Le président vénézuélien a échoué, dimanche, à faire approuver par le peuple les réformes qu'il comptait introduire dans la loi fondamentale du pays. La «socialisation» de la Constitution vénézuélienne n'est finalement pas passée. C'est ce qu'a admis le président Hugo Chavez, hier, commentant le résultat du référendum organisé la veille. M.Chavez a ainsi reconnu, après les premiers résultats des dépouillements, la «tendance irréversible» en faveur du «non» à sa réforme, dans le sillage de l'annonce officielle de l'avancée définitive du «non» par le Conseil national électoral «A présent, Vénézuéliens et Vénézuéliennes, faisons confiance aux institutions», a dit, M.Chavez, lors d'une conférence de presse au palais présidentiel. Fair-play, il «félicite» ses adversaires politiques pour leur victoire ajoutant en direction de ses partisans: «Ne vous sentez pas tristes ni peinés.» M.Chavez avait affirmé dimanche, avant le début du vote: «Nous allons accepter le résultat, quel qu'il soit.» Peu auparavant, la présidente du Conseil national électoral (Cne), Tibisay Lucena, avait indiqué que le «non» l'a emporté avec un avantage légèrement supérieur à 50%, après dépouillement de plus de 97% des suffrages. «Cette tendance est irréversible et ne peut pas être inversée», a-t-elle dit. Hugo Chavez a donc pris acte de sa défaite à amender la loi fondamentale dans un sens plus «social». Ce que le président vénézuélien a perdu au plan politique il le gagne largement en revanche en crédit démontrant sur le terrain que la culture démocratique prend racine au Venezuela par une organisation exemplaire du scrutin référendaire. Il n'en reste pas moins que cet échec est celui personnel du président Chavez qui s'est largement investi dans la campagne pour le «oui» à la réforme. D'autant plus que son échec à faire passer sa réforme de la Constitution ne lui permettra pas de se représenter en 2012 pour un troisième mandat, alors que l'un des principaux changements apportés à la Constitution consistait à lever cet obstacle des deux mandats pour ouvrir la voie pour d'autres magistères, suscitant l'ire de l'opposition qui accusait M.Chavez de se préparer une présidence à vie. Parmi les amendements, un train de mesures était proposé pour approbation au peuple vénézuélien, entre autres, celles afférentes au droit de se présenter indéfiniment à la présidentielle; à l'allongement du mandat présidentiel qui passe de 6 à 7 ans; à la création d'un «état d'exception» illimité qui suspend le droit à l'information, en cas de putsch, invasion, guerre ou désastre naturel; à la possibilité de «désigner et démettre» les vice-présidents et les autorités de nouvelles entités régionales en cas de crise; à la création de conseils communaux décentralisés pour exercer le «pouvoir populaire», enfin la proposition d'abaissement de l'âge de la majorité électorale à 16 ans. Au plan économique, les réformes que Hugo Chavez voulait introduire dans la loi fondamentale, constituaient une rupture avec le libéralisme économique qui est celui actuellement du Venezuela. Ce qui a été appelé «la socialisation» de l'Etat, la réforme préconisant la promotion de l'activité «sous les principes de l'économie socialiste», instaurant la fin de l'autonomie de la Banque centrale, réservant au président la gestion des «réserves internationales» et «la politique monétaire». En outre, le texte constitutionnel «garantit une part majoritaire de l'Etat dans le secteur pétrolier» (le Venezuela est le 6e pays exportateur mondial) et interdit la privatisation des entreprises publiques, de même qu'il donne le droit de procéder à des expropriations pour assurer la «sécurité alimentaire», ainsi que la prohibition du «latifundisme» (système de grands domaines agricoles privés usité dans les pays latino-américains). En somme, la réforme Chavez annonçait le retour en force à la pratique «socialisante» qui a largement montré ses limites ces dernières décennies dans les pays socialistes d'Europe de l'Est et en Union soviétique notamment. Il faut toutefois retenir le progrès de la démocratie au Venezuela, le peuple ayant pu choisir en connaissance de cause et rejeter le projet d'amendement de la Constitution. Le rejet est certes, une défaite personnelle pour Hugo Chavez, il reste surtout cependant une victoire pour le Venezuela qui a administré la preuve que l'on peut être socialiste et respecter les normes de la démocratie et de l'expression populaire.