Pour son troisième mandat présidentiel, Bouteflika veut ratisser très large, visant à obtenir un score électoral dont l'ampleur ferait taire les censeurs nationaux et internationaux qui remettent en cause la légitimité populaire et démocratique du scrutin du 9 avril. Depuis l'annonce de sa candidature et avant même que la campagne électorale ne soit officiellement déclarée ouverte, il s'est ménagé des opportunités d'aller à la pêche aux électeurs sous la forme de «visites de travail et d'inspection» dans certaines wilayas du pays. La ville de Blida a eu la primeur de ces visites du Président devenu aussi candidat. Oran puis Biskra lui ont succédé. Et hier, c'était le tour de Sidi Bel-Abbès. Toutes ces visites ont eu cette particularité de «coïncider» avec un évènement organisé dans la ville d'accueil, offrant au chef de l'Etat autant d'occasions, hors campagne électorale, de s'adresser aux nombreux participants réunis par ces circonstances. La stratégie électorale déployée par le Président candidat, dans sa précampagne qui ne dit pas son nom, consiste à courtiser à chaque sortie une couche spécifique de citoyens. Celle que constituent les salariés lors du meeting d'Arzew, les fellahs à Biskra, les jeunes à Sidi Bel-Abbès. Avec à la clef des discours ciblés sur les problèmes et les attentes propres à chacune de ces couches citoyennes. Un discours ciblé mais aussi des annonces de mesures d'ordre financier, dont le Président candidat escompte des retombées électorales qui lui permettront, le 9 avril, d'obtenir ce fameux score qui infirmerait toutes les mauvaises prédictions avancées par ses adversaires pour le scrutin de la présidentielle. En tout point de vue, c'est plus d'une longueur d'avance que Bouteflika a pris sur ses cinq concurrents, dont le Conseil constitutionnel a rendu publique la liste lundi dernier. Le différentiel en marge de manoeuvre, de moyens humains et matériels, est écrasant en faveur du Président sortant. Il n'y aura pas photo le 9 avril. Quelles que soient les marques de sympathie populaire qui se manifesteront durant la campagne électorale pour certains de ses compétiteurs, Bouteflika l'emportera sans se voir sérieusement être mis en difficulté. Prédire cela n'est pas faire acte de malveillance ou de mésestime pour ses cinq rivaux. Il y a au service de Bouteflika une immense et terrible machine électorale qui a cette fois décidé de capter le vote citoyen en faveur de sa candidature en recourant au plus exécrable des moyens, mais hélas très efficace aussi. Celui de prendre les électeurs, hommes, femmes, jeunes, salariés ou fellahs, par leur porte-monnaie sous la forme de cette distribution de mesures à laquelle procède Bouteflika en chacune de ses «visites de travail et d'inspection».