Création de trois millions de nouveaux emplois, construction d'un autre million de logements, approfondissement de la réconciliation nationale, promotion des droits de l'homme, de la liberté d'expression et de la presse, modernisation de l'administration, approfondissement de la réforme de la justice et de l'école, poursuite de la lutte contre le terrorisme, création de quelque 200.000 PME sont quelques-uns des points exposés, hier, par le Premier ministre Ahmed Ouyahia à l'occasion de la présentation du plan d'action du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale (APN). «L'élection présidentielle du 9 avril dernier a vu la grande majorité du peuple saluer par la voie des urnes, les efforts menés par le président de la République, ainsi que les progrès qui en ont résulté dans de nombreux domaines», s'est félicité d'emblée le Premier ministre qui soutient que le programme proposé par le chef de l'Etat est un «programme de poursuite et d'approfondissement d'une reconstruction nationale profondément entamée». Le message d'Ouyahia est clair. Il semblait dire, à l'adresse de ses détracteurs, au sein même de l'hémicycle de Zighout Youcef, que peu importent les critiques puisque c'est le choix de la majorité du peuple qui a accordé un autre mandat au chef de l'Etat sur la base d'un programme et d'un plan quinquennal présenté tout au long de la campagne électorale. Globalement, Ouyahia s'est contenté hier de présenter les grandes lignes du plan d'action du gouvernement sans trop s'étaler, réservant ainsi ses explications aux députés qui seront sûrement nombreux à soumettre leurs questionnements sur le programme qui sera mis en application durant les cinq prochaines années. La réconciliation nationale, faut-il le souligner, figure en première place dans le plan d'action du gouvernement. Le Premier ministre a fait savoir que le gouvernement oeuvrera à «l'approfondissement de la réconciliation nationale, pierre angulaire d'une Algérie sereine». Cependant Ahmed Ouyahia, en parallèle, précisera clairement que cet «approfondissement» passera d'abord par «éliminer l'agression terroriste tout en gardant la porte ouverte devant ceux qui sauront revenir vers leur peuple». Ainsi la poursuite du travail sur la réconciliation nationale, en mettant notamment à contribution la mosquée, les médias, l'espace culturel ainsi que les compétences nationales, sera l'une des priorités du gouvernement. Le Premier ministre n'a pas précisé toutefois hier si cela va déboucher sur «l'amnistie générale» abordée par le président de la République lors de la dernière campagne électorale pour la présidentielle. Un plan de développement social en 7 points Par ailleurs, en matière de développement social, le plan présenté par le Premier ministre porte sur sept points. Dans le domaine de la santé, Ahmed Ouyahia a déclaré qu'il s'agira notamment de renforcer les programmes nationaux de médecine préventive, de rapprocher davantage les services de santé de la population tout en améliorant leur encadrement médical et paramédical, et de garantir le droit à la santé des démunis. Ouyahia précisera que l'industrie locale du médicament sera encouragée. Concernant le système national d'enseignement et de la formation, le chef de l'exécutif a indiqué qu'il poursuivra son amélioration par la voie des réformes et de l'extension des capacités d'accueil à tous les niveaux. «La place des disciplines scientifiques sera renforcée dans l'éducation nationale et l'université, alors que la promotion du statut de l'enseignement et de la formation professionnels sera poursuivie y compris dans de nouveaux encouragements aux stagiaires et des incitations aux opérateurs», a-t-il déclaré en soutenant que l'adaptation du système national d'enseignement et de formation aux besoins du développement sera également consolidé avec la généralisation de l'enseignement de l'informatique dans tous les établissements scolaires, universitaires et de formation professionnelle. Le Premier ministre a annoncé en outre qu'une enveloppe de 100 milliards de DA sera consacré par les pouvoirs publics à la recherche scientifique durant les cinq prochaines années. En troisième point, le gouvernement se fixe comme objectif, la réalisation de un million de logements ainsi que le raccordement des foyers ruraux au réseau d'électricité qui sera généralisé. Le taux de raccordement aux réseaux du gaz naturel sera porté à 55%, alors que le raccordement au réseau d'eau potable atteindra les 98% avec une moyenne quotidienne de 175 litres par habitant et enfin un raccordement de 95% des foyers aux réseaux d'assainissement, prévoit-on. En ce qui concerne la lutte contre le chômage qui figure en quatrième point dans le plan d'action du gouvernement, Ouyahia table sur la création de trois millions de postes de travail. Pour y arriver, il compte, d'une part, s'appuyer sur le programme d'investissement public qui sera mené et, d'autre part, sur les mesures annoncées par le chef de l'Etat en mars dernier pour faciliter aux jeunes l'accès au marché du travail ainsi que dans la création de leurs propres activités avec le concours des dispositifs de microcrédits. La jeunesse figure en cinquième point. Le Premier ministre dira que la réponse aux attentes de la jeunesse consistera en sa protection des fléaux sociaux, la réunion des conditions requises pour sa détente, la renaissance des compétitions sportives scolaires et universitaires, un meilleur soutien au mouvement sportif contre son engagement au profit des jeunes athlètes et de la prévention de la violence dans les stades ainsi qu'un «appui public» plus fort à l'élite sportive nationale. Abordant le sixième point, Ouyahia dira que le gouvernement veillera à promouvoir la justice et la protection sociale ainsi que la solidarité nationale. Il fera savoir en outre que la politique sociale de l'Etat à l'endroit des moudjahiddine et ayants droit conservera sa dimension particulière reflétant la reconnaissance de la nation. Il soulignera, par ailleurs, que la prochaine tripartite ainsi que la finalisation du processus des textes découlant du statut général de la fonction publique contribueront à l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés. Enfin, le dernier point concerne une démarche pour la promotion de l'islam, religion de l'Etat, ainsi que dans des mesures devant soutenir, affirme le Premier ministre, la renaissance culturelle, y compris à travers la production culturelle dans tous les domaines. Par ailleurs en matière de développement économique, Ahmed Ouyahia a tenu à rappeler devant les députés qu'une enveloppe de 150 milliards de dollars sera consacrée à travers un programme d'investissement public qui constituera, a-t-il déclaré, «un plan de charge exceptionnel pour les opérateurs locaux». «Le développement de l'agriculture et l'amélioration de la sécurité alimentaire du pays avec la mobilisation par l'Etat de quelque 1.000 milliards de DA», «la valorisation des ressources du sous-sol, la dynamisation de l'activité minière, le développement des énergies nouvelles», «la mise à niveau des entreprises publiques encore viables», «l'amélioration des conditions requises pour l'investissement, notamment par la modernisation du système bancaire et la dynamisation du marché financier», «la réorganisation des mécanismes publics de mise à niveau», «l'amélioration de l'environnement de l'entreprise notamment dans le secteur du tourisme en aménageant le foncier touristique» ainsi que «le développement de l'économie de la connaissance» sont autant d'arguments présentés par le Premier ministre et qui seront appliqués dans le cadre du plan d'action de son gouvernement. Ahmed Ouyahia conclut en faisant un appel aux cadres et agents de l'Etat, aux travailleurs, aux opérateurs économiques ainsi que l'ensemble des citoyens pour la réussite du programme du chef de l'Etat et «la réussite de nos efforts complémentaires à la construction de l'Algérie sereine et prospère».