«Quelle stratégie opposer à l'extension de la consommation de la drogue ? ». C'est le thème de la conférence animée, hier au Forum d'El Moudjahid, par le Pr. Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). La forme interrogative du thème, en soi, indique que les pouvoirs publics sont toujours à la recherche d'une thérapie contre le fléau de la drogue qui pourrit de plus en plus notre société. Le Pr. Mustapha Khiati, cité par l'APS, l'a d'ailleurs affirmé hier: « Après avoir été un pays de transit, l'Algérie est devenue un pays producteur-consommateur » de la drogue, qui représente un « danger réel en Algérie ». Soulignant l'envergure prise par le phénomène de la drogue et la toxicomanie en Algérie ces dernières années, le docteur a appelé à une lutte efficace contre ce fléau. Pour le président de la Forem, les raisons principales qui poussent la jeunesse à s'adonner à la drogue sont liées au chômage, à la déperdition scolaire et au manque de moyens de distraction. S'inquiétant de l'apparition de drogues fortes, comme la cocaïne dont 22kg ont été saisis en 2007, ainsi que l'opium et le cannabis dont plus de 120.000 plants ont été détruits en une semaine durant la même année, le même intervenant expliquera que l'ampleur prise par ce phénomène est due à plusieurs facteurs, dont notamment « la position géographique de l'Algérie, l'évolution que connaît le pays, et l'absence de centres spécialisés dans la désintoxication ». Evoquant « l'augmentation constante » du fléau, il s'est appuyé sur les statistiques du ministère de la Justice, qui indiquent que « 86.832 affaires de drogue ont été traitées entre 1994 et 2004, dont 12.996 en 2004, contre 3.448 en 1994 », soulignant que « 84,85% des personnes condamnées avaient moins de 35 ans ». Le Pr. Khiati a ajouté que « sur les 22.000 personnes condamnées en 2006, 16.000 sont des consommateurs ». En 2007, « 22.000 personnes, dont 6.000 dealers, ont été condamnées par la justice pour trafic et consommation de drogue », a-t-il poursuivi, rappelant que les trois premières wilayas classées en 2006-2007 selon le nombre d'affaires présentées à la justice sont Oran, Alger et Ouargla. Le président de la Forem a mis en exergue que l'année 2008 a été cependant celle de « l'explosion », avec 38 tonnes de cannabis, 924.398 comprimés psychotropes, 716,418 grammes de cocaïne, 67 grammes de crack, 109,57 grammes d'héroïne saisis. Concernant la stratégie de lutte contre le fléau de la drogue, il a rappelé les politiques entreprises par l'Etat, à savoir les 1er et 2ème plans quinquennaux. Le 1er plan quinquennal (2004-2008) porte sur la révision de la législation nationale, préconisant que « l'incarcération n'est pas toujours la solution» pour les consommateurs. A cet égard, le Pr. Khiati suggère une « nouvelle méthodologie dans le traitement du dossier pénal des drogués ». Concernant le 2ème plan quinquennal (2009-2013), il s'agit de la médicalisation de la prise en charge dans le cadre de laquelle il est prévu la création à travers le pays de 185 cellules d'écoute et de sensibilisation et la réalisation de 15 hôpitaux et de 15 centres spécialisés en désintoxication.