Le président Bouteflika a reconduit l'actuel gouvernement, dirigé par M. Ahmed Ouyahia. Tous les ministres ont été, également, reconduits à leur poste, sauf Boudjerra Soltani, qui avait déjà demandé à être déchargé de ses fonctions de ministre pour s'occuper des affaires de son parti. En fait, l'annonce de la reconduction, pratiquement in extenso, du gouvernement de M. Ouyahia, n'aura pas été une grande surprise pour les initiés, et particulièrement ceux qui ont suivi la campagne électorale du président. La reconduction du gouvernement Ouyahia par le chef de l'Etat est en fait logique par rapport à son programme, basé sur la continuité des projets lancés durant le second quinquennat. Une logique qui détermine également la politique du président Bouteflika en matière de gestion des grands dossiers du développement national qu'il compte accélérer durant son troisième mandat. Il y a aussi le volet politique et sécuritaire qui reste exigeant quant au personnel devant gérer le projet d'approfondissement de la réconciliation nationale et le retour définitif à la paix civile. Beaucoup de projets sont ainsi au menu de ce 3e quinquennat doté d'une impressionnante enveloppe financière: 150 milliards de dollars. En annonçant la confiance renouvelée dans le gouvernement Ouyahia, la présidence de la République a précisé également que les exigences internationales ont également pesé dans ce choix. «Compte tenu du calendrier international ainsi que des exigences internes, le chef de l'Etat a décidé de reconduire le gouvernement dans sa composition actuelle», indique la présidence de la République, précisant «à l'exception de M. Soltani Boudjerra qui quitte le gouvernement à sa demande». Il y a au moins deux lectures dans cette phrase: d'abord que le changement de gouvernement pourrait être opéré, mais pas avant trois mois au moins, du fait de voyages à l'étranger, notamment celui à Paris au mois de juin, du président Bouteflika. Ensuite que les ministres actuels doivent boucler leurs programmes pour le 1er semestre 2009, le gouvernement devant probablement aller vers un correctif budgétaire du fait de la dévaluation des cours du brut, soit une seconde loi de finances pour le second semestre qui irait avec un remaniement ministériel, au moins. Mais, grosso modo, le gouvernement annoncé n'est pas en contradiction avec tout ce qui a été développé durant la campagne électorale du président. Pour autant, il y a une grande déception dans les rangs des partisans du changement, même dans les travées proches du Président où l'on estime que tout le monde s'attendait à un changement de ministres, de gouvernement, même virtuel avec le départ de certains détenteurs de postes donnés archi-partants, notamment l'éducation, la solidarité nationale, les transports, pour ne citer que ces postes dont l'opinion publique s'attendait à changement. Le président Bouteflika a ainsi opté pour une équipe qu'il dirige depuis deux quinquennats, faut-il l'en blâmer, lui en vouloir de n'avoir pas mis du sang neuf dans sa mécanique ? Le fait est que, face au calendrier national et international, le choix aura penché pour le maintien d'un exécutif qui est là depuis plus de cinq ans au moins pour certains, et de plus de dix ans pour d'autres. Entre les deux tendances, il y a un programme économique et social ambitieux qui aurait mérité, selon des observateurs, un changement radical dans la manière de mener les réformes économiques prônées par le chef de l'Etat. Mais, les grands arbitrages en auront décidé autrement, même si l'éventualité d'un report du changement de gouvernement à la prochaine rentrée sociale n'est pas totalement à écarter. Pour l'heure, il y a de la déception, politique et sociale au sein des partis de l'opposition. Et au sein de l'opinion publique qui s'attendait à un changement radical dans la prise en charge de ses besoins sociaux, de ses revendications et de ses espérances.