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La face cachée des biocarburants
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 03 - 2009

«Quand on lance, aux Etats-Unis, grâce à six milliards de subventions, une politique de biocarburant qui draine 138 millions de tonnes de maïs hors du marché alimentaire, on jette les bases d'un crime contre l'humanité pour sa propre soif de carburant», Jean Ziegler.
Les transports sont aujourd'hui la principale source d'émissions de gaz à effet de serre. Responsables du changement climatique, ces émissions doivent être réduites. Le protocole de Kyoto vise à une réduction de ces émissions de 8 % d'ici 2012. En 2004, on estimait disposer de pétrole pour 40 ans, même si ces chiffres ne sont que des prévisions, on sait toute fois avec certitude qu'un jour ou l'autre, les réserves seront épuisées. Aujourd'hui, dans une conjoncture économique où le pétrole joue l'effet 'Yo-yo' et semble parti pour le rester, de nombreux pays non producteurs de pétrole et de gaz initient des programmes d'emploi de biocarburants et d'autres énergies vertes. Ces gouvernements présentent les biocarburants comme étant une solution prenant à la fois en compte le problème environnemental que pose l'utilisation d'essence ou de gazole, mais aussi le problème économique induit par l'importation du pétrole. Le terme biocarburant englobe tout combustible issu directement de la biosphère et dont l'écobilan, calcul de l'ensemble de ses externalités, est quasiment nul. C'est-à-dire que ces biocarburants, étant donné que les cultures ayant servi à leur production absorbent une grande partie de dioxyde carbone (CO2) rejeté, émettent très peu de gaz à effet de serre en fin de compte. On peut distinguer deux types de biocarburants, à savoir les huiles végétales correspondant au fuel, également appelées « biodiesel » et les alcools végétaux comme l'éthanol et qui correspondent à l'essence. Pour produire l'huile, on peut utiliser n'importe quelles cultures, avec cependant la nécessité de se servir de plantes riches en lipides et autres matières grasses par souci de productivité. En effet, après plus de vingt ans de développement industriel, les biocarburants ont des perspectives prometteuses, notamment par la potentielle mise en place d'un marché mondial. Les biocarburants semblent être une bonne alternative, mais jusqu'où faut-il les soutenir ? Les Etats-Unis ont été les principaux promoteurs, avec le Brésil, de la politique des biocarburants pour faire face à la montée du prix du pétrole, négligeant les conséquences dramatiques et prévisibles d'une telle production.
Ainsi, pour satisfaire ses besoins en énergie, Washington promeut une stratégie qui va conduire une grande partie de l'humanité au désastre. Il n'y a aucun doute là-dessus et les grandes institutions internationales sont unanimes à ce sujet, y compris le Fonds Monétaire International (FMI). La FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, a souligné que l'augmentation mondiale de la production de biocarburants menaçait l'accès aux denrées alimentaires pour les populations pauvres du Tiers-monde.
En effet, la production de biocarburants s'effectue aux dépens des cultures vivrières en puisant dans les réserves d'eau, et en détournant les terres et les capitaux, ce qui entraîne une augmentation des prix des denrées alimentaires et mettra en péril l'accès aux vivres pour les éléments les plus défavorisés. Les conséquences sociales désastreuses de cette politique sont aisément prévisibles, alors que l'insécurité alimentaire frappe déjà 860 millions de personnes. Le Brésil, qui s'efforce de propager la production des biocarburants en Amérique latine et en Afrique, a nié le fait que cette politique était responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires à travers le monde. La production de biocarburants se substitue aux cultures alimentaires et encourage fortement la hausse des prix. Ainsi, le prix du riz a augmenté de 75 % entre février 2008 et avril 2008 alors que le prix du blé s'est envolé de 120 % sur la même période. Il en est de même pour les produits de base tels que le soja, le maïs, l'huile mais également le lait, la viande et autres. Le prix du blé, par exemple, a augmenté de 181 % en trois ans. En 2008, Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, a qualifié la production massive de biocarburants de « crime contre l'humanité » et a averti que le monde se dirigeait « vers une très longue période d'émeutes ». Il a clairement désigné les coupables en fustigeant la politique désastreuse du FMI, le dumping agricole de l'Union européenne en Afrique, la spéculation boursière internationale sur les matières premières engendrée par les biocarburants, le gouvernement des Etats-Unis et l'Organisation mondiale du commerce.
Les émeutes de la faim se sont multipliées à travers le monde, suite à la flambée des prix des matières premières alimentaires, et se sont révélées particulièrement meurtrières. Les populations du Tiers-monde, écrasées par un système économique irrationnel et insoutenable, ont exprimé leur colère sur tous les continents, que ce soit à Haïti où le Premier ministre a été démis de ses fonctions, aux Philippines ou en Egypte. Plus de 37 pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine représentant un total de 89 millions de personnes, sont directement affectés par la crise alimentaire. Mais il ne s'agit malheureusement que du début.
En 2007, l'ancien président cubain Fidel Castro avait mis en garde le monde contre le danger représenté par les biocarburants. Dans une longue réflexion intitulée « Plus de 3 milliards d'êtres humains dans le monde condamnés à une mort de faim et de soif prématurée », il avait dénoncé « l'idée sinistre de convertir les aliments en combustible », élaborée par l'ancien président Bush comme ligne économique de la politique étrangère des Etats-Unis. On sait, qu'une tonne de maïs peut produire seulement 413 litres d'éthanol en moyenne, en fait, il s'agit seulement de huit pleins de carburant pour un véhicule d'une capacité de 50 litres, cette même quantité pourra nourrir 3 personnes par an. Le prix moyen du maïs dans les ports étasuniens s'élève à 167 dollars la tonne. Il faut donc 320 millions de tonnes de maïs pour produire [132 milliards de litres] d'éthanol. Selon les données de la FAO, la récolte de maïs aux Etats-Unis pour l'année 2005 s'est élevée à 280,2 millions de tonnes. Loin de tirer les leçons du drame social et humain qui traverse la planète, les Etats-Unis ont réaffirmé leur volonté de multiplier par deux les énormes surfaces qu'ils consacrent déjà aux biocarburants. L'Europe a également affiché son intention de développer ces produits de substitution. Les conséquences seront tragiques car le pire est à venir.
La souveraineté alimentaire est un droit inaliénable des peuples. Il n'en est point de plus important. La pauvreté et la famine ne sont pas des fatalités mais les conséquences directes d'un système économique inhumain et destructeur qui viole le droit à la vie des déshérités de la planète. Pour cette raison, il est impératif de lancer un moratoire immédiat sur les biocarburants sous peine de faire face à un véritable génocide. Cette production est insoutenable d'un point de vue moral, politique et social. L'espèce humaine est en passe de s'autodétruire. Il est plus que jamais urgent de mettre un terme à cette course folle vers l'apocalypse.
Par ailleurs, j'estime qu'il est scandaleux de penser à promouvoir du biocarburant à partir de la sève des palmiers-dattiers, afin de réduire l'usage des carburants traditionnels. Pour obtenir ce biocarburant, une enzyme injectée dans le palmier afin d'extraire du sucre naturel, qui coule sous forme de liquide. Fermenté, il se transforme en éthanol et peut ensuite entrer dans la composition d'un biocarburant. Mais certains ignorants qui ne pensent qu'à leur intérêt, ne savent pas que pour tuer un palmier il suffit juste de lui enlever sa sève, donc il faut sacrifier tous les palmiers dattiers de l'Algérie pour juste faire rouler quelques voitures en Algérie, ou pour une exportation de quelques miettes de dollars. C'est scandaleux !!! Il suffit juste de jeter un coup d'oeil vers le ciel pour convertir ces rayons de soleil en énergie.
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*Professeur Université de Grenoble Expert International en Stockage et conversion de l'énergie.


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