Il est des hommes, même des grands qui, après toute une vie de don et de labeur, disparaissent et dont on n'entend que leur entourage immédiat. Il est des enfants qui n'ont eu le temps ni de prendre, ni de donner, ni même d'être quelque chose et dont la disparition est aussitôt apprise par la planète. Non, ce n'est pas Dieu qui fait cette différence entre ses créatures. Ce sont les hommes eux-mêmes qui s'en chargent. Le monde vit, depuis quelque temps, des changements bizarres. Et, plus que tout autre domaine, celui de la politique est à même d'en procurer les exemples les plus édifiants. Depuis que l'humanité est là, les fonctions pour lesquelles les hommes sont élus ou désignés sont personnelles et uniquement personnelles. La famille n'entre ni dans les prérogatives ni dans les privilèges conférés par les fonctions. Au plus haut degré, nous pouvons rappeler tous les noms qui viennent à l'esprit. Il n'y a que de nos jours que les enfants, les épouses, les neveux, les petits-enfants... sont mêlés aux affaires de l'Etat. Depuis quand l'élection d'un homme servait de prétexte à la montée d'une lignée de privilégiés ? Depuis quand la désignation d'un autre lui donne-t-elle le droit de hisser les siens aux postes et aux commandes ? Ils sont là, sans rien de particulier à profiter de ce à quoi ils n'ouvrent point droit. Des enfants, à peine atteignant la puberté, occupent des postes que de vieux routiers de l'administration hésiteraient mille fois avant de les occuper. Des adolescents, bébêtes et immatures, sont installés à la tête d'entreprises de grande envergure. Des bébés qui jouent encore à compter leurs doigts sont chargés du destin des secteurs les plus vitaux. Avec des scandales à la carte, bien sûr, et à chaque fois des promotions pour postes plus grands. D'où viennent-ils ces intrus qui empoisonnent la vie de sociétés entières. De quelle lignée descendent-ils ? Nombreux, d'entre eux, sont ceux qui se dépêchent de cacher leur véritable appartenance sociale. Un oncle, un frère, un père, une nièce... tout passe et tout est bon pour la promotion familiale. Aujourd'hui on en est encore à plus ridicule. Des enfants endeuillent des pays entiers. Des enfants qui, sur le plan fonction, ne signifient absolument rien pour ces pays. Où va donc le monde ? Il n'y a pas que chez une certaine partie de l'humanité que cela se passe. Chez les autres aussi. Depuis que plus rien ne se cache, on voit que même chez ceux qui aiment donner des leçons d'une certaine démocratie, les enfants, les petits-enfants, les neveux, les nièces bien sûr, mais aussi les femmes, les oncles... tout ce beau monde, ça compte !