Préparer l'école à la gestion des conflits, c'est à partir d'Oran que cette première initiative a été lancée pour devenir une tradition au niveau des établissements scolaires qui servira de bouclier contre la violence qui touche CEM et lycées. Sa recrudescence est une certitude, désormais, pour les éducateurs. Et les chiffres sont là pour confirmer ce constat déjà fait par des enseignants, élèves et chefs d'établissements. A Oran, l'augmentation du nombre de cas de violence entre l'année scolaire 2007/2008 et 2008/2009 est révélateur, à plus d'un titre, d'un malaise et d'un manque de communication flagrant existant à l'école et qui a fini par éclater au grand jour. Résultat, deux crimes ont été commis à Oran et deux élèves sont accusés. Des dizaines d'agressions ont été enregistrées et dont ont été victimes des enseignants. Selon des statistiques, communiquées hier par le directeur de l'Education d'Oran lors d'une conférence de presse tenue à la direction de wilaya, entre les deux années scolaires les cas de violence ont pris une courbe ascendante. Pour toute l'année scolaire 2007/2008, 71 cas de violence ont été traités par la commission de recours de wilaya. Tandis que pour le 1er trimestre seulement de l'année scolaire 2008/2009, 62 cas ont été enregistrés pour le 2e et 3e pallier. Ces agressions sont morales et physiques et concernent aussi bien la violence élèves/enseignants et enseignants/élèves. Maintenant que le sujet n'est plus tabou et que le phénomène est pris en charge par toutes les instances de l'éducation, tous les acteurs impliqués de près ou de loin dans le système éducatif ont été appelés à participer dans la campagne de sensibilisation contre la violence menée par le ministère de l'Education. Une particularité pour la wilaya d'Oran, souligne le directeur de l'Education, est la formation des élèves dans la médiation et la gestion des conflits. Le groupe d'élèves, 26, choisis pour suivre une formation de deux ans dans ce domaine seront encadrés par des membres appartenant au réseau de médiateurs, déjà formés par un organisme international allemand «In Went», spécialisé dans le développement personnel de formateurs, d'échange et de dialogue. Cette formation a été financée dans le cadre du programme «VIZIK», de l'institut allemand pour les relations avec l'étranger. Selon Mme Mesbah, coordinatrice de ce projet «élèves médiateurs», le travail pour la communication non violente a commencé avant les derniers incidents vécus à Oran et une stratégie a été mise en oeuvre pour mener à bien ce projet. Une évaluation de ce qui a été fait jusqu'à présent par les élèves du lycée Hamou Boutlélis, choisi comme établissement pilote pour ce projet, montre une prise de conscience par les élèves du phénomène et un changement de comportement, positif, au sein de l'établissement et de la famille aussi. Parmi les objectifs tracés de ce projet qui implique aussi bien l'élève que les parents d'élève, Mme Mesbah cite «l'estime de soi, la communication et la gestion des conflits». L'apprenant (l'élève) va apprendre à travers cette formation à s'accepter tel qu'il est, à écouter les autres même s'ils ne partagent pas le même avis que lui et à recourir à la médiation en cas de conflit. Comme moyen de distraction, il est nécessaire, souligne la coordinatrice du projet, d'activer le théâtre et de permettre ainsi à l'élève de jouer des pièces théâtrales inspirées du vécu à l'école et faire passer le message de non-violence facilement. Il est aussi question d'inciter les apprenants à l'éducation physique pour se défouler librement. De même, il est prévu l'ouverture d'ateliers de dessin à travers lesquels les élèves auront un espace pour s'exprimer et innover. En prévention, cependant, de tout acte de violence, des cellules d'écoute seront installées et animées par des psychologues de la santé scolaire. Ces cellules auront la mission d'intervenir auprès des élèves qui montrent un changement de comportement inhabituel ou une activité excessive au sein de la classe. Comment reconnaître un élève à problème, Mme Mesbah explique que tout changement dans le comportement de l'élève doit être signalé par son enseignant ou le chef d'établissement ou le conseiller d'orientation pour que le sujet soit suivi par des spécialistes. Pour le directeur de l'Education, la volonté pour lutter contre la violence existe et tous les moyens sont mis en place. Reste la coordination entre toutes les institutions pour la réussite du projet. La défaillance d'un maillon dans la chaîne peut contrarier le bon déroulement de toute cette opération. «Il arrive que certaines institutions ne jouent pas le jeu et parfois les directives données par la direction de l'Education ne sont pas appliquées à la lettre au niveau des établissements scolaires et je suis obligé de faire le suivi et de sanctionner en cas de défaillance», dira le directeur.