C'est un troisième quinquennat chargé qui attend le président Abdelaziz Bouteflika, qui doit prêter aujourd'hui serment, après avoir remporté les élections du 9 avril. Les chantiers, comme les défis, sont encore nombreux pour un président qui veut marquer de sons sceau le retour à la paix civile dans une Algérie qui en a tant besoin. C'est d'ailleurs un des grands chantiers que s'est assigné Bouteflika: faire cessez définitivement le terrorisme avec une nouvelle mouture qu'il compte donner à son projet de réconciliation nationale. Les enjeux en sont énormes: il s'agit d'une part de replacer l'Algérie dans le giron international, ensuite de ne plus lui donner cette image repoussante d'un pays où la guerre «civile» reste larvée. C'est en tout cas une des promesses du président Bouteflika. Un chantier qui passe, cependant, par le rééquilibrage des grands indicateurs socio-économiques du pays. A commencer par la relance de l'emploi, la lutte contre la corruption et la relance économique. Bouteflika mettra, pour relancer la machine économique, près de 150 milliards de dollars sur cinq ans. Un programme économique qui devrait toucher tous les secteurs sensibles, avec en prime une amélioration des conditions sociales des Algériens. Vaste défi qui n'a pas encore été réalisé. En fait, le président Bouteflika compte poursuivre ce qu'il a fait durant son second mandat, à savoir la réalisation des grandes infrastructures, notamment dans le transport, les routes, l'agriculture ou les hydrocarbures. Des secteurs à fort potentiel financier et qui drainent de gros investissements. Mais qui assurent, particulièrement, une reprise de l'emploi, de la distribution des salaires, la consommation et l'épargne des ménages. En somme, une reprise des grands agrégats économiques qui devront être soutenus par une revalorisation des salaires. A l'international, le programme que devrait annoncer le président Bouteflika devrait être un approfondissement des relations algéro-françaises, basées sur un partenariat économique plus poussé, et une «vision commune» des intérêts stratégiques des deux pays au sein des grands ensembles politiques régionaux. La visite qu'il devrait effectuer en juin à Paris devrait en donner les grands contours. A l'échelle maghrébine, le président Bouteflika ne devrait pas faire l'impasse sur une question qui lui tient à coeur: dénouer l'écheveau dans la question sahraouie. Durant ce mandat, il est fort probable qu'il mettra toute son énergie pour convaincre tout le monde, notamment le Maroc, sur l'inutilité politique de la fuite en avant, au détriment des intérêts et de l'avenir de la population du Maghreb arabe. Ce sera en fait un de ses grands dossiers qu'il défendra auprès des partenaires occidentaux de l'Algérie, comme avec les deux parties concernées. C'est un fait que l'Algérie pèse sur ce dossier, mais dans le sens d'une plus grande ouverture diplomatique pour une solution démocratique de ce dernier conflit de décolonisation en Afrique. L'UMA, entité politique à la croisée des chemins, sera également au menu des préoccupations de Bouteflika qui voudrait, là aussi, remettre le train maghrébin sur rails. Avec l'Europe, il sera surtout question de retour de la diplomatie algérienne dont les appuis seront des contrats gaziers, pétroliers, les télécoms et dans les transports, notamment aériens. Il reste entendu que le président Bouteflika sera attendu sur deux importants volets: le coût social de la relance et le retour à la paix civile.