La constitution en vigueur dans leurs pays respectifs les empêchant de briguer un troisième mandat présidentiel, Hugo Chavez au Venezuela et Abdelaziz Bouteflika en Algérie ont eu recours au procédé de la révision pour lever cet obstacle. Dans les deux pays, l'initiative présidentielle a suscité un débat contradictoire au sein de l'opinion publique et une levée de boucliers dans les rangs des oppositions nationales. Les adversaires des deux hommes d'Etat les ont accusés d'avoir ainsi supprimé la possibilité d'alternance démocratique au profit d'une présidence à vie, génératrice de totalitarisme dans l'exercice du pouvoir. Les partisans des mis en cause leur ont répliqué en faisant valoir qu'une limitation des mandats présidentiels n'est pas un principe démocratique intangible valant en tout lieu et pour toute situation nationale et d'en donner pour preuve que des pays où existe une démocratie incontestable ont des constitutions dans lesquelles ce principe est ignoré. Le président vénézuélien Hugo Chavez a choisi pour faire aboutir son projet de révision la voie du référendum alors que Bouteflika est passé par celle de la votation parlementaire. Les deux procédures ont été respectueuses des dispositions prévues par les constitutions en vigueur. Au terme de la loi donc, les deux hommes n'ont nullement violé ces constitutions. Les deux sont arrivés à leurs fins qui est de pouvoir prétendre à autant de mandats présidentiels qu'ils veulent. Sauf que l'un, le président vénézuélien, y est parvenu après avoir livré un combat à la loyale à ses détracteurs. Un combat qui a consisté à porter le sujet de discorde devant le peuple et à organiser une consultation populaire régulière et transparente dont même ses ennemis ont admis la réalité. Alors que le président algérien, qui se réclame lui aussi de la légitimité populaire, s'en est tenu à une révision à la sauvette, entérinée par un parlement à la représentation nationale plus que sujette à caution. Hugo Chavez a toutes les raisons de qualifier de victoire l'approbation populaire qui lui a été librement et démocratiquement octroyée au référendum par une majorité d'électeurs vénézuéliens. Bouteflika est moins crédible quand il revendique la même chose, car le doute est toujours invocable s'agissant de l'adhésion populaire à sa révision constitutionnelle. Bouteflika et Chavez font l'objet d'attaques similaires. L'un et l'autre sont présentés comme des «apprentis dictateurs» qui n'ont pour ambition que de rester au pouvoir. C'est en véritable démocrate que le président vénézuélien met à nu l'inanité des accusations de ses pourfendeurs. Ce qui est loin d'être la façon d'agir de Bouteflika. Lequel s'enferme dans des méthodes et des pratiques qui donnent au contraire un sens de vérité à celles que ses ennemis développent contre lui.