Le président de la République a tenu hier la première réunion du Conseil des ministres depuis sa réélection le 9 avril. Plusieurs dossiers ont été examinés lors de cette première séance de travail qui a été inaugurée par la présentation du plan d'action par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Le président Abdelaziz Bouteflika a, à l'issue de l'exposé de la feuille de route, donné plusieurs orientations et fixé les priorités de l'heure. Il a, ainsi, exhorté l'équipe exécutive à mobiliser les moyens nécessaires pour la concrétisation de son programme et répondre favorablement à la confiance que le peuple a placé en lui. Il a estimé que cela est tout à fait possible au vu des moyens et des potentialités dont dispose notre pays et du chemin déjà parcouru. Le chef de l'Etat a rappelé, dans ce sens, que la confiance placée par le peuple dans le programme auquel il a démocratiquement accordé sa majorité le 9 avril, est l'expression d'espoirs et d'attentes auxquels des réponses doivent impérativement être apportées. «C'est là un objectif à la portée de notre pays, au regard des étapes déjà franchies dans la reconstruction nationale et des moyens dont nous disposons. Mais cela exige surtout une mobilisation et un engagement exemplaires du gouvernement ainsi que de l'ensemble des cadres et agents de l'Etat», a indiqué le président de la République. Un échéancier détaillé Il a donné des instructions aux ministres en vue de tracer des calendriers et de fixer les échéances pour la mise en application de ce programme. «A cet effet, j'attends du gouvernement qu'il soumette un échéancier détaillé pour la mise en œuvre des différentes actions consignées dans le plan d'action. Cela nous permettra de veiller à prévenir et à rectifier à temps tout retard constaté. Je tiens également à souligner que chaque membre du gouvernement devra assumer ses responsabilités et rendre compte de l'exécution du programme dans son secteur, qu'il s'agisse des actions de réformes et de modernisation, de l'amélioration du service public, de la lutte contre l'atteinte à la loi, y compris dans le champ économique, ou qu'il s'agisse de la prise en charge des différents volets du développement social. Nos délibérations futures nous permettront d'y veiller régulièrement et de près», a poursuivi le président de la République. Le président Bouteflika a instruit le gouvernement de préparer activement le projet de programme d'investissements publics pour la période 2010 à 2014. «Ce programme devra mobiliser rationnellement les ressources destinées à inciter le développement et la diversification de l'économie, à garantir la poursuite du développement social en veillant à la résorption des retards dans certaines contrées du pays, et à assurer enfin la pérennité de la politique nationale de justice sociale et de solidarité», a précisé le président Abdelaziz Bouteflika. Sur un autre plan, le chef de l'Etat a, enfin, demandé à son équipe de redynamiser le dialogue social et d'accélérer les préparatifs pour la finalisation des textes découlant du nouveau statut général de la Fonction publique, les mesures qui seront décidées en matière d'amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs, et dont les crédits requis devront être mobilisés dans la prochaine loi de finances. Plan quinquennal : paix et économie Le Premier ministre a exposé la feuille de route du gouvernement qui comprend les grands axes du programme présidentiel et surtout les moyens pour les mettre en exécution. Ce plan d'action s'articule autour de plusieurs aspects. Sur le plan politique, ce plan définit la démarche pour la consolidation de la paix et de la réconciliation nationale, le raffermissement de l'unité nationale, la promotion des libertés démocratiques, des droits de l'homme, de la liberté de la presse, ainsi que de l'égalité constitutionnelle entre les hommes et les femmes. Il expose également les mesures destinées au renforcement de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance, à travers la poursuite de la réforme de la justice, la modernisation de l'administration publique, la réforme des collectivités locales ainsi que l'amélioration de la gestion du territoire, du cadre urbain et de l'environnement. Sur le plan économique, le plan d'action énonce aussi les actions de nature à améliorer l'environnement économique, grâce à la modernisation du système financier y compris pour l'accès au crédit, le développement de l'offre foncière pour l'investissement, le renforcement des infrastructures de base ainsi que la modernisation des mécanismes de régulation et de lutte contre les fraudes. Le plan évoque, en outre, la démarche de développement et de diversification de l'économie nationale qui s'appuiera sur le programme quinquennal d'investissements publics à hauteur de l'équivalent de 150 milliards de dollars, offrant un plan de charge exceptionnel aux opérateurs, et qui tirera également profit de l'amélioration de l'environnement de l'activité au bénéfice des investisseurs, devant aboutir notamment à la création de 200 000 nouvelles petites et moyennes entreprises durant les cinq années. En outre, cet engagement dans le domaine économique sera accompagné de mesures incitatives dans de nombreux secteurs d'activité. La croissance et la diversification économiques contribueront à la lutte contre le chômage, laquelle mobilisera aussi d'autres mesures spécifiques de formation, recyclage et soutien aux microcrédits pour les personnes sans emplois et notamment les jeunes. Il est attendu la création de trois millions de nouveaux emplois durant les cinq prochaines années. Sur le plan social, ce plan d'action expose les politiques permettant la poursuite du développement humain dans ses diverses dimensions, dont la livraison d'un million de nouveaux logements durant les cinq années, la couverture des besoins sociaux de la population et l'amélioration des prestations, notamment dans les domaines de la santé et de la protection sociale, de l'éducation, de l'enseignement supérieur, de la formation, de la culture ainsi que de la jeunesse et des sports. Au plan international, le document présenté par le Premier ministre rappelle les principes et les objectifs qui guideront, sous la conduite du chef de l'Etat, l'action internationale du gouvernement ainsi que sa contribution à la modernisation du potentiel de défense nationale. Des prérogatives élargies pour la CNCPPDH Le Conseil des ministres a ensuite examiné et approuvé un projet de loi relatif à la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, présenté par le ministre de la Justice, garde des Sceaux. Créée en 2001, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme bénéficiera, en vertu de ce projet de loi, d'un renforcement de sa place et de son rôle, ce qui a conduit le chef de l'Etat à charger le gouvernement d'élaborer un projet de loi destiné à consolider son assise juridique ainsi que sa crédibilité au niveau international, notamment auprès du système des Nations unies. A ce titre, le projet de loi prévoit notamment une représentation plus large au sein de ladite commission, en y incluant, aux côtés des représentants de la société civile et des différents institutions et organes, des personnalités nationales indépendantes ainsi que des experts nationaux siégeant dans des organisations internationales des droits de l'homme. Conformément aux principes des Nations unies relatifs aux institutions nationales de promotion et de protection des droits de l'homme ainsi qu'à la pratique universelle, le projet de loi renvoie à un texte réglementaire les précisions relatives aux missions, à la composition ainsi qu'aux modalités d'organisation et de fonctionnement de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme qui demeurera placée auprès du président de la République, garant de la Constitution, des droits fondamentaux et des libertés publiques. Dans son intervention, le président Abdelaziz Bouteflika a relevé que l'élaboration de ce projet souligne l'importance que l'Algérie accorde à la question des droits de l'homme. «Le peuple algérien, attaché à ses propres valeurs, a versé des sacrifices lourds pour le recouvrement de son droit à la liberté. Dans l'indépendance restaurée il a, en permanence, érigé en priorité les droits des citoyens à la dignité, au développement et à la sécurité. Les mutations que l'Algérie a connues ces dernières décennies sont venues consacrer davantage le respect des droits et des libertés individuelles et collectives. C'est donc cet approfondissement de la promotion et du respect des droits de l'homme que nous nous sommes attelés à faire progresser tout au long de cette décennie, sur tous les fronts, à travers la consolidation de la sécurité et de la paix par la voie de la réconciliation nationale, la réforme profonde de la justice ainsi que les efforts de développement humain dans tous les domaines», a souligné le chef de l'Etat. En conclusion, le président de la République a invité toute la société à concourir à la promotion des droits de l'homme et au respect des droits et libertés individuelles, en veillant à la prise en charge des devoirs de chaque citoyen et en réhabilitant dans tous les domaines, l'esprit civique, l'intérêt général et la citoyenneté. C'est ce qu'a d'ailleurs confirmé Farouk K'sentini dans notre édition d'hier, où il a démenti la dissolution de la commission et a affirmé le non-changement de son statut. Le changement réside, selon lui, dans la désignation par le chef de l'Etat de six nouvelles personnalités nationales, ce qui permettra d'avoir plus de poids et d'être plus en conformité avec les principes du texte fondateur du comité international de coordination des institutions nationales des droits de l'homme. Grippe «A» : un plan de prévention mis en place Le Conseil des ministres a, par ailleurs, entendu et débattu une communication du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière sur les mesures préventives prises pour faire face à la menace de grippe «A», apparue dans le monde. En affirmant qu'aucun cas n'a été décelé dans notre pays, le gouvernement s'est attelé, conformément aux directives de Monsieur le président de la République, à prendre toutes les mesures préventives requises face à cette menace sanitaire, et ce, depuis l'annonce par l'Organisation mondiale de la santé, le 24 avril, que la grippe dite A (H1N1) constituait une urgence de santé publique. Le ministre a précisé que ces dispositions préventives, adaptées à la phase 5 d'alerte décrétée par l'Organisation mondiale de la santé, consistent actuellement en un contrôle et une veille sanitaires aux postes d'entrée en Algérie par voie aérienne, maritime et terrestre, la mise en place de cellules d'alerte et de suivi, sous la direction des autorités sanitaires et des walis, tant au niveau central qu'au niveau local, ainsi que la préparation des structures de santé publique à travers le pays à pouvoir faire face au traitement de tout cas qui viendrait à être suspecté ou constaté. Sur un autre chapitre, des séminaires d'information et de mise à niveau ont également été organisés au profit des responsables et médecins mobilisés dans ce cadre préventif. Les équipements et les consommables médicaux sont disponibles dans le pays, en quantité suffisante, sous le contrôle de la santé publique. Il en est de même de la disponibilité d'un stock de traitement antiviral (Tamiflu), de l'ordre de 6,5 millions de doses, en conformité avec les normes de l'Organisation mondiale de la santé qui prévoient un ratio préventif équivalent à 20% de la population. En parallèle, une campagne d'information et de sensibilisation est déployée en permanence en direction de l'opinion publique, alors que des cellules d'écoute et de veille ont été installées au niveau de l'administration de la santé publique. Le président de la République a relevé que les mesures arrêtées et les stocks de moyens et de traitement antiviral constitués lors de la menace de grippe aviaire, il y a trois années, permettent aujourd'hui à notre pays de faire face à cette nouvelle menace sanitaire apparue dans le monde. Le chef de l'Etat a instruit le gouvernement à renforcer rationnellement les stocks pouvant s'avérer utiles devant cette nouvelle situation qui doit être suivie au quotidien. «Les services de contrôle et d'intervention concernées doivent également approfondir leur maîtrise des procédures et leur coordination, notamment en prévision de l'augmentation du nombre des visiteurs durant la saison estivale. En outre, le gouvernement doit veiller à maintenir et à développer la coordination avec l'Organisation mondiale de la santé ainsi qu'avec nos partenaires internationaux, au premier chef, les pays voisins», a précisé le chef de l'Etat. «En tout état de cause, aucun effort ni moyen ne doit être négligé dans la vigilance sereine que nous devons maintenir pour garantir la protection de la santé de nos citoyens face à cette menace d'épidémie nouvelle, qui retient l'attention de toute la communauté internationale», a conclu le président de la République.