut d'aspect culturel dans le sens le plus universel du terme. Pour cela, elle oeuvre depuis sa création à faire aimer l'art et la culture. Et «ceux qui ont fait la musique andalouse se sont converti facilement aux autres styles de musique, et cela parce qu'elle est une musique savante». Ils nous ont assuré par ailleurs que le patrimoine de la musique andalouse est un patrimoine national, et non régional « d'ailleurs, des gens venant des quatre coins de l'Algérie ont foulé le sol de notre association, il n'y a pas de sectarisme ici». Nassim El Andalous a été créée en décembre 1968 à Oran, ses membres fondateurs étaient Dr Yahya Ghoul, Belkassem Ghoul, Mahmoud Bestaoui, Ali Chaouch, ainsi que le Dr Hamdi Fahi. A cette époque, c'était au CCMF (cercle culturel Mouloud Feraoun) qu'avaient commencé les premiers balbutiements de l'association. Et en 1969, lors du premier festival de la jeunesse en Algérie, elle avait déjà obtenu le premier prix. Elle avait à peine quelques mois d'existence. Depuis, bon an mal an, de festival en festival, l'association a toujours perduré, et n'a jamais fermé ses portes, pas même lors de la décennie noire. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu'à l'heure actuelle, ses membres ne rencontrent aucune difficulté quant au bon déroulement de leurs activités. Chacune des nouvelles directions du ministère de la Jeunesse et des Sports essayent, par quelque moyen que ce soit, de les déloger de leur local. «chaque année, on se sent de plus en plus asphyxiés, on veut nous interdire l'occupation de ce local alors qu'on a tout le temps contribué à déterrer la culture de la musique algérienne». Par ailleurs, ils affirment que leur travail s'assimile au «militantisme» à cause du manque de subvention et du manque de moyens financiers. «Aujourd'hui, on fait plus attention à l'aspect théâtral en négligeant la substance de la musique, regrette l'un d'entre eux, là est le problème, car les gens viennent écouter la musique, non la voir». Leur unique revendication est celle de pouvoir continuer sereinement l'exercice de leur passion, en formant encore et toujours de nouveaux disciples à cette musique, sans pour cela vivre tout le temps sous le risque d'être mis à la porte. «En plus de son aspect culture, cette association permet à de jeunes élèves d'apprendre, dans la convivialité, la notion du partage. Quelque part, elle les initie à leur vie d'adulte». Toujours est-il qu'aujourd'hui, malgré tous les problèmes qu'elle rencontre, que ce soit d'ordre administratif ou financier, l'association Nassim El Andalous est toujours là, plus vivante que jamais, et célébrera le jeudi prochain, à l'hôtel Sheraton, son quarantième anniversaire. Le public est cordialement attendu.