Des enquêteurs travaillant pour le compte du ministère de la Santé ont découvert que plus de la moitié des Algériens sont propriétaires de leurs logements, alors qu'une infime proportion est locataire chez l'Etat. Présentés hier, les résultats de la troisième enquête nationale à indicateurs multiples (MICS3), commandée par le ministère de la Santé, révèlent que 62,2% des Algériens sont propriétaires de leurs logements, dont 58% en milieu urbain, alors que le taux en zone rurale est de 68%. Des chiffres qui révèlent cette tendance particulière de la société algérienne basée sur la notion de propriété, de l'habitat d'abord, de la terre et des biens fonciers et immobiliers. En outre, 12% des quelque 35 millions d'Algériens sont copropriétaires de leurs logements, que ce soit en zone rurale ou urbaine. Selon M. Merouane Benaouali, chef de cabinet du ministère de la Santé, cette enquête intervient dans le cadre de la recherche de l'application des objectifs du millénaire. C'est la troisième du genre, après celles de 1995 (MICS1) et de 2000 (MICS2). «Il y aura une quatrième enquête dans trois ou quatre ans», a-t-il précisé au Quotidien d'Oran. L'Algérie, selon M. Benaouali, est le 50e pays qui réalise une telle enquête sur la population et l'habitat, réalisée conjointement par le ministère, l'ONS (Office national des statistiques) et les organisations de l'ONU, l'UNICEF et le FNUAP. L'enquête, réalisée entre 2006 et 2008 auprès d'un échantillon de 30.000 personnes, montre que 8,7% des Algériens sont des locataires auprès de l'Etat, 12% auprès de particuliers et 4,4% sont logés gratuitement. Plus de 50% des ménages (55,4%) habitent des appartements de deux à trois pièces, une norme devenue classique dans la configuration des logements actuellement construits en Algérie, avec une proportion de 58% en milieu urbain et 51,9% en zone rurale. Par ailleurs, l'exiguïté des logements en Algérie est mise en évidence avec une proportion de 24,3% des Algériens qui habitent des logements de 4 à 5 pièces, alors que le nombre de personnes par ménage est en moyenne de 4 à 6. D'autre part, les maisons individuelles et les villas constituent le type de logement le plus répandu en Algérie, et ce quel que soit le milieu de résidence (48%), alors que les maisons traditionnelles arrivent en seconde position avec plus du quart (25,6%). Ce type d'habitat est en fait très répandu en zones rurales et dans les villages où les familles algériennes préfèrent ne pas rénover leurs vieilles demeures au profit de constructions boulimiques en terrains d'assiette et onéreuses. La lecture de ces chiffres donne par ailleurs un autre aspect de la question urbaine, car au moment où, selon certains chiffres, on s'inquiète de l'endettement des ménages algériens pour accéder à un logement, on découvre, au détour d'une enquête menée par des organisations onusiennes, une face cachée de la problématique du logement en Algérie. Il est vrai que l'habitat précaire, selon l'enquête, reste important, avec 4,6% des ménages enquêtés, mais une proportion de plus de 62% d'Algériens possédant leur logement (tous types confondus) est une donnée nouvelle dans la configuration actuelle de la société algérienne. Comme il est vrai que les différents programmes d'accès au logement (EPLF, OPGI...) ont donné la possibilité aux Algériens d'acheter par différentes formules leur logement. Mais même si la crise du logement reste encore loin d'être résolue, avec une nouvelle crise urbaine qui pointe à l'horizon sur fond de marasme social et de chômage croissant, il y a également le fait que, et cela l'enquête ne le dit pas, une très grande proportion d'Algériens est lourdement endettée et s'est appauvrie pour avoir accès à un logement décent. Est-ce cela le revers de la médaille de chiffres qui méritent d'être corrélés, sinon croisés avec d'autres variables sociales ?