Les médecins légistes aspirent à un statut particulier. Pour cela, ils se prévalent de la «spécificité» de leur métier, l'interface hôpital-tribunal. Cette ambition, les professionnels l'ont bien formalisée dans leur motion de recommandations à l'issue de la conférence internationale sur «La médecine légale : situation et perspectives», clôturée jeudi à l'EHU d'Oran. Le bilan de santé de la profession médico-légale, fait par la corporation elle-même, relève quelques dysfonctionnements, parmi lesquels, sur le plan structurel, un déficit en effectif au niveau national et une mauvaise répartition géographique des 200 blouses blanches activant dans les services médico-légaux des différents hôpitaux de l'Algérie : 80% de l'effectif exercent au nord du pays, avec une surconcentration à Alger (50%). Thérapie recommandée par le président de l'Association nationale des sciences de la médecine légale, le Pr Madjid Bessaha : adopter un statut particulier, renforcer l'effectif, rehausser le niveau de formation, rééquilibrer le système de distribution par une répartition suivant les besoins des tribunaux et non en fonction des hôpitaux. Sur l'agenda de cette organisation professionnelle, deux rendez-vous internationaux : une réunion de l'Union arabe de médecine légale et une autre de l'Union islamique de médecine légale, prévues toutes les deux en Algérie en avril 2010. La même organisation compte saisir l'opportunité de la prochaine rencontre de l'Académie méditerranéenne de la médecine légale, prévue à Lille (France), pour poser sa candidature à l'accueil courant 2011 d'un séminaire concernant les médecins légistes francophones. Les communications orales, une cinquantaine, se sont déroulées dans deux amphis, A et B. Le hall attenant aux deux salles de conférences a fait office d'exposition, à coups d'affiches et de labos technico-didactiques. De tous les stands, celui que s'est offert la police scientifique de la DGSN en était le plus grand, le plus consistant aussi. Parmi les conférences qui ont particulièrement attiré l'attention de l'auditoire, celle de la Suissesse Dr K. Michaud, du Centre universitaire romand de médecine légale de Lausanne, intitulée «Apport de la virtopsy en médecine légale». A l'aide d'images correspondant à des cas réels à l'appui, la conférencière a donné un aperçu sur l'autopsie par scanner. Cette technique d'imagerie post-mortem, outre sa vertu d'«autopsie intime», s'avère parfois incontournable, lorsque, par exemple, le cadavre se trouve dans un état extrêmement difficile à autopsier physiquement. Elle a cité le cas d'un corps retrouvé empaqueté dans une mallette enfouie sous terre, sur lequel une autopsie virtuelle concluante fut opérée par son équipe. Les images ont été envoyées par la suite au tribunal. Mais cette technologie, a précisé la scientifique, a ses limitations et ne peut en aucun cas remplacer l'autopsie classique. La communication du professeur allemand H. Vogel, de l'Institut médico-légal de l'Université de Hambourg, elle aussi a mis en haleine médecins, magistrats, avocats et policiers scientifiques. Dans un style de vulgarisation simple et plaisant, amusant par moments, H. Vogel a axé sa conférence sur le contrôle du déplacement des personnes par les rayons X. Non sans prodiguer, à la fin, aux femmes présentes le conseil suivant : «Donc, comme vous venez de voir par vous-mêmes, ne voyagez jamais par l'aéroport de Bruxelles avec une grenade sous le corps ! Vous n'aurez aucune chance de passer sous le nez des rayons X». Sur le thème «Médecine légale judiciaire», plusieurs conférences ont été données. L'on peut citer : «Violences conjugales, aspect médico-légal» (Dr Boumeslout, CHU d'Oran), «Violences faites aux enfants» (Dr Miloud F., hôpital de Zéralda), «Découverte de cadavres de nouveau-né» (Dr Mechri, CHU d'Oran).