C'est avec une grande consternation que la famille de l'éducation, mais aussi celle de la presse locale, a appris le mercredi dernier le décès à l'âge de 68 ans de Sid Ahmed Cheloufi, doyen des correspondants, correspondant du Quotidien d'Oran. Le défunt avait dû subir il y a quelques jours une opération ambulatoire de l'hernie avant de faire un AVC suivi d'un coma qui lui sera fatal. Fils de feu Mohammed, marchand de légumes (sur la place d'El Medress), et de feu Tabet Aouel Kenza, Sid Ahmed Cheloufi est né le 3 juin 1941 à Sid El Haloui au lieu-dit Djenane Belarbi avant d'habiter à Derb Sensla (Qa'Chkara) dans la maison des Tabet. Il fréquenta l'école de la gare chez Bedrane, puis le collège De Slane de Tafrata et enfin le lycée Dr Benzerdjeb de Sidi Chaker. A 18 ans, Sid Ahmed Cheloufi était déjà instructeur en poste à Ghazaouet entre 1956 et 1958. «Mon directeur (français) m'estimait beaucoup mais dès qu'il apprit l'arrestation de mon frère Ghouti qui était fidaï, il changea d'attitude envers moi..», devait-il confier de son vivant à son cousin Tabet Aouel Ghouti. Pendant la guerre de libération nationale, il était le «katib» de Ali Belhadj qui fut remplacé par Si Ghouali Mohamed alias Bellahrèche (le père de l'actuel recteur de l'UABT), responsable du «markez» de Sid El Halloui où les gens instruits se comptaient sur les bouts des doigts puisqu'ils étaient au nombre de trois, à savoir Cheloufi Sid Ahmed, Kissi Mohammed et Belmimoun Mohammed (ex-DTAP). Après l'indépendance, il enseigna à l'école Bel Air (1964) puis à l'école Pasteur (de 1965 à 1969) où fut célébré son mariage (17/08/1969). Au mois d'octobre 1969, il lança le centre culturel du parti situé au rez-de-chaussée de l'immeuble Mellis et transformé aujourd'hui en commerce. Un détachement éphémère puisqu'il fut l'objet d'une mutation, motivée par ses écrits, à Relizane où il occupa le poste de surveillant général (1970-1974) qu'il exerça aussi à Aïn Témouchent (1975) avant d'atterrir à l'école normale sise à la medersa qui sera transférée à l'ITE de Bab Wahran avec la même fonction aux côtés de Hamou Lalout, Benzineb Fethi et Mme Benamar, tous sous la houlette de Kamel Brixi. Il prit ensuite les rênes du CEM Mohammed Dib de Sebdou (1978-1980), une région déshéritée à l'époque, assisté de M. Benhamou (surveillant général) et M. Younès Abdelhafid (intendant). A Hennaya, il fut directeur de CEM pendant 10 ans (1980-1990) avant de rejoindre l'académie (aujourd'hui la direction de l'éducation) où il occupa successivement le poste de sous-directeur du personnel et chef de service progression et suivi (SPS). «J'ai choisi l'administration, il va falloir la servir», disait-il à son collègue M. Bouabad Mustapha qui ne manquera pas de louer les vertus du défunt. «C'était un éducateur jusqu'au bout des ongles», témoignera son cousin Sid Ahmed Medjadi, un ancien cadre de l'éducation. C'est 1995 qu'il prit sa retraite pour ouvrir une petite librairie dans le quartier résidentiel Les Dalias-Kiffane qu'il baptisa Librairie du Technicum. Une manière de ne pas rompre le lien ombilical avec sa famille, celle de l'éducation en l'occurrence. En effet, c'était un lieu de rencontre d'intellectuels et hommes de culture. Affable et jovial, il lui arrivait d'oublier le comptoir pour s'adonner à une discussion passionnée avec un client ou un ami de passage ou se reconvertir carrément en «précepteur» bénévole pour les enfants du quartier. Lors de la veillée funèbre, l'ex-maire de Tlemcen Boudia nous apprendra que le défunt lui avait annoncé quelques jours avant sa mort: «Je vais fermer une semaine mais ne crois pas que je vais partir en Espagne...». Une plaisanterie prémonitoire ? A ce titre, son parcours est jalonné de repères divers. Tout jeune moniteur dans un camp de colonie de vacances à Castiglione (Bousmaïl aujourd'hui) à Alger, avant l'indépendance, il fit la connaissance d'un Français féru d'histoire, Claude Pierre, qui sera le coordinateur des coopérants français en Algérie. Juste après l'indépendance, Sid Ahmed commit la «maladresse» de l'inviter chez lui à Sidi El Halloui. Un geste qui lui valut une convocation du «Makteb» du FLN, selon son frère Hocine, cadre de la DJS (CREPS) à Oran. Ce dernier se rappelle aussi le cadeau que lui offrit le défunt à l'occasion de l'obtention de son BEPC en l'emmenant voir le match «historique» Algérie contre le Brésil auquel assista le président Ahmed Ben Bella qui inaugura par ailleurs un pont situé entre Aïn Témouchent et Oran, se souvient Hocine. C'était un 17 juin 1965. Avant d'embrasser la carrière d'enseignant, Sid Ahmed exerça comme saisonnier (chargé des achats) à l'hôtel Moghreb puis guichetier à la poste, nous renseignera son frère Mustapha, fonctionnaire à la wilaya, qui ajoutera dans ce contexte: «Depuis la mort en 1964 de notre père Mohammed, légumier de son état, c'est Sid Ahmed qui nous a pris en charge (sa mère, sa soeur et ses 4 frères, ndlr), c'était le soutien de famille par excellence... »