Bouteflika, tout comme les autres prétendants à la course présidentielle, a déposé avant-hier lundi son dossier de candidature entre les mains du président du Conseil constitutionnel, M. Boualem Bessaïeh. Le Président-candidat aurait, selon la direction de sa campagne, appuyé sa candidature par une liste de 4.003.800 signatures de citoyens et une autre portant les paraphes de 11.736 élus locaux. Des chiffres qui font apparaître que la collecte des signatures en faveur de Bouteflika a été encore plus fructueuse que ne l'ont escompté les partis de l'alliance qui lui ont fixé un seuil de trois millions. Ce n'est pas par simple «coquetterie» que le Président-candidat et son camp ont tenu à ratisser large. Il a été tellement rapporté et rabâché par les médias et les milieux politiques opposés à un troisième mandat pour Bouteflika que la candidature de ce dernier n'avait pas de soutien populaire franc, au point que le camp présidentiel ne pouvait faire autrement, pour infirmer cette vision, que rassembler le maximum de signatures dans une ampleur qui confirmerait au contraire que la candidature de son héros est portée par une grande lame d'adhésion populaire. Avec plus de 4 millions de signatures réunies, le candidat «indépendant» Abdelaziz Bouteflika a réussi sa démonstration. Reste qu'un autre défi se profile pour le Président-candidat : celui de convaincre les électeurs à accomplir en masse leur devoir citoyen le 9 avril. Bouteflika n'a aucun doute quant à sa réélection. Sa seule inquiétude est qu'elle soit le résultat d'un score électoral qui fasse tache à la légitimité populaire de laquelle il revendique la plénitude des pouvoirs pour l'institution présidentielle. Et c'est ce sentiment qu'il a exprimé avec insistance lors de sa déclaration de candidature faite sous la coupole du complexe sportif Mohamed Boudiaf, en affirmant «qu'un Président ne peut être le président que si il a la confiance de l'écrasante majorité du peuple». Les 4 millions de signatures que la machine électorale à sa disposition est parvenue à réunir sont certes pour lui une raison à optimiser sur ce que pourra être le score électoral de sa réélection annoncée. Ils ne sont pas pour autant l'assurance que le peuple lui exprimera sa confiance de cette façon écrasante qui est pour lui le paramètre de mesure fondamental de la légitimité pour un Président. Raison donc pour que le Président-candidat soit finalement contraint de faire une campagne électorale qui soit plus appuyée que celle que son proche entourage lui a préparée avec comme préoccupation de le ménager physiquement au maximum en partant de la conviction que les «jeux sont par avance faits». L'adversaire contre lequel Bouteflika devra se battre en mettant en balance son équation personnelle est autrement plus difficile à défaire que les rivaux en compétition contre lui. Il a un nom : abstention.